–Va ma Rosa, murmure-t-il. Brûle-moi ce monde que tu désir tant détruire, je serais là à ton retour.

Il relâche ma main en mettant une distance raisonnable entre nous, me scrutant toujours de ce rictus diablotin. Je déglutis difficilement en reprenant timidement mon souffle, prête à retourner à mes affaires. Mais lorsque mes escarpins passent le pas de la porte, il se racle la gorge, signe qu'il n'en a pas fini avec moi, alors je me tourne dans sa direction les yeux brillants.

–Venge toi Najmati, mais ne te perds pas.

Les mains dans les poches, son corps est totalement détendu tandis que le mien perd peu à peu de son énergie. Comme s'il savait quelque chose que j'ignorais, ses paroles ont toujours une signification cachée que je n'arrive jamais à comprendre. Je tente de décrypter le personnage ainsi que ses mots mais en vain, il est pour moi un labyrinthe de questions dont je ne vois jamais la fin. Je le connais par coeur, mais il me connait encore mieux que moi même et cela me terrifie.

Je cligne des yeux plusieurs fois en secouant la tête, puis d'un signe de la main qui signifie– cause toujours– je quitte le bureau et l'homme aux multiples facettes afin de retrouver mon chez moi.

* * *

Zacharia

Boyz II Men en fond pendant que je me prépare à manger, je n'arrête pas de checker mon téléphone espérant que le prénom de Rosalia s'affiche, mais rien. Maintenant quelques heures que je n'ai aucunes nouvelles depuis notre altercation dans son bureau. Avec elle c'est le chaud puis le froid, je ne sais jamais sur quel pied danser. Malgré que j'ai appris à voir en ce bout de femme au coeur meurtri, une partie de son âme me reste inconnu. Comme une insigne "Défense d'entrer", Rosalia rejette toute personne qui voudrait l'aider ou lui offrir le bonheur. J'ai donc compris que la patience était une vertu à ne jamais négliger avec ce genre de personne.

Tellement, que la patience est devenue mon bras droit pendant 8 ans jusqu'à ce qu'elle refasse apparition dans ma vie. Dès lors que son profil de jeune avocate est tombé entre mes mains, je me suis battu avec tous les cabinets de San Francisco afin qu'elle vienne chez moi. Il était là mon signe et j'ai sauté sur l'occasion, voyant une opportunité de garder un œil sur elle tout en retrouvant notre complicité.

La chanson End of the Road envahit la pièce tandis que je monte le son et finit de préparer mon repas, essayant de penser à autre chose. Mon concert privé lancé, je ne m'attarde plus sur mon téléphone malgré cette envie grandissante d'y jeter un œil. Je retourne ce dernier de façon à ce que l'écran embrasse le plan de travail et ne me regarde plus, déterminé à ne pas laisser ma belle vénézuélienne envahir mes pensées.

Mes pâtes au pesto en main, je me dirige vers mon salon, actionnant la télévision sur une course de F1. Parfait. Subjugué par l'écran devant moi, je ne vois pas le temps passer. Les belles voitures affût sous mon regard adorateur, la maîtrise du véhicule et la technique du coureur me cloue sur place. Tellement que je n'entends plus mon téléphone sonner dans la cuisine.

Il me faut quelques minutes avant de réaliser ce qu'il se passe, mais au moment où j'atteins mon téléphone, l'appelle prend fin. C'est alors que je remarque le nombre de messages incalculables provenant du téléphone de Nina et d'Owen. Mon sang ne fait qu'un tour et mon estomac se contracte en comprenant que quelque chose d'inhabituel se passe. Je tente de rappeler la rouquine mais seulement le répondeur me répond après plusieurs essais. Ma main frotte mon cuir chevelu énergiquement avant que je ne lâche un râle de frustration et embarque de ma voiture.

Mon volant fermement enroulé dans mes mains, je sillonne à une vitesse dangereuse les rues étroites de San Francisco. La ville sur la Baie n'a droit à aucun répit, ses habitants ne laissent aucune rues désertes malgré l'heure tardive ce qui a pour effet d'accentuer mon énervement. Tel un vieux con prétentieux je klaxonne les passants, doublant les voitures sans regarder mes angles morts comme ci les routes m'appartenaient, comme ci j'étais le roi de cet enfer. Les quelques insultes méritées des autres automobilistes n'ont pour autant aucun effet sur ma conduite, car je ne ralentis pas. Pas même à ce carrefour lorsque j'évite de justesse ce poid lourd qui me fonçait droit dessus.

REVENGE MEWhere stories live. Discover now