CHAPITRE XVII

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Novembre 2023

Le manque, c'est bien plus complexe que je ne l'imaginais.

Maintenant que je sais avec certitude que Donnie restera en prison jusqu'à la fin, je ressens tout en double. Le manque de son visage, de sa voix, de son corps. J'ai mal au cœur lorsque je repense à nous. Les nausées me soulèvent les tripes dès que des flashbacks me traversent la tête, et ce sont tous les mêmes ; les relations sexuelles.

La chaleur humaine, c'est ce qui me manque le plus. Ses je t'aime, ses baisers, nos corps en sueur et nos regards qui se dévorent. Faire l'amour me manque, parce que deux corps qui s'enlacent en gémissant, des peaux qui se collent jusqu'à ce que l'orgasme les fasse tressauter, c'est merveilleux. J'ai besoin de ça, je ne m'en suis jamais réellement caché. Nous pouvions souiller les draps plusieurs fois par nuit, ça arrivait tous les jours (ou presque) et je ne m'en étais jamais plaint. Mais maintenant, le froid a rejoint mon lit et je donnerais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'un torse bouillant s'accroche à mon dos.

Encore un soir où je suis seul. La compagnie que je trouve plus ou moins intéressante et qui m'empêche de sombrer dans une profonde dépression est la télévision. Un bruit de fond qui me donne l'illusion d'être entouré, mais je sais pourtant que personne ne me fait la conversation, qu'aucun être humain ne partage mon espace. Même Angel me manque. Mais je dois résister, parce qu'au fond de moi, si je pioche dans mon coeur, je sais qu'il ne me serait pas totalement indifférent si je n'avais pas connu Donnie. Disons les termes... Angel est séduisant. Le parfait protecteur capable de hanter des nuits grâce à son sourire qui sort tout droit du paradis. Ou de l'enfer, parce que je le considère comme l'Interdit.

La semaine se termine sur une note positive. La prison m'a téléphoné afin de me dire que les jours de parloir sont maintenant les samedis. Ce qui veut dire que demain, je verrai Donnie. Rien de plus apaisant que de rentrer chez soi le sourire aux lèvres. Pourtant, je sais pertinemment que d'ici vingt-quatre heures, la tristesse frappera de nouveau à ma porte. Lorsque je le vois et que mon cœurcogne en sa présence, ce n'est que temporaire. La difficulté de le savoir là-bas et de ne le voir que très rarement, c'est que ça me ravit sur le moment, et ensuite ça me détruit.

Alors, je bois un verre pour oublier. Juste un peu de vin, et un bouquin entre les mains. Et j'ai beau tenté de me concentrer, je suis obligé de relire plusieurs fois la même phrase pour la comprendre. J'abandonne rapidement l'idée de me concentrer, et à l'instant où je me décide à allumer la télévision, trois coups contre la porte me font sursauter. Dans un soupir, je me lève en quittant la plaid bien chaud et m'approche de l'entrée.

- Qui est-ce ?

- Angel. Ouvre.

Son ton est cassant, froid comme rarement. Pendant une seconde, j'hésite. Mon esprit est si faible qu'il en devient imprévisible, et je dois avouer que ça me tord les tripes de ne pas savoir de quoi les futures minutes seront faites. Pourtant, dépité, lâche, j'ouvre finalement la porte.

Angel. Un véritable angel.

Son visage reste tuméfié malgré les quelques jours qui se sont écoulés, et la pluie amassée sur sa veste dégouline maintenant sur le paillasson. Mais ce qui me rend fébrile, presque tremblant, ce sont ses yeux. Un regard si intense qu'il envoûterait n'importe qui sur cette terre. Pourtant, je reste debout. Même si Angel est beau. Même si son parfum est à la limite du supportable. Même s'il m'avait manqué, malgré tout.

- Qu'est-ce que tu veux ? Grommelé-je.

- Je sais que vivre avec moi au quotidien doit être épuisant. Je sais aussi que tu ne te sens pas en sécurité, et que même si je suis capable de te protéger, tu ne seras jamais autant serein que si Donnie était là, déblatère-t-il. Je sais également que rien ne compte à tes yeux, sauf lui. Que ton cœur lui appartient et que l'amour ça peut... ça peut faire si mal qu'on s'en relève difficilement.

ANGEL || MxMWhere stories live. Discover now