• CHAPITRE CENT DEUX •

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– A –

À l'aide de ses doigts habiles, il trace des arabesques sur mes hanches et comme hypnotisé par ses propres mouvements, il suit des yeux l'œuvre qu'il est en train de créer dans son esprit. Mon corps se tend involontairement et l'unique coin de ses lèvres qui se retrousse m'indique que cela ne lui a pas échappé. Alors qu'il s'incline vers moi, je retiens mon souffle, pétrifiée par l'intensité de l'instant. Sa respiration, lente et régulière, contraste avec la mienne, précipitée et erratique. Je fixe un point au-delà de son épaule alors que sa voix s'infiltre voluptueusement dans le creux de mon oreille.

— Tu sors enfin les griffes pour moi et non contre moi. C'est... inattendu.

Il dépose un baiser sur une parcelle de peau particulièrement sensible et je m'enflamme à son contact. J'essaie de retrouver ma respiration, mais ses caresses semblent avoir emporté toute ma capacité à raisonner. Il laisse errer ses lèvres à sa guise dans cette zone qui se transforme en un dédale de nœuds les uns plus érogènes que les autres. J'ai l'impression qu'un volcan gronde furieusement en moi et que la lave en fusion qui s'en échappe circule à pleine vitesse dans mes veines. Lorsque de la pointe de sa langue il explore librement mon cou, mes orteils se crispent sur le sol et je dois me tenir aux bords de ma chaise pour ne pas m'effondrer.

— La manière dont ton corps réagit au mien est tellement délectable.

Il empoigne ma taille pour me faire glisser plus près de lui et je sens mon corps répondre à son étreinte, indépendamment de ma volonté. Le sourire espiègle qui danse lascivement contre ma peau contraste avec la tension qui embrase chaque fibre de mon être et la vague de désir ardent qu'il provoque emporte tout sur son passage avec une force prodigieuse. Serai-je un jour rassasiée de cette attirance qui consume chacun de mes sens ? Ses doigts s'enfoncent un peu plus dans ma chair et mes traîtresses de jambes flanchent sous l'emprise de son toucher. Immobilisée par cette avalanche de sensations, je reste en alerte, à l'affût de sa prochaine manœuvre alors qu'il a déjà assouvi le moindre de mes fantasmes à de nombreuses reprises ce soir.

— Je pense avoir amplement mérité ce nouveau round.

Sa voix descend d'une octave et je me réjouis qu'il se laisse prendre à son propre jeu. Ses mains se posent avec douceur sur mes cuisses je ne sens plus rien d'autre que ses paumes brûlantes. Je suis à deux doigts de suffoquer.

— Enfin, si tu n'y vois pas d'inconvénient ? poursuit-il, un sourire perceptible dans sa voix.

Il se recule pour me faire face et je suis saisie par sa beauté presque irréelle.

— Mais puisque tu ne sembles pas réceptive...

Il recule soudainement et il s'adosse à sa chaise en croisant les bras. Mes yeux glissent inévitablement sur ses mains, fermement enroulées autour de ses biceps. Puis, je laisse mon regard dériver plus bas sans même tenter de résister à cette pulsion. Lorsque je réalise qu'il ne partage pas mon émoi, je ne peux cacher ma surprise. Son sourire amusé est si déroutant que je peine à comprendre où il veut en venir.

— Chat échaudé craint l'eau froide, dit-il en soutenant mon regard.

Cette simple phrase me tire de ma torpeur et m'éclaire sur le terrain de jeu qu'il souhaite emprunter.

— Ce n'est pas ce que tu as dit les trois dernières fois. On aurait soudainement peur du grand méchant loup ?

— Angelina... Si douce Angelina... Nous savons tous les deux qui de nous est le loup.

Ce ne sont pas des canines qu'il met en avant pour souligner ses propos, mais ses fossettes.

— Dans mes souvenirs, le chaperon rouge a eu raison de lui.

BALLERINAWhere stories live. Discover now