Je prends mes jambes à mon cou et me lève, j'en aurais presque oublié la douleur si mon corps ne me rappelait pas à quel point j'étais physiquement faible. Chaque pas en direction de la sortie est un supplice, que je suis obligée de faire des pauses afin de ne pas m'écrouler une seconde fois.

Le visage complètement détruit par les coups de cet homme, et mes vêtements couverts de sang, je peux sentir les regards interrogateurs parfois inquiets des quelques passants. Alors, tête baissée je ne gratifie personne de mon fameux sourire séducteur et monte directement dans la voiture qui m'emmène chez Zacharia. Le trajet est long mais pas assez pour que je réfléchisse à ma technique d'approche car vingt minutes de route plus tard, me voilà arrivée dans le célèbre quartier Ashbury-Heights.

Étonnamment la demeure de Zacharia contraste avec celle des autres, qui sont restées fidèles au thème pour lequel ce quartier est si bien connu. Les couleurs au ton claires contraste avec celle de mon patron qui à décider de briser les codes en refaisant sa demeure de couleur sombre. Noir accompagné de son bois de chêne. Classe et sophistiqué, tout ce qui le représente.

Doucement j'arrive à la porte d'entrée à bout de souffle. Mon corps souffre, ma respiration est saccadée comme si je venais de courir un marathon. Je sonne mais le manque de réponse me fait râler, alors trop impatiente je me mets à tambouriner à sa porte jusqu'à ce qu'elle s'ouvre.

–C'est quoi ce bordel-

Son regard noir et son visage tiré par la colère se replace aussitôt en une expression inquiète.

–J'ai entendu dire que tu avais l'habitude de soigner des blessés alors... Je murmure péniblement.

–Bordel Rosá mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je n'ai pas le temps de répondre que mes pieds ne touchent déjà plus le sol.  Légère comme une plume à ses yeux, Zacharia me porte sans grand ménagement à sa salle de bain. Ma tête posée contre son torse, je laisse le bruit de ses battements de cœur me bercer jusqu'à ce que je sois posée sur une surface froide, me sortant de ma léthargie.

–Je ne suis pas médecin Rosá, murmure mon patron d'un ton distant. Pourquoi es-tu venue me voir ?

Ses gestes en contradiction avec sa froideur, me nettoient délicatement les plaies encore sanglantes. Je frissonne à son toucher, quelques gémissements plaintifs traversent la barrière de mes lèvres dès lors que ses doigts retracent l'hématome qui se forme sur ma côte. Je le regarde faire avec des yeux endormis, tandis qu'il reste concentré sur les parties abîmées de mon corps, qu'il soigne malgré tout comme un professionnel.

–On dirait que tu as fait ça toute ta vie. Je susurre douloureusement mais cela ne lui arrache pas un sourire.

L'âme meurtrie et le cœur souffrant, je perds tout espoir. Comme un coup de poignard en plein ventre, mon corps ressent chaque particule que compose cette trahison...Douloureuse, violente et triste. Je n'aurais jamais pensé que Zacharia aurait été celui me tournant le dos, et pourtant la réalité est telle que je la vois.

–Tu penses que c'est moi, n'est-ce pas ?

Le brin d'espoir dans ma voix perd tout son sens lorsque ses pupilles sombres rencontrent les miennes. Son deuil est caché par cette colère bouillonnante à l'intérieur de lui, et je pense être celle qui en payera les frais. Son mutisme répond indirectement à ma question. Si un jour on m'avait dit que le silence serait plus cruel que les mots, je ne l'aurais jamais cru.

–Je ne sais pas quoi penser, pour être honnête.

–Mais tu penses que je suis coupable.

–Ce que je pense ne changera rien Rosália !

REVENGE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant