Tout comme le Jour ne pourrait exister sans la Nuit, Gabriel et Joshua sont nés pour être à jamais liés.
Depuis toujours, alors que s'extirpait à peine leur premier souffle, la société s'était déjà chargée de les ranger dans une case. Trop petite p...
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Baltimore, Irlande, 6 Octobre.
Le milieu de la semaine avait déjà amorcé sa lente progression, tissant une toile d'ambiance feutrée tout autour de Joshua. Installé paisiblement dans le confort du vieux canapé du salon, il se laissait emporter avec délice dans les pages du Banquet de Platon. Dans ce cocon de tranquillité presque spirituelle, le souffle léger du vent d'automne s'engouffrant dans les combles et le cliquetis mécanique de l'horloge ajoutaient leur pincée de vie, comme des acteurs discrets dans la scène de sa lecture.
À ses côtés, posés sur la table basse, un carnet de notes et un stylo plume attendaient patiemment, prêts à recevoir les pensées et les réflexions qui émergeraient de sa lecture. Tandis qu'au fil des pages, Joshua suspendu aux lèvres des convives du banquet honorant Agathon, le récit s'épanouissait au travers d'un éventail d'opinions et de dialogues. Les voix, les unes après les autres, apportaient leur propre couleur à la discussion. Et, parmi elles, celle de Socrate se distinguait par sa profondeur et sa sagesse, guidant les chemins de la réflexion vers des horizons insoupçonnés.
La richesse des concepts sur l'Amour captivait Joshua. Il se laissait emporter, au fil des mots, dans un voyage au cœur des méandres de ce sentiment universel, tel un marin voguant sur les flots tumultueux en quête de nouvelles terres. En lisant, avec une dévotion presque religieuse, Joshua prenait le temps d'annoter les citations et les termes qui suscitaient son intérêt, les inscrivant au passage avec soin dans les marges de ses pensées. Rien ne pouvait être plus vrai que sa volonté farouche à explorer plus amplement les dires, qu'ils philosophique ou empreints de théories.
Parfois, au détour d'une page, le rouquin se permettait même de contredire certaines idées. Il n'hésitait pas alors à esquisser ses propres opinions, à remettre en question les préceptes établis, à explorer de nouvelles théories qui germaient dans son esprit fertile.
Ce qui émergeait de manière limpide à travers la lecture intense de Joshua, c'était sa conviction profonde que l'Amour était bien plus qu'une simple émotion ou un concept abstrait. Pour lui, l'Amour était un océan sans bornes, un flux éternel et changeant qui embrassait toutes les dimensions de l'existence. Il voyait en lui une force vivante, capable de prendre des formes infinies, telles les vagues façonnant le rivage au gré des marées. Chaque individu était libre d'explorer et d'interpréter l'Amour à sa manière, en fonction de son expérience personnelle, de sa sensibilité unique. Que ce soit à travers les tourments passionnés d'une relation amoureuse, les liens indéfectibles de l'amitié ou les manifestations subtiles de l'altruisme, chaque expression de l'Amour était aussi légitime et significative.
Lorsque ses yeux se posèrent sur les lignes consacrées au poète Aristophane, une nouvelle dimension d'intérêt s'éveilla dans l'esprit de Joshua. À travers ses mots, Aristophane peignait un tableau vibrant du mythe des âmes sœurs, révélant la profondeur insondable du lien qui unit deux êtres destinés à être ensemble. Pour Joshua, cette exploration mythique résonnait avec une vérité intemporelle, évoquant la puissance transcendante de la connexion humaine.
