*40*

3 0 0
                                    

Une semaine plus tard...

La semaine a été rude. J'ai dû énormément travailler pour la fac afin de rattraper le retard que j'ai accumulé. Le retour de Valentin m'a plus bouleversé que je ne l'aurai cru. Sa réapparition soudaine a déclenché une valve de cauchemars tous plus puissants les uns que les autres. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis réveillée en sursaut dans la nuit. Mes cris ont réveillé plus d'une fois Chayse et mes frères. Ils ont tous débarqué dans ma chambre chacun leur tour. Mes frères se sont relayés pour rester à mes côtés le temps que je me rendorme. Autant dire que nous avons tous très mal dormi cette semaine et nous sommes donc tous de mauvaise humeur. La fatigue commence à me rendre de plus en plus irritable. Je suis parvenu à aller à mon rendez-vous chez le psy. Cela me fait le plus grand bien de parler de ce que je ressens ainsi j'arrive à mettre des mots sur des émotions. Je ne parviens toujours pas à parler de ce que Valentin m'a fait. Je sais que la cause de mes cauchemars est son retour, mais dire à haute voix tout ce qu'il m'a fait serait comme les rendre encore plus réel. Je sais que je ne fais que retarder le moment fatidique et que c'est seulement en en parlant que mes cauchemars diminuront.

Je reviens à moi quand une voix indique comment faire correctement un muscle. Le cours que j'ai aujourd'hui consiste à dessiner au crayon le corps d'un homme entièrement nu. La faculté engage des mannequins pour poser nu pendant que nous devons les dessiner. Je n'ai jamais été très fan de travaux impliquant des personnes. Je déteste avoir à travailler sur des visages et encore plus sur la morphologie des humains. Pourtant, je n'ai pas vraiment d'autre choix. Ce cours est obligatoire pour valider ma deuxième année. L'homme en face de nous est plus âgé que nous. Je dirais entre 25 et 30. Il est typé australien avec des cheveux mi-longs et blond. Sans compter que cet homme est plutôt bien battit. Je comprends facilement pourquoi la faculté l'a engagé. Sa carrure est très bien marquée. De large épaule, des abdos tracés à la perfection, des cuisses musclés, et des fesses bien rebondies, il est évident que cet homme est sportif.

J'ai à peine tracé les traits de base de cet homme. Je tente de me reconcentrer sur mon croquis. Je dois encore ajouter quelques formes avant de travailler la profondeur du corps. Je trace mes traits alors que je sens le professeur passer derrière moi. Je respire calmement et continue de dessiner. Je jette plusieurs fois un coup d'œil au modèle. Ses cheveux sont légèrement ondulés. Mon trait se fait plus fin et plus léger. Je regarde encore une dernière fois mon croquis et le modèle. Une fois satisfaite, je change de crayon pour prendre plutôt un fusain noir. Nous ne pouvons utiliser que la couloir noir dans notre oeuvre. Je sens toujours la présence du professeur dans mon dos. Mais qu'est-ce qu'il peut bien me vouloir celui-là? Je respire et je me concentre sur ce que je fais. Je laisse mes émotions prendre le dessus. Un bon artiste est un artiste qui se livre, qui donne une partie de son âme. Un bon artiste est celui qui peut faire ressentir des émotions avec de simples coups de crayon. Je tente de faire ressortir les caractéristiques de l'homme en face de moi. Je me laisse absorber par mon dessin. Cependant, malgré tous les efforts que je fais, mes pensées dérivent vers Chayse. Ma haine à son égard n'a pas diminué. Je le revois en permanence avec cette blonde dans son lit. Je n'ai pourtant aucun droit d'être jalouse. Nous ne sommes jamais rien promis pourtant je suis folle de rage. Comment ai-je pu être aussi conne de croire qu'un homme comme lui aurait pu s'intéressé à une femme comme moi. Je suis brisée, détruite par la vie, avec des défauts que je parviens pas à tenir sous contrôle. Tant que je ne serais pas guérie entièrement de mes blessures passées, je ne pourrais pas envisager de me donner à nouveau à un homme. Surtout un homme tel que Chayse. Il pourrait avoir n'importe qui. C'est un bel homme s'est indéniable mais il a surtout un charisme fou, un sourire qui pourrait pervertir la plus pieuse des nonnes, une aura aussi attirante que dangereuse et une morphologie à son avantage. Qui refuserait de sortir avec le bad boy par excellence ! Mon crayon est suspendu au-dessus de ma feuille. Mon professeur se racle la gorge. Je me reprends et continue de tracer des traits sur ma feuille.

Mademoiselle King, je vous conseille de vous concentrer sur ce que vous faites, dit le professeur en s'éloignant. Vous viendrez me voir à la fin du cours.


Je soupire. Il faut toujours que je me fasse remarquer. Je lève les yeux et croise le regard rieur du modèle. Il me veut quoi celui là. J'entends même le ricanement de certains de mes camarades. Ils sont beaucoup à vouloir me voir échouer. Je n'ai pas le droit de leur donner satisfaction. Je dois absolument réussir. Je suis une King et les King n'échouent jamais. Je déglutis avant d'inspirer pour me redonner constance et je me penche à nouveau sur mon travail. Il n'est pas né celui qui me démotivera ! Je me concentre et laisse le crayon survolé ma page. Je trace, efface, estompe, corrige, accentue. La remarque du professeur a eu le mérite de me remotiver. Je passe toute la fin du cours à ne penser qu'à mon œuvre. Chayse disparaît automatiquement de mes pensées, remplacé par mon désir de réussir et de prouver à tous ces crétins que je mérite ma place dans cette école et que je vaux mieux qu'eux.

A la fin du cours, le professeur ramasse nos œuvres et les affiches. Le modèle semble ravi de se voir dessiner sous tous les angles. Le professeur lui demande de choisir lequel il préfère. L'australien semble réfléchir avant de désigner le mien. Le professeur nous demande alors qui l'a réalisé et tous mes camarades se tournent alors vers moi. Je rêverais de disparaître sous terre. Le cours prend fin et alors que je meurs d'envie de m'enfuir à toutes jambes, je suis retenu par le professeur.

Je dois dire que je m'inquiète pour vous mademoiselle King, commence-t-il. Enfin, je m'inquiétais. Je trouvais que votre niveau avait baissé mais avec votre performance d'aujourd'hui, je suis rassuré.


Je hoche la tête.

Je suis désolée monsieur, ça ne se reproduira plus. J'ai eu quelques problèmes personnels mais je vais faire en sorte que cela n'impacte plus mes cours.


Il semble satisfait de ma réponse et me dit que je peux y aller. Je ne me le fais pas dire une deuxième fois et je sors en vitesse sans demander mon reste. La tête baissée, je ne me rends pas compte que quelqu'un est posté devant la porte. Je percute une montagne de muscles et manque de tomber. Un bras puissant me retient et me tire vers lui. Je lève les yeux et tombe nez à nez avec le modèle du cours. Il s'excuse d'avoir manqué de me faire tomber puis me propose de me raccompagné à ma voiture. Je vais décliner mais il attrape mon sac et le jette sur son épaule.

Ça nous donnera l'occasion de faire connaissance toi et moi, sourit-il.


Je soupire n'ayant pas vraiment le choix et lui indique la direction. C'est plutôt lui qui fait la conversation et moi qui répond laconiquement. Une fois arrivé au parking, je lui désigne ma voiture du doigt et je vois ses yeux s'illuminer. Alors qu'il allait parler, j'aperçois du coin de l'œil Chayse qui se dirige vers nous. 

Faux airWhere stories live. Discover now