• CHAPITRE QUATRE-VINGT-DIX-NEUF •

Начните с самого начала
                                    

— Parle-moi, je lui demande en dégageant doucement une mèche de cheveux de son visage.

— C'est un cauchemar, renifle-t-elle en essuyant ses joues plus brutalement que nécessaire.

— J'ai conscience que la situation n'est pas facile, mais...

— Quel euphémisme !

Je ne peux qu'acquiescer, car cette fois-ci, c'est vraiment le bordel. Malgré mes efforts frénétiques depuis l'arrivée de Rob, je n'ai aucune idée de la manière dont nous allons nous sortir de ce gigantesque merdier. Mes actions s'apprêtent à faire une chute vertigineuse dans les prochaines heures, et le comble, c'est que cela m'importe peu. En cet instant, tout ce qui compte, c'est la protéger. Et si cela signifie que mon empire doit sombrer dans l'oubli, qu'il en soit ainsi.

— Plus j'y réfléchis et plus je suis convaincue que cette catastrophe sans nom aurait pu être évitée, murmure-t-elle.

— Comment ça ?

— Même si c'est pénible à admettre, Stella avait raison sur un point. Il faut que tu parles à Aaron.

Comme si elle venait de m'asséner un coup violent, je vacille sur mes appuis.

— Tu ne peux pas être sérieuse.

— Je le suis. Jusqu'où irons-nous dans l'horreur avant que vous ne vous retrouviez inévitablement face à face ? L'un d'entre vous finira derrière les barreaux et l'autre à la morgue à la fin de cette histoire.

Je me lève brusquement pour mettre de la distance entre nous. Comment peut-elle me soumettre cette idée ? Comment putain? C'est à cause de cette enflure de première que nous en sommes là aujourd'hui. Je refuse catégoriquement de participer à ses jeux malsains.

— Hayden, au fond de toi, tu sais que j'ai raison, poursuit-elle.

— C'est là que tu te trompes, Angelina. Je pense que c'était le verre de trop pour toi.

— Ne deviens pas désobligeant, me sermonne-t-elle.

— Quoi ? Tu pensais sincèrement que j'allais accueillir cette idée avec les bras grands ouverts ?

— Je ne présumais rien du tout, répond-elle avec un calme qui fait monter ma colère d'un cran. Il y a à peine deux heures, je ne m'imaginais pas une seconde que ton frère partagerait une nouvelle fois notre intimité avec la planète entière. Tu as une image à protéger, mais penses-tu une seule seconde à la mienne ?

— Comment peux-tu me poser la question ? Bien sûr que j'y pense !

— Je suis épuisée de me retrouver mêlée aux manigances de ton frère et j'entends parfaitement qu'il est la dernière personne au monde avec laquelle tu veux t'entretenir actuellement, mais j'ai comme le sentiment qu'il ne lâchera pas son os de si tôt.

— S'il ne souhaite pas le lâcher, alors je m'assurerai qu'il s'y pète toutes les dents ! je rétorque les mâchoires serrées avant d'aller me servir un verre.

Je sens qu'elle se lève derrière moi, mais je ne lui accorde aucune attention et je termine mon verre d'une traite. C'est le raclement de gorge de Rob qui me ramène dans le moment présent quelques minutes plus tard.

— Hayden, nous...

— Tiens, parfait ! j'interromps Rob. Soumettons donc ton idée à mon avocat. Je suis certain que son opinion t'aidera à comprendre à quel point c'est l'option la plus inintelligente qui s'offre à nous.

Je fais volte-face et découvre le regard noir de la ballerine. Elle me fusille sur place avant d'expliquer à Rob le sujet de notre querelle naissante. Au froncement de sourcils de mon avocat, j'ai envie de lui ricaner au nez. Je ne suis donc pas le seul à penser que...

— Ce n'est pas une si mauvaise idée, lâche-t-il. Bien que toutes les fibres de mon être te conseilleraient le contraire en temps normal, je pense que Mademoiselle Carter n'a pas tort.

Abattez-moi! Putain... abattez-moi! Le sourire en coin d'Angelina me donne presque envie de virer Rob sur le champ alors qu'il est l'un des premiers avocats avec lequel j'ai travaillé.

— Aaron est introuvable pour le moment et il a en sa possession Dieu seul sait quoi encore, nous serions plus avisés de jouer sur le même tableau que le sien.

— C'est hors de question Rob !

— C'est une quête d'attention dans laquelle Aaron s'est lancé, somme toute, Hayden. Il doit avoir conscience qu'il n'égratignera pas d'un millimètre ton armure, mais nous savons tous deux que tu pourrais faire un faux pas à cause de Mademoiselle Carter. C'est probablement ce qu'il guette. Pour quelle autre raison se contenterait-il de te jeter des miettes alors qu'il a des miches de pain entières en sa possession ?

— Peut-être parce que c'est un être tordu, complètement rongé par la jalousie pour commencer. Si tu y tiens tant que ça, je peux te donner mille autres raisons ! Sérieusement, Rob !

— Je n'en reviens pas ! s'immisce la ballerine. Comment as-tu pu créer un empire comme le tien avec ton prétendu flair extraordinaire, alors que tu ne vois pas au travers des actions de ton propre frère ?

— Tu ne comprends pas, Angelina, je soupire.

— Non, c'est toi qui ne comprends pas, Reed ! C'est incroyable tout de même d'être aussi buté ! s'emporte-t-elle.

— Je connais Aaron et ses bassesses mieux que vous deux et je ne vais pas lui offrir la satisfaction de penser qu'il peut me manipuler.

— Je ne te suggère pas de le faire réellement, mais de lui faire croire que tu plies, se radoucit-elle.

— Aaron est un sombre crétin, mais pas au point de s'imaginer une seule seconde que j'abandonnerais aussi facilement. Ce que tu ne veux pas entendre, Angelina, c'est que si je le connais sur le bout des doigts, il n'est pas en reste à mon égard.

— Nous ne pouvons pas continuer indéfiniment à subir ses assauts.

— Oui et c'est bien pour cette raison que je compte bien riposter.

— Riposter ?

— Oui. Je ne resterai pas les bras croisés alors que mon frère nous torpille impunément. Si je dois explorer son passé aussi trouble que le mien pour le tenir à distance une bonne fois pour toutes, alors c'est exactement ce que je vais faire.

— Œil pour œil, c'est donc là ta solution ? Ne crois-tu pas que cela ne fera qu'envenimer les choses ?

— C'est un risque que nous allons devoir prendre.

— Un risque, dis-tu ?

— Oui.

— Bien que tu sembles avoir totalement oublié, figure-toi que j'ai mon mot à dire, Hayden, et c'est clairement non !

— Pardon ?

La ballerine se redresse et bombe presque la poitrine en répétant d'une voix articulée comme si j'étais le roi des demeurés :

— J'ai dit non.

— Alors nous allons avoir un gros problème Angelina.

Nous nous observons en silence pendant une bonne minute ou deux avant qu'elle ne croise les bras en me demandant :

— Et comment allons nous le régler ?

— Laisse-nous Rob.


🖋️ Prochain chapitre, ce vendredi à 18h30.

BALLERINAМесто, где живут истории. Откройте их для себя