De Profundis

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Quartiers Nord de Sotchi

16 février 2014
Peu avant l'aube


Chaque fois lors des précédentes journées, que Maria avait cherché à découvrir le lieu d'où provenaient, et où se rendaient, les vampires du clan de la Mer Noire, elle s'était heurtée au même mur : la banlieue nord de Sotchi, une zone assez vaste et dépourvue de caméras.

C'est là qu'ils disparaissaient toujours : dans des rues hétéroclites, où des bâtisses anciennes se mêlaient à des constructions des années 50. L'endroit, dénué de caractère, pauvre et mal entretenu, faisait partie des quartiers les moins fréquentables de la ville, ce qui expliquait la faible surveillance.

Cependant, grâce aux hybrides - les fameux touristes norvégiens transformés par le vampire Radu Basarab - l'attention de Célia et Maria s'était portée sur un parc qui jouxtait ces vieilles ruelles. Le parc lui-même n'était pas du tout quadrillé par le réseau de surveillance, ce qui en faisait un bon candidat pour abriter l'antre des vampires.


Célia Vingam et Sergi Guerra se rendirent là-bas, vers la fin de la nuit. Le parc se situait à l'extrémité nord de la ville. Il devait être six heures trente du matin. L'aube ne pointait pas encore, mais elle ne tarderait pas. Bien sûr, attendre le lever du jour n'était pas en soi une assurance que les vampires dormiraient. Sous terre, puisque c'est vraisemblablement là qu'ils se dissimulaient, la lumière du jour n'avait pas cours, ainsi donc, ils ne subissaient jamais les faiblesses qui lui étaient associées. Cependant, l'approche de l'aube était pour les deux aventuriers au moins la garantie que si les choses tournaient mal en extérieur, ils n'auraient pas longtemps à attendre avant le lever du jour.

Le parc était humide, des odeurs de rosée salée et des flaques de brumes remplissaient ses allées pâles et désertes. La végétation même en plein hiver était luxuriante : pins et cyprès dans les hauteurs, lauriers roses à feuilles persistantes donnant de la couleur aux buissons vivaces au niveau du sol.

Célia dans sa robe de guerrière turque, et Sergi harnaché de plusieurs armes, un pieu de bois moderne, effilé, dans la main, atteignirent un buisson touffu à l'intérieur duquel Célia ressentait des émanations caractéristiques des vampires. Plus exactement, de goules. C'était des mélanges de sang, de salive et d'urine, au musc très fort. Même si l'odeur était différente des goules américaines, elle se doutait de ce qu'ils allaient trouver à l'intérieur du buisson.

La première chose qu'ils virent en pénétrant dans les feuillages épais, ce fut un petit autel orthodoxe, une sorte de vestige du passé, dont la surface était couverte de cierges éteints, d'icônes délavés, et d'une grande croix en argent.

Cette apparition troubla Sergi, qui n'avait jamais réussi à se défaire de l'imaginaire collectif, dans lequel les vampires étaient des créatures maudites, contre nature, dérivées de Satan. Autrefois la religion semblait seule à posséder le pouvoir de les combattre, peut-être cela expliquait-il cet imaginaire autour du crucifix et de l'eau bénite. Mais le fait est que si les vampires pouvaient être qualifiés de monstres, ils n'étaient pas pour autant des créatures du mal, et n'avaient pas de lien avec le diable.

Avant tout, les vampires étaient une espèce, à part entière, au même titre que la race humaine. Si bien que les symboles religieux relevaient plus du folklore que d'une quelconque réalité. Lors de ses investigations passées, notamment au Vatican, il avait même pu découvrir que les Vampires, parfois, se cachaient dans des lieux religieux.

Célia quant à elle ne s'occupait pas de l'autel orthodoxe. Elle avait repéré trois goules dans le buisson, et s'était aussitôt chargée de leur sort. Les créatures avançaient déjà dans sa direction, contrôlées par elle, comme des insectes attirés par la lumière.

Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en  coursWhere stories live. Discover now