ALKEBULAN T.1.Le cœur du monde

...je serre mes doigts...

Je serre mes doigts autour de l'étrange bracelet en fer que j'ai acheté et mon cœur se comprime à chacun des pas que je fais.

La nation perdue ?

Pourquoi je suis autant attirée par un voyage aussi dangereux ?

Vers une destination qui n'est peut être qu'un mythe ?

Mes pieds trainnent dans le sable jaune et soulèvent de la poussière sur mon chemin. Je n'ai même pas la force de faire les poches, malgré la foule encore compacte du marché. Le soleil termine paresseusement son ascension dans le ciel, cependant ses rayons continuent de chauffer contre ma peau recouverte d'une fine pellicule de sueur.
Le vieillard pourrait avoir menti, il n'y a aucun moyen de prouver la véracité de ses propos. 

Il faut y aller pour ça

Suis-je vraiment prête à risquer  la vie de ma sœur sur une supposotion ?

Un espoir ?

Je sens la plaque en fer brûler contre la paume de ma main et engourdir mes doigts d'habitude si agiles. Je ne m'autorise pas à l'observer, pas ici alors que n'importe quel oeil pourrait me dénoncer à l'Etat. Mon cœur tambourine si fort dans ma poitrine qu'il me donne l'impression d'être entendu de tout le monde. Que suis-je en train de faire ? La panique me gagne peu à peu, remplaçant l'espoir, remplaçant la curiosité et l'exaltation du départ. Mon estomac se resserre sur lui même, je sens le goût amer de la bile me remonter dans la gorge. La decision que je vais prendre aura un prix, un prix que je n'assumerais peut être pas.
Je sens la plaque en fer entre mes doigts et mes pensées vont à Sekani, mon cœur se serre quand je comprends qu'on ne peut pas partir sans lui, ses compétences en informatiques seront un atout, ne serait ce que pour lire le code que le vieil homme m'a donné.

Comme si tu pouvais partir sans lui.

Je soupire, en faisant jouer mes doigts autour de la plaque en fer, toujours dans ma poche.

Ta décision aura un prix.

Je n'ai aucune envie de repartir voir Sekani la queue entre les jambes, après ce qu'on s'est dit. J'ai mal, je suis en colère contre lui, contre ses sentiments que j'ai et qu'il ne me rend pas, contre sa colère, contre ses mots.
Et il y a Yemaya, la principale raison pour laquelle je ferais ce voyage.

acceptera t'elle de partir ?

Je ne sais même pas encore comment lui révéler ce que je sais, sans qu'elle ne me prenne pour une folle.

Perdue dans mes pensées, je ne vois pas la personne que je percute violemment.

— Je suis deso...lé

Les mots meurent dans ma gorge lorsque j'aperçois le bloc de muscle et de ferraille qui vient de me rentrer dedans.

Un chasseur

Le chasseur et sa bande me dépassent sans baisser le regard vers moi. Je deglutit, les jambes tremblantes, incapable de faire autrement que de les observer avec des yeux ahuris. Des chasseurs au district de la muette, cela ne présage rien de bon. Ils se déplacent comme aussi silencieusement qu'un murmure malgré tout l'acier et le cobalt dont leur corps est en partie constitué. Ils doivent faire au moins 2 mètres de haut et peser 300 kilo. Ils regardent autour d'eux tel les prédateurs qu'ils sont et je peux voir briller leur œil bionique d'une lumière bleutée, à la recherche d'un déserteur. Je serre un peu plus mes doigts autour de la plaque en fer.

Pourquoi sont ils là ?

Aucun déserteur n'a été signalé dans le district.

A moins que...