Tout comme le Jour ne pourrait exister sans la Nuit, Gabriel et Joshua sont nés pour être à jamais liés.
Depuis toujours, alors que s'extirpait à peine leur premier souffle, la société s'était déjà chargée de les ranger dans une case. Trop petite p...
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Baltimore, Irlande, 5 Octobre.
Une fois de plus, le réveil fut difficile.
Abattu par un sommeil plus lourd que le plomb, Joshua émergea avec peine d'une nuit encore plus sombre et insipide que celle qui l'avait précédée.
La pâleur du jour, dessinée par un ciel voilé de gris, percuta sa rétine à peine ses yeux furent-ils entrouverts. La vue embrouillée et l'esprit embrumé, il prit un moment pour saisir à nouveau le fil de ses pensées et retrouver l'amplitude de ses sens.
Comme tous les matins, à l'instar d'un refrain entêtant qui ne quittait guère ses idées claires, Joshua ressentit ce troublant sentiment. Celui d'avoir mis en pause sa propre existence, celui de ne plus être et, subitement, de revenir à la vie sans vraiment saisir ce qui s'était passé en son absence. Ce sentiment, il le connaissait particulièrement bien et, malgré toute sa bonne volonté, Joshua ne s'y faisait jamais.
Ainsi accablé de fatigue, le jeune homme s'éveilla alors lentement, se raccrochant aux bribes de souvenirs de la vieille qui subsistaient dans ses idées à peu près limpides. Pourtant, les images restaient encore floues, comme dissous dans le brouillard de son esprit.
Dans le calme de son réveil, Joshua remarqua sans surprise les vêtements qu'il portait encore. Sa chemise à carreaux verts et blancs légèrement froissée, son jean bleu délavé parsemé de subtiles traces de terre... Josh avait sombré, instantanément. Encore. Par habitude, il passa une main dans ses cheveux pour les démêler, soulageant ainsi la pression sur son crâne alourdi.
En relevant les yeux, encore peu accoutumés à la clarté du jour, Joshua observa le temps qui sévissait à l'extérieur, au-delà de sa fenêtre.
Voilà, ce fameux brouillon saisonnier si typique qui enveloppait, à l'accoutumée, le ciel irlandais. Un climat maussade, impétueux pour l'esprit de l'Homme. D'après les dires fréquents qu'il pouvait entendre parmi le voisinage, ce temps avait pour seul mérite de préserver l'incomparable verdure de l'Irlande sur ses contrées. Pourtant, cela ne semblait jamais entraver la passion de Joshua envers une vie vécue au jour le jour. Si la pluie se mettait à tomber, elle annonçait indubitablement que le soleil reviendrait. Et si le soleil rayonnait, alors il annonçait que bientôt la pluie lui succéderait. Tout cela n'était rien de plus qu'un cycle, jamais éternel, un renouveau aux infinies possibilités. Chaque jour était différent d'un autre et la météo n'en était finalement que l'exemple le plus concret.
Au lieu d'élucubrer une bonne partie de sa matinée, bien qu'il fut déjà suffisamment tard, Joshua puisa dans ses maigres réserves d'énergie pour se réfugier sous l'agréable chaleur de l'eau. Une douche s'imposait. Ce, même si cela n'était qu'une infime poignée de minutes où il pouvait se sentir ravivait dans sa journée. Sa peau, transie par le froid de l'automne, se détendit progressivement. Quant à sa pensée, elle s'éclaircit.
