Chap 27 : Mission royale - partie 2

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- Qu'est... Qu'est ce que tu vas faire ?
- Je nous ménage une sortie. Cachez votre visage entre vos genoux. Les mains sous les cuisses. Voilà, maintenant vous ne bougez plus.
- Reiko..., sanglota-t-elle d'une voix étouffée.

La pilote contracta les mâchoires, ramassa chaque miette éparse de son courage puis, profitant du fait que Louise couvrait ses arrières, propulsa son poing dans le carreau vitré de la porte.
Une décharge électrique traversa son corps, manquant de peu de la faire tourner de l'œil.
"Comme un air de déjà-vu..."
Des fragments de verre lacérèrent sa peau nue et son auto-mail émit un craquement inquiétant.
Elle grogna de douleur en faisant jouer ses articulations tandis que du sang perlait de la jonction entre son moignon et sa prothèse

- Y'a plus que deux doigts qui répondent, chuchota-t-elle.

"Le Doc va m'assassiner."
Après avoir balayé du regard le magasin qui se révéla être vide de ses occupants, elle chercha à tâtons la poignée intérieure, puis la serrure, dans laquelle, par chance, une clef était insérée.

- Bingo.

Reiko la fit pivoter et un déclic retentit. Après une ultime vérification, elle leva le pouce et l'Officière radar interpréta cela comme le signal de départ.
Les deux partenaires s'adressèrent mutuellement le salut militaire de la SDF avant de se séparer.
Titubante, Énide se mit debout, lorgnant sur la main mécanisée de Reiko dont les phalanges se tordaient dans des angles anormaux.

- Venez, on rentre là-dedans. Dépêchez-vous, lui intima-t-elle.

La fillette la fixa avec surprise.

- Pourquoi t'as pas tiré dessus avec ton arme ?

Un frisson parcourut l'échine de la jeune femme au moment où le battant claquait derrière elles.

- Je... C'est...
- Tu n'y as pas pensé, hein ?

La gamine marquait un point.
"Elle est beaucoup trop futée pour son âge."

- Trop dangereux avec vous à proximité. On risquait le ricochet.
- Mais bien sûr. T'es du genre à agir et à réfléchir après, hein ?
- Je vois que vous avez récupéré votre langue, railla-t-elle. Allez, avancez.
- On va où ?
- Au fond de la boutique.

Elles avaient visiblement infiltré un magasin de prêt à porter dont la couleur prédominante était bien évidemment un camaïeu de violet. Reiko attrapa un blouson lavande qui avait été soigneusement disposé sur un cintre sur l'un des présentoirs.
"Pour se noyer dans la masse."
Alors qu'elle l'enfilait précipitamment, des coups tambourinèrent contre la porte d'entrée qui ne tarda pas à voler en morceaux.

- On accélère la cadence, dit-elle en raffermissant sa prise sur son cosmo-gun.

"Heureusement que le pouce et l'index fonctionnent encore. Je peux tenir la crosse et tirer."
Elle visa l'ouverture béante et plusieurs rayons lasers dispersèrent leurs poursuivants qui furent forcés de reculer ou de se jeter sur le côté pour éviter le sort peu enviable de passoire humaine.
La princesse poussa un glapissement aigu lorsqu'une paume moite appuya fermement sur son crâne pour l'astreindre à progresser courbée.

- Ici !

Elles s'engouffrèrent dans une sorte de remise obscure.
"Il y a toujours une porte de service pour les livraisons. Pourvu que je ne me sois pas trompée..."
Reiko bascula une commode devant le battant ainsi que des caisses emplies d'étoffes pour ralentir les terroristes. Énide l'épaula de son mieux dans cette tâche en ajoutant un porte-manteau et des mannequins en plastique blancs.
Des bruits sourds se firent soudainement entendre et le panneau en bois vibra violemment.

- On fiche le camp.

Fébrile, la militaire effectua le tour de la réserve en quelques secondes. Une sueur froide dégoulina le long de son dos quand elle constata avec horreur qu'il n'y avait pas d'autre issue.

- Putain, c'est pas vrai. Dites moi que c'est un cauchemar.
- Reiko..., commença la fillette d'une voix blanche. Reiko... Ils arrivent.

Les plaintes du vantail étaient de plus en plus fortes et elle en déduisit qu'il allait bientôt céder.

- Je sais, ça va aller, ânonna-t-elle, essoufflée, sans vraiment y croire. Je vais trouver une solution.

Un rai de lumière perça la noirceur ambiante et Reiko avisa un soupirail à environ un mètre cinquante du sol.
"Il semble être suffisamment large pour moi."
Elle le déverrouilla à l'instant où le panneau se rompait. Son sang-froid mis à rude épreuve, elle happa sa protégée et l'aida à se faufiler dans l'espace exigu, pendant que leurs assaillants s'empêtraient dans le tas d'habits.
Une fois l'enfant dehors, elle grimpa sur une chaise et se hissa tant bien que mal à sa suite. Des cris furieux résonnèrent derrière elle et, avec l'énergie du désespoir, elle força sur ses bras pour s'extirper vers l'extérieur.

A Galaxy Railways Story : ReikoWhere stories live. Discover now