Les Enfants de la Nuit : Le Prince Vampire

Nuit 2. L'Héritage.

Valkan.

Les apparences, elles sont autant de tromperies que de ravissements. Les femmes sont particulièrement sensibles à cette doctrine que j'estime d'un autre âge. Pour les hommes, c'est l'argent. Je trouve tout ça risible parce que les plus grandes fortunes de la planète sont des surnaturels.

Les mages sont connus pour leurs richesses, ce que les humains ignorent, c'est qu'ils manipulent la matière. Transmuter l'or est plutôt simple avec la magie. S'ajoute à cela les dragons. Si les légendes parlent de majestueux lézards dormants sur des montagnes d'objets précieux, ce n'est pas sans raison. Ma tante n'est heureuse que dans une piscine de diamants pour faire la sieste.

Enfin, viennent les vampires. Notre roi, mon père, a amassé une fortune au fil des siècles et développé toutes sortes d'entreprises particulières. La prostitution, la drogue, le meurtre et j'en passe. La nuit lui appartient depuis des millénaires et j'ai pour mission de prendre sa suite tout en maintenant l'honneur de ma famille.

Je n'ai pas trop à me plaindre, loin de là même. Mes parents sont ceux dont tout le monde rêve. Tous mes souvenirs d'enfance sont merveilleux. Maman est souriante, douce et tellement gentille. Elle m'a toujours choyé, je suis son petit prince adoré. Quant à papa, il est extraordinaire. Il m'a toujours soutenu et suivi dans tous mes délires. Il m'a également transmis sa passion pour la cuisine. C'est notre refuge, la sainte bouffe.

En somme, j'ai reçu l'éducation d'un parfait gentleman. Sauf que je reste l'un des prédateurs ultimes que porte cette planète. Pour la première fois, je dois faire mes preuves en tant que leader. C'est pour cette raison que j'ai ouvert le Délirium. Je voulais assurer l'héritage de mon père et m'imposer parmi les immortels.

Les trois premières soirées ont mis en évidence un énorme problème. Mélanger les humains et les surnaturels entraîne des incidents fâcheux. C'est pour cette raison que je suis en train de faire séparer le club en deux. La salle de surface et celle du sous-sol ne seront désormais plus en contact. En plus, c'est une excuse pour faire des salons VIP.

Pendant que mes ouvriers travaillent, je sors un peu en ville pour faire quelques achats pour chez moi. J'ai ma maison depuis seulement six mois, j'ai encore beaucoup à y faire. Je sais que Paris est la ville parfaite pour trouver de quoi décorer mon chez moi.

En chemin, je tombe malheureusement sur une fille assez tenace. En prétextant une collision accidentelle, elle en vient à me faire la conversation...

— Désolée, je suis terriblement maladroite.

— Aucun souci. Je vous souhaite une excellente journée.

— Excusez-moi, par hasard, on ne serait pas déjà vu ?

C'est tellement pathétique comme manière de faire. La même rengaine encore et encore. Tout pour rester collée comme un vulgaire parasite. Et admettons que ce ne soit pas une excuse bidon, je ne sors jamais à part au Délirium. Ce qui, en mon sens, la rend infréquentable. Je ne veux pas d'une femme sur qui tout Paris est passé et je n'aime pas les brunes.

— Ah oui ? Où ?

— Vous ne fréquentez pas ce nouveau club dans le Marais ?

Eh voilà, une... soit.

— Peut-être, oui, dis-je avec un sourire poli. Je suis jeune, il m'arrive de sortir.

— Je peux vous offrir un verre pour me faire pardonner ma maladresse ?

— Je dois malheureusement décliner. J'ai un rendez-vous professionnel sous peu.

— Oh, c'est trop nul, je peux vous laisser mon numéro et on se recontacte ?