...Sekani me sort...

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Sekani me sort de mon sommeil sans rêve en me secouant l'épaule, le soleil n'est pas encore levé et une brume épaisse brouille le ciel.
Je sens mon corps alourdi, lutter pour sortir de son engourdissement mais en observant le reste du groupe, je constate que les effets de la fatigue s'en prennent à tout le monde.
Sekani à des cernes épaisses et luttent pour maintenir ses yeux ouverts derrière ses lunettes sales au verre brisé. Tara baille constamment et se tient le ventre comme si cela pouvait l'aider à lutter contre la faim. Quant à Yemaya, son silence en dit long.

Peut être évocateur d'une nouvelle crise.

Je soupire et puise dans mes dernières forces pour me redresser . Je tend la main pour récupérer mon sac avant de me rappeler que nous n'avons plus rien à part nos vêtements.
Mon estomac se tord violement et je prends une minute pour reprendre de la contenance, avant de suivre les autres, déjà loin devant.

Quelques animaux crient au loin, sans jamais se rapprocher et seuls nos pas lourds sur le sol résonnent dans la nuit. Mes yeux se ferment par moment et je dois lutter pour ne pas m'écrouler de fatigue. Ma langue est patteuse et par reflexe je cherche à l'humidifier, mais je n'ai plus assez d'eau.

Même plus assez de salive.

Tara chancèle près de moi et se rattrape de justesse, je n'ai même pas la force d'esquisser un mouvement pour l'aider, je me contente de tourner la tête vers elle.

— Ça va aller, lui dis je d'une voix rauque.

Elle ne me réponds pas, peut être n'a-t-elle même pas entendu.

Quand le soleil fini par se lever, c'est un calvaire, ses rayons attaquent nos peau desséchées et nous déshydratent encore plus. je sens mes muscles se racornir contre mes os et mon cerveau se mettre en veille. Je suis désespérée d'une goutte d'eau, une seule, potable ou non ça n'a plus aucune importance. J'essaye de concentrer mon attention sur la route, mais les illusions de flaques d'eau brillant sur l'asphalte ne m'aident pas. J'ai beau savoir que c'est faux, mon corps tout entier me urge d'y aller. Quand j'essaye de porter mon attention sur les autres, leur état ne me rassure pas. Sekani semble être le plus reveillé, mais son angoisse est presque palpable, ses regards furtifs sur la carte tressée dans les cheveux de ma sœur, me font deviner que nos réserves d'oxygène ne vont pas tarder à se tarir. J'aimerais réagir autrement qu'en clignant des yeux, mais toute mon energie est concentrée dans le seul fait de me faire avancer.

De survivre.

**

On s'arrête et dors quelques heures. Plus personne ne parle, le silence est notre seul compagnon.

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On marche. On ne peut faire que ça.

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On trouve un abri. On dors. Nos corps commencent à nous lâcher.

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On marche encore. Difficilement, mais on avance.

**

Je n'ai plus la notion du temps, je ne sais pas depuis combien quand on marche quand je trébuche sur une pierre et que je m'écroule par terre.

Plusieurs heures, peut-être plusieurs jours.

Mes pieds sont douloureux, mon estomac aussi, j'aimerais rester allongée là et ne plus me relever. Malgré tout, je fais un effort, luttant contre mon corps chancelant et menaçant de me lâcher. Je prend une grande bouffée d'oxygène pour me redonner de la contenance et même s'il en reste encore, je sens les réticences de la capsule.

ALKEBULAN T.1.Le cœur du mondeWhere stories live. Discover now