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La chambre dans la coloc' de Coline fait un bon douze mètres carrés et est situé en centre-ville. L'endroit est joliment décoré, avec des posters de films de Jacques Demy, le tourne-disque que tous ses amis lui ont offert pour son dernier anniversaire et des murs de polaroïds. Isidore s'en approche et scrute chacune des photos pendant que la blonde s'active pour sécher le reste de son linge.

Les polaroïds collés les unes aux autres forment un grand carré parfait. Il reconnaît bien là le perfectionnisme de Coline. L'ordre n'est pas chronologique, alors il s'amuse à reconnaître les moments auxquels il a assisté.

Il y a la fois où ils sont allés tous les deux sur l'île de Ré, les fêtes avec les amis du lycée, les soirées double date avec Angèle et Anatole, les verres et sorties en boîte avec Mona, les randos et voyages qu'elle a faite avec ses amis de Scpo. Il y a aussi une photo d'un chignon bleu ciel, Angèle qui joue avec des béquilles, Isidore encore plus imberbe qu'aujourd'hui, Selim et sa guitare. Il ne se souvenait pas que Coline avait pris en photos ces moments.

Il sourit davantage en voyant une photo de lui avec marquée en légende « mon trouduc' ». C'est une photo de lui dans une crêperie bretonne, en train de tirer bêtement la langue.

Il y a beaucoup de moments qu'il ne reconnait pas, surtout avec ses nouveaux amis de master. La quantité de photos est conséquente et Isidore reconnaît bien là les talents de sociabilisation de Coline. Avec le temps, elle est devenue tellement à l'aise, c'est comme si toute sa timidité avait disparu. Ça l'épate.

— Tu regardes quoi comme ça ?

Elle vient lui faire un câlin.

Isidore ne regarde plus qu'elle.

— Toi, que toi.

Coline rougit, mi-gênée, mi-amusée.

— Tu fais toujours ton canard que quand ça t'arrange.

— Toujours. 

AïeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant