*.✧ 𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝕾𝖊𝖕𝖙 ✧.*

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 Brooklyn, États-Unis, 4 Octobre

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Brooklyn, États-Unis, 4 Octobre.

Lorsque deux heures de l'après-midi vint s'afficher sur l'écran de son portable, Gabriel émergeait péniblement d'une nouvelle phase de léthargie. Son corps n'avait pas bougé d'un centimètre durant la nuit, paralysé par cette fatigue oppressante qui l'enserrait fermement.

Après tant d'années, chaque éveil devenait plus difficile que le précédent. Malgré d'innombrables vaines tentatives et des efforts surhumains, Gabriel luttait pour établir le semblant d'une routine de vie, pour faire face à l'imparable évidence qu'il refusait éperdument d'accepter. Il devait sans cesse redoubler d'efforts pour maintenir un fragile équilibre sur un fil tendu, sachant qu'à tout moment, celui-ci pouvait céder.

La maladie lui pourrissait la vie et faisait de lui un poids mort.

Malgré les frissons qui parcouraient sa chair, le jeune homme endurait les spasmes de ses muscles apathiques et la désagréable douleur causée par le fauteuil décrépit. A contre cœur, saisi de maux de tête acharnés, Gabriel ouvrit lentement les yeux sur le plafond défraîchi de la pièce.

Rien n'avait changé, si ce n'était le moment de la journée. Le brun ensommeillé demeurait encore dans le salon de l'appartement numéro vingt-trois, d'un petit immeuble de Brooklyn, entouré d'un encombrement de vieux souvenirs et de détritus – qu'on ne pouvait les différencier. Seul le bleu sombre de la nuit avait cédé sa place au ciel teinté de cendres pâles. Mis à part cela, tout semblait figé dans le temps. Alors que la veille était apparue dans un sombre voilage d'automne orageux, le jour semblait à présent plus limpide. Le monde au dehors frétillait de vie, contrariant ce silence qu'appréciait familièrement Gabriel.

Précautionneusement, le brun se redressa afin de ménager le martèlement sourd qui résonnait contre les parois de son crâne. Tant bien que mal, il s'efforçait de mettre de côté la pénétrante douleur qui le tourmentait. Bien qu'il éprouvait une aversion viscérale pour l'alcool, Gabriel avait la désagréable impression de sortir d'une gueule de bois monumentale. Il étendit progressivement chacun de ses membres, ravivant ses muscles engourdis. Se réveiller était finalement plus fatiguant que tout le reste.

Tout juste extirpé des bras de Morphée, le jeune homme saisit son portable resté sur le coin de la table. La seule notification qui s'affichait à l'écran était un message de sa mère lui souhaitant une bonne journée. Elle avait admis le mensonge de Marcus avec une telle aisance que cela déconcertait toujours Gabriel. Il tapota sur son clavier pour lui laisser une brève réponse. Du moment qu'il donnait un signe de vie, cela suffisait pour que Marissa ne creuse davantage sur les absences régulières de son fils, tard dans la nuit. Au moins, elle était rassurée et Gabriel lui évitait, de nouveau, cette tourmente lamentable qui portait le nom de Harold.

Gabriel reposa le portable sur la table et passa vigoureusement ses mains sur son visage et au travers de ses épaisses boucles brunes. Un geste brusque qui avait pour objectif de le ramener à la réalité et d'effacer ses songes douloureux.

Esprit VagabondWhere stories live. Discover now