Chapitre 5

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Ma surprise était égale à ma jubilation, ainsi qu'aux plaintes de mes poumons. Sarasa courrait vite, très vite, à vive allure et surtout plus vite que moi.

Elle était constamment dans la compétition, chose qui la rendait parfois arrogante. Néanmoins, et ce malgré mon épaule, rencontrer les plus grandes difficultés pour revenir à son niveau me permettait de constater que nous ne boxions pas dans la même catégorie. Sarasa était dans celle du lièvre.

Elle ralentit enfin à la vue d'Eliot. Le benjamin du nid se ravit de nous voir. Sans doute craignait-il de devoir affronter un Casoar seul.

-Enfin, vous êtes là.

-Ophelia... n'est pas encore revenue ? voulut savoir Sarasa.

Eliot secoua la tête de gauche à droite.

J'attendis de ne plus être hors d'haleine pour demander.

-Alors, elle est où ?

Son index pointa un buisson. J'y plongeai une main. Celle-ci ne tarda pas à rencontrer une surface rigide que j'imaginais rectangulaire.

-Bien joué ! le félicitai-je.

-Merci.

-Eh ! s'offusqua Sarasa, on l'a trouvé en même temps.

-Oh oui, pardon, s'excusa Eliot, de sa minuscule voix.

Un hoquet de rire m'échappa. Ce petit malin n'aurait pas hésité à s'attribuer tous les mérites.

-Sacré Roitelet, s'en amusa Sarasa.

-Ouais, sacré Roitelet. Mais bon, laisse-les-lui, laisse-le recevoir les éloges. Qu'il s'en vante pour cette fois. Ça rattrapera sa faute de ce matin.

Ce dernier en était encore contrit mais apprécia l'idée.

-Hors de question ! la rejeta Sarasa. Est-ce qu'on me faisait des fleurs, moi, quand j'étais Roitelet ?

-Non, t'as raison.

Eliot parut déçu.

-Eh ouais, mon p'tit gars. Va falloir faire ses preuves, ajouta Sarasa.

Et elle n'avait pas tort.

Un Roitelet se devait de faire du zèle, de mettre sous forme d'actes ses arguments défendus pour nous rejoindre. Prouver que le choix du décideur, d'en faire un Accenteur, avait été judicieux.

Ce surnom servait à désigner notre dernier membre, afin de lui rappeler qu'il faisait désormais partie d'une communauté. Pour lui rappeler aussi que de son engagement dépendait la survie de tous.

-Qu'est allée faire Ophé ?

-Comme moi. Chercher des bras pour transporter la Caissub, ou la défendre, me répondit mon amie. Un Case passait aussi à ce moment. Elle l'a attiré ailleurs qu'ici.

-Qu'est-ce qu'on attend alors.

Je repêchai la caisse d'une vingtaine de kilos en la tirant par l'une de ses anses.

-Eliot, viens m'aider. Sarasa mets-toi devant et assures-toi que la voie est libre.

-Je peux porter tu sais. C'est pas parce que je suis une fille que je dois avoir la tâche la moins ingrate.

-Sarasaaa ! m'impatientai-je.

-Ҫa va, ça va, retrouva-t-elle son sérieux.

Son idée ne semblait toutefois pas déplaire au Roitelet, qui aurait volontiers cédé sa place, fainéant qu'il était.

-Vous pouvez venir, la voie est libre.

Comme toute chose que l'on débute, les premiers mètres furent tranquilles. Eliot stoppa tout à coup notre progression.

Le Carillon : Le TalionWhere stories live. Discover now