Chap 5 : Sous bonne escorte

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- Hors de question.
- Allez ! C'est beaucoup trop JO-LI.
- Ça, je ne crois pas.
- J'ai déjà mis la mienne, enfile celle-là !
- Louise, reste loin de moi !
- Et tu veux aller où comme ça ?

Perplexe, David écoutait les éclats de voix qui lui parvenaient à travers la porte. Il fut bientôt rejoint par Bruce et Manabu, tirés à quatre épingles. Grincheux, l'artilleur n'avait pas enfilé sa veste et l'avait nonchalamment jetée sur son épaule.

- Tu fais quoi ici, pervers ?
- Devant les vestiaires des filles, ajouta Manabu, méfiant.
- J'hésite à intervenir. C'est la guerre là-dedans.
- N'y pense même pas, l'avertit son ami.

Un cri de douleur les fit sursauter.

- Tu m'as planté une épingle dans la peau !
- Si tu gigotais un peu moins, ça n'arriverait pas.
- C'est bon, c'est bien là.
- Pour le bal des épouvantails, peut-être.

Bruce ricana tandis que Manabu s'avançait vers la porte, interloqué.

- C'est une bataille que je refuse de mener, allons-y.

Au même instant, le battant s'ouvrit à la volée. Reiko déboula tel un avion de chasse pour échapper à Louise, armée d'une brosse à cheveux et d'autres instruments capillaires. Elle avisa les garçons avec surprise et se réfugia derrière Bruce en pointant son amie du doigt.

- Instructeur, empêche cette folle de me toucher.
- Hé, protesta-t-il. Vous avez pas bientôt fini votre cirque ? On vous entend dans tout le bâtiment !
- Fais pas l'enfant, Koko.
- Range ton bâton de l'enfer et on pourra discuter.
- Ne dis pas n'importe quoi ! J'ai jamais vu quelqu'un refuser aussi catégoriquement du mascara.

Reiko poussa Bruce en avant.

- Tu peux le maquiller, lui.
- Pardon ?, lâcha-t-il en manquant de s'étouffer.
- Ou Manabu, je m'en fiche mais moi tu me laisses tranquille !

Un toussotement fit se retourner les membres du peloton Sirius dans un ensemble presque parfait.

- J'imagine que ce remue-ménage signifie que tout le monde est prêt ?
- Oui, Commandant !

À regrets, Louise rangea ses produits de beauté, telle une artiste déçue de ne pas avoir achevé son œuvre.
L'unité, avec Schwanhelt Bulge à sa tête, se dirigea vers le quai principal de la gare de Destiny. Mal à l'aise, Reiko tirait sur son habit dans l'espoir de l'allonger davantage. Louise avait réussi à lui faire enfiler une petite robe noire à volants sous laquelle elle avait dissimulé son cosmogun. Son corsage, un peu trop étriqué, lui enserrait la poitrine malgré le col bateau qui dégageait ses épaules. Elles avaient également dû batailler près de vingt minutes pour dompter la crinière de Reiko, la brosser et la ramener en queue de cheval sur sa clavicule.

- Pour cette mission nous travaillerons en collaboration avec le peloton Vega. Ils assureront la protection de l'express 888 à bord de l'Iron Berger pendant que nous investirons l'intérieur du train. Des questions ?
- Le costume, c'était vraiment nécessaire ?, questionna Bruce, maussade.
- Nous devons officier incognito, rappela le Commandant. Pour le bon déroulement du concert et pour ne pas inquiéter les passagers.
- J'ai hâte d'écouter le violoniste Adrian Von Meister !, s'extasia Louise. Il est réputé aux quatre coins de l'univers.
- Vraiment ? J'en ai jamais entendu parlé.
- Tu as dû grandir dans une grotte, Koko.

Louise tourna sur elle-même avant d'attraper Manabu par le bras.

- Tu ne trouves pas que cette robe rose me va bien ?
- Si.. Si, balbutia-t-il en rougissant.

Reiko laissa échapper un petit rire sous cape devant l'embarras de son collègue.

- Comme vous l'avez compris, reprit le Commandant, il s'agira d'une mission d'escorte. Même si les risques d'attentat sont faibles, je veux que vous restiez professionnels.

Le peloton Sirius parvint sur le quai d'embarquement du 888, sur lequel patientaient déjà les équipiers Vega. Ces derniers les accueillirent tantôt avec un sourire narquois, tantôt avec un sifflement impressionné.

- En fait, t'es pas trop vilain avec un beau costume, railla Silver en tirant la chemise de Bruce.
- Ferme-la ou je te fais une belle cicatrice pour s'accorder avec ton cache-oeil.
- C'est qu'on est susceptible en plus.

Valdivia s'inclina devant Louise en posant sur elle un regard appréciateur.

- Si la belle plante est disponible pour boire un verre après la mission, je me tiens à sa disposition.
- Même pas en rêve, répliqua-t-elle en rougissant, flattée par le compliment.

Reiko, mal à l'aise, se tenait à l'arrière du groupe. Elle comptait sur les doigts d'une main les fois où elle avait porté autre-chose qu'un pantalon, et les jupes n'en faisaient pas partie.

- Hé, pourquoi tu te planques ?
- Salut Moritz.

Elle croisa les bras autour de son ventre.

- C'est sympa, dit-il en désignant la robe. Ça te va bien.
- J'ai pas eu le choix, se justifia-t-elle.
- Dommage qu'on ne soit pas avec vous.

A Galaxy Railways Story : ReikoWhere stories live. Discover now