Chapitre 22

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Les raseurs tournèrent longtemps, autour de l'arbre porteur. Ceux qui en étaient aux commandes analysaient les lieux. J'en comptais cinq. Leur déplacement rotatif cessa lorsqu'ils l'entendirent, ce hurlement de loup annonçant la venue d'un sixième, de celle qui l'avait émis.

Mon rythme cardiaque s'accéléra. Non pas parce que le véhicule, qui reproduisait le pelage poivre et sel du carnassier précédemment évoqué, arriva en trombe pour s'arrêter à quelques centimètres de nos genoux, mais à cause de celle qu'il amenait.

Cette dernière abandonna son véhicule. Deux des Cinabres firent de même. Les trois autres continuèrent de flotter à quelques centimètres du sol, en position stationnaire. Seule la tête de la Germaine n'était pas dévorée par un casque. Si le temps ne réussissait à la tuer, la vitesse ne pouvait nourrir le fantasme d'y parvenir.

Ses casques étaient équipés d'une protection au niveau des pavillons auriculaires, afin que le conducteur ne puisse se faire surprendre par une attaque acoustique. Mais qui aurait eu assez de cran pour s'en prendre à elle. La Louve. Elle qui ne craignait rien. Ni que son crâne ne se fracasse contre un arbre, ni qu'on s'en prenne à elle. La crainte, c'était elle.

Louvna Sepnali marcha jusqu'à nous. Son corps, svelte, était couvert par un uniforme unique et ajusté, aux couleurs similaires à celles de son raseur. Son regard était patibulaire, celui du canidé qu'elle vénérait tant. Sa longue chevelure, d'un noir d'aniline, subissait une strangulation au-dessus de son lobe pariétal, la faisant retomber en queue de cheval. Elle avait le visage fin. Celui d'une femme qui aurait possédé un grand charme si elle ne lui préférait pas l'intimidation. Ce à quoi aidaient énormément ses sourcils arqués comme des accents circonflexes.

Elle fit les cent pas, face à nous. L'un des deux Cinabres à pied, qui approfondissait son inspection de la partie inférieure du nid, poussa un cri. Il s'était fait surprendre par le piège à détente, qui le maintenait désormais suspendu, tête vers le bas.

Un de ses collègues voulut l'en libérer, la Germaine leva la main pour le stopper.

-Qui est-ce qui commande, ici ? voulut-elle savoir.

Nous nous tenions en ligne. Non-nids et Casoars avaient quitté les lieux depuis belle lurette. L'unique Accenteur à ne pas être présent était Sarasa.

-Moi, assuma Ophelia.

La Germaine se posta devant elle. Leurs deux visages étaient si rapprochés que notre décideuse pouvait probablement se nourrir, grâce l'exhalation de son haleine, des mets hors de prix auxquelles devait avoir accès ce membre de la famille royale.

À les voir si proches, on pouvait croire à tort qu'elles partageaient le même âge. Mais du fait de son statut de cousine du Père-Roi, elle aussi bénéficiait de la chance de pouvoir se rendre à l'Abreuvoir, ne vieillissant donc pas en apparence.

Rare étaient les personnes à pouvoir intimider Ophelia. Là, ses yeux n'osaient affronter ceux de son vis-à-vis. Cette dernière prenait un grand plaisir à procurer cet effet.

-Sais-tu qui je suis ? questionna la Germaine.

Sa voix contrastait avec l'image qu'elle renvoyait, douce.

-Vous êtes la Louve, Louvna Sepnali.

L'orgueil s'afficha sur les lèvres de cette dernière.

-Et sais-tu pourquoi je suis là ?

Ophelia hésita un moment, mais préférera tout de même la vérité.

-Oui.

-Que s'est-il passé ? enchaîna la Louve, avec agressivité, pourquoi l'un de mes hommes est suspendu à une corde ?

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⏰ Last updated: Mar 01 ⏰

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