Chapitre 4

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 Ce matin, le soleil brillait ardemment dans les jardins de la propriété des Alexander et venait réchauffer les lieux depuis longtemps désertés par leurs anciens occupants. Seule une jeune fille rousse et en apparence fragile restait assise sur les marches de l'entrée, profitant de la chaleur.

La journée s'annonçait plus ou moins bien pour elle. Elle avait tout planifié plusieurs mois auparavant, mais le destin semblait être contre elle, à la dernière minute, son plan était contraint de changer du tout au tout. De toute façon, ce n'était pas nouveau que ce qu'elle avait prévu ne se déroule pas à la perfection, elle en avait l'habitude et faisait avec quoi qu'il arrive.

Elle se faisait appeler Aideen Alexander, même si elle savait que son nom n'était pas le bon. Elle avait été enlevée à la naissance pour que ses ravisseurs puissent obtenir une rançon, mais personne n'avait payé pour la récupérer. Elle avait alors été vendue à un groupe de nobles qui voulaient un enfant à tout prix : les Alexander.

Aideen ne s'était jamais sentie bien avec eux. Ils passaient leur temps à lui envoyer une myriade de domestiques pour l'occuper et compenser le fait qu'elle n'avait pas le droit de sortir de sa chambre ou d'ouvrir ses fenêtres pour voir le ciel. Personne ne devait connaître son existence, pour tous, elle était morte.

Une fois qu'elle eut atteint l'âge de raison, sept ans, Aideen ne mit pas longtemps à comprendre pourquoi ses « parents » l'interdisaient de montrer. Discrètement, elle avait quitté ses appartements pour rejoindre le bureau de son père, fascinée par tous ces documents en désordre. Elle avait alors trouvé tout un dossier à son nom. Il y avait des avis de recherche, des faux papiers d'adoptions et de quoi contacter ses ravisseurs. Sur les avis de recherches, il n'y avait pas de prénom – ses parents ne désiraient pas s'attacher à l'espoir fou qu'elle leur revienne un jour –, mais il y avait un titre de noblesse.

Princesse de la Terre, jumelle de Selah Zohair, héritière légitime de la couronne, voilà qui elle était. Ses parents n'avaient pas voulu payer la rançon, car ils savaient qu'ils avaient déjà une héritière et qu'une deuxième enfant ne ferait que compliquer les choses. Ils s'étaient faits à l'idée de la perdre, mais Aideen, quant à elle, n'avait jamais vraiment accepté que cet avenir si brillant lui ait été retiré avant qu'elle ait pu y goûter ne serait-ce qu'un peu.

Depuis ce jour où elle avait découvert la vérité, presque inconsciemment, elle avait commencé à se renseigner sur la vie d'une princesse. Elle avait lu d'innombrables livres à ce sujet, si bien que cela avait fini par inquiéter ses « parents ». Ils avaient essayé de lui faire dire qu'elle savait ce qu'ils avaient fait, mais elle n'avait pas parlé, n'avait rien révélé. C'était une enfant plus intelligente que les autres, et déjà elle avait débuté sa reconquête du trône, silencieusement pour préserver l'effet de surprise.

Elle s'était entraînée dur pour avoir une chance d'un jour ressembler parfaitement à Selah, autant en apparence qu'en manières. Pourtant, elle voulait également se démarquer, elle voulait être elle, mais bien plus encore. Ses lectures s'étaient diversifiées, elle avait appris les différents poisons qui existaient, les différentes techniques de combats et enfin, comment manipuler quelqu'un pour qu'il vous fasse confiance juste avant de le poignarder dans le dos.

Elle sourit en repensant à toutes ces soirées qu'elle avait passées au coin du feu, dans le salon, à étudier ces énormes bouquins de ses yeux avides de connaissances. Elle aimait tellement lire, les livres défiaient souvent les lois, interrogeaient la morale et la société, donnaient des informations sur des sujets qui frôlaient les limites de la cruauté, et c'était cela qu'elle appréciait.

Aideen n'avait jamais rien fait de mal, mais elle n'était pas non plus innocente. C'était un génie du crime en devenir et ce jour-là allait être le début de sa carrière. Quelques mois plus tôt, elle avait menacé ses « parents » pour qu'ils quittent la demeure familiale pour qu'elle puisse accomplir son plan. Bien évidemment, ils avaient protestés, mais elle avait su se montrer persuasive, si vous voyez ce que je veux dire...

La bombe anti CHKde žijí příběhy. Začni objevovat