...les mots de madame Konaté restent...

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Les mots de madame Konaté restent imprégnés dans mon cerveau. Impossible de me débarrasser de sa voix grinçante me susurrant des choses impossibles. Le soleil me chauffe le haut du crâne accompagnant une migraine désagréable. Je souffle dans mon masque, me sentant de plus en plus mal à l'aise et oppressée dans ce marché bondé de monde.

Tout les mythes ont une origines

Je m'engages dans l'allée du marché noire de monde. Je joue des coudes et des mains dans la foule pour me frayer un chemin jusqu'à chez moi. La sueur humidifie les vêtements des corps que je touche et de la poussière se pose sur mes cils.

Les règles sont faites pour être contournées.

Je secoue la tête, comme si je pouvais me débarrasser de ces mots et continue d'avancer avec la sensation d'avoir une pierre dans l'estomac.

Les théories les plus folles sont souvent les plus vraies.

L'accumulation de sueur autour de moi me pique les narines, ma migraine s'amplifie, mon estomac se resserre, mais la voix de madame Konaté ne s'éloigne pas.

Tout les mythes ont une origine.

Je serre les dents et commence doucement à délier mes doigts pour les plonger dans les poches et les sacs précieusement tenus par les gens autour de moi.

Ce n'est pas aux caucasoides de décider quand.

Mes doigts se faufilent agilement, ils rencontrent des cartouches d'oxygène, des billets froissés, deux bouteilles d'eau, des factures et une pièce détachée. Mais je n'y trouve pas la satisfaction habituelle. La voix de madame Konaté continue de grincer à mes oreilles.

Les théories les plus folles sont souvent les plus vraies.

Je ferme les yeux et m'arrête au milieu de la foule pour reprendre mon souffle. Je me fais bousculer par les passants pressés et un homme me hèle pour me demander de dégager du passage.

Tout les mythes ont une origine.

Je serre les dents, les mots commencent à peine à se faire leur chemin jusqu'à mon cerveau. Je ne les combats plus, ils se déversent en flot de paroles interminables vers ma volonté. J'essaye de contenir le soupçon d'espoir qui se met à naître dans mon cœur, mais il s'accroche fermement aux mots de madame Konaté.

Si il y avait une chance de la sauver, ça en vaudrait la peine.

L'odeur d'essence et de viande fumée se mêle à la poussière du marché. Une femme me pousse et m'insulte de « chienne de Nervidienne » mais ça n'a aucune importance parce que je suis en train de prendre une décision dangereuse.

Une décision qui pourrait tout changer

putain de merde, soufflé je.

Je tourne les talons et revient sur mes pas avant de le regretter. L'espoir grandit au point de me comprimer la poitrine. Je me glisse entre les passants et avance rapidement à travers la foule en serrant les dents. La peur fait très vite son apparition aux côtés de l'excitation de faire quelque chose de mal.

De dangereux.

La pierre dans mon estomac s'alourdit à chacun des pas que je fais. De l'acide me remonte dans la bouche, mes dents grincent. Je voudrais faire demi-tour, mais impossible de prendre la décision, impossible de diriger mes pieds autrement que vers ce qui pourrait devenir la pire décision de ma vie.

Lorsqu'Avros me voit arriver, il soupire d'agacement en se redressant sur son comptoir en fer.

— C'est non, alors là, 3 fois de suite ?

ALKEBULAN T.1.Le cœur du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant