• CHAPITRE QUATRE-VINGT-SEIZE •

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– A –

J'ouvre la bouche en espérant trouver une réponse pertinente, mais au lieu de cela, mes lèvres décident de créer leur propre dialogue et elles s'écrasent avec sauvagerie contre les siennes. Il n'est pas le moins du monde surpris et il répond à mon élan avec une fougue égale. Nous sommes tous deux emportés par la même ivresse, bien que ses mouvements demeurent bien plus maîtrisés comparés aux miens. Je prends conscience que ma santé mentale n'est plus qu'un lointain souvenir lorsqu'il me soulève et que mes jambes se croisent instinctivement derrière son dos. Les promesses que je me suis faites en Russie s'évanouissent et je m'abandonne totalement. Je sens son sourire contre mes lèvres et ne peux résister à la tentation de lui demander la raison.

— Les méandres de ma mémoire me surprendront toujours, répond-il évasivement.

— C'est une réponse énigmatique.

— Parce que ce n'est clairement pas le moment de discuter, déclare-t-il en reprenant notre étreinte.

Je sens que mes sourcils se froncent et il tire délicatement sur une mèche de mes cheveux en réponse.

— Reviens ici, m'intime-t-il doucement.

J'aimerais pouvoir mettre mes pensées en pause, mais ma conscience refait surface en semant le doute sur son passage.

— Très bien, soupire-t-il en me reposant lentement sur le sol. Je t'écoute.

Je suis totalement confuse et je perds toute assurance en un éclair. Les mots s'entrechoquent dans ma tête, mais ma bouche peine à en saisir un pour articuler une réponse cohérente.

— On dirait que tu t'es égarée dans les méandres de ton cerveau. Bien que je n'aurais jamais imaginé que notre conversation prendrait une tournure aussi... palpitante, je préférerais que nous soyons sur la même longueur d'onde avant de poursuivre.

— Je suis sur la...

— Inutile de me mentir, me réduit-il au silence. Tu es clairement ailleurs et ce n'est pas un problème. J'aimerais simplement comprendre pourquoi.

— Pourquoi quoi ?

— D'une part, la raison derrière ce baiser passionné, et d'autre part, le motif de ce regret moins de deux secondes plus tard.

Je m'apprête à nier, mais son regard me met au défi de lui mentir une nouvelle fois. J'y vais donc avec toute l'honnêteté que j'ai en réserve.

— Est-ce véritablement judicieux de remettre le couvercle ?

Totalement décontenancé, il me fixe un instant avant de céder à une vraie crise de fou rire.

— Peut-on savoir ce qui te fait tant rire ? je demande en croisant les bras sur ma poitrine.

Au fond de moi, je crains que sa réponse me déplaise. Qu'il minimise l'importance de ce moment en le réduisant à une simple histoire de satisfaction charnelle.

— Alors ? je le relance néanmoins.

— C'est l'expression, explique-t-il en se tamponnant le coin des yeux.

— Pardon ?

— Sérieusement ! Remettre le couvercle ? Je connaissais remettre le couvert, mais pas celle-ci, se retient-il de rire à nouveau.

— Vraiment ? C'est tout... tout ce qui te vient à l'esprit ? je bégaie.

— Oui, confirme-t-il en haussant les épaules.

— Incroyable !

— Quoi qu'il en soit, qu'est-ce qui te dérange tant dans l'idée de remettre le couvercle, comme tu l'as si bien formulé ?

BALLERINAWhere stories live. Discover now