ne former qu'un

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- Valentin ! S'enthousiasma Dr. Chandler. Ça fait longtemps, installe-toi. 

Ça ne faisait pas si longtemps que ça, probablement deux semaines. J'avais annulé mon rendez-vous de la semaine d'avant parce que je voulais la voir. 
Khosi me manquait. 
Une personne raisonnable aurait probablement attendu le jour suivant pour voir la personne qu'elle aime, mais ce n'était pas mon cas. J'avais envie de la voir, de voir à quel point elle était toujours aussi belle ou plutôt à quel point elle devenait encore plus ravissante chaque seconde qui passait. Alors j'avais décidé d'aller la voir au lieu d'aller en thérapie. 

De toute façon, le monde semblait bien plus léger quand j'étais avec elle. Au point où j'oubliais le genre de personne que j'étais. C'était ce genre d'effet qu'elle avait sur les gens. 
Plus rien n'importait quand cette jeune femme me montrait le moindre petit signe d'intérêt. 
J'étais aux aguets de chacun de ses gestes, attendant le moment où elle contenterait mon cœur devenu avare de son amour. 

Je m'installai sur mon siège habituel. Je ne l'avais jamais remarqué avant, mais il était vachement confortable, doux comme de la soie. Ou peut-être que c'était le fait d'être enfin en couple avec Khosi que tout devenait soudainement incroyable et beau. 

- Qu'est-ce qu'il s'est passé depuis ? Me demanda-t-elle. 

- Oh, vous savez pas grand chose ! Fis-je un grand sourire aux lèvres. 

Je n'avais qu'une seule hâte : lui annoncer que j'étais avec la femme, celle qui avait changé le cours de mon existence banale jusqu'à présent, celle qui faisait trembler mon cœur simplement parce qu'elle m'accordait le privilège de respirer à côté de moi, celle dont j'étais complètement fou amoureux. Ça me brûlait la langue et à chaque discussion que j'avais depuis mercredi, je ne pouvais m'empêcher de la mentionner au moins une fois. 

- Ton sourire me laisse penser que de grandes choses se sont produites. Remarqua-t-elle. Dis-moi tout. 

- Khosi et moi, on est ensemble ! Annonçai-je, un brin trop enjoué. 

J'avais du mal à cacher ma joie. 

- Vraiment ?! Comment ça s'est passé ? 

- Je l'ai invité au restaurant. Vous savez le dessert qu'elle voulait vraiment manger ? J'en ai trouvé un qui le faisait et il avait 4,1/5 sur TripAdvisor. Donc, j'ai fait une réservation. On a mangé, on s'est baladé dans Paris. On a vu une robe de chez Channel aux Champs-Elysées, elle était magnifique. Khosi a dit qu'une fois riche, elle s'achèterait une robe comme celle-ci. Ensuite, on a pris une glace, on est allé au Jardin des Plantes. puis on a fini devant Garnier. Racontai-je à une vitesse fulgurante. Et vous savez ce qu'elle a dit ?

Elle hocha négativement la tête, ce qui était tout à fait logique.

- Elle a dit qu'elle aimerait me voir danser sur la scene de l'Opéra Garnier un jour. Fis-je. 

- Oh, c'est adorable ! S'extasia ma thérapeute. Et tu lui as répondu quoi ? 

- Que ça me prendrait beaucoup de temps. Dis-je. Elle n'est pas de cet avis, mais après qu'elle ait dit ça, j'ai pris mon courage à deux mains et je lui ai avoué que j'avais des sentiments pour elle et que je voulais être avec elle.

- Et elle a accepté, je suppose, puisque vous êtes ensemble. Compléta Dr. Chandler. Comment tu te sens depuis que c'est arrivé ?

Je pris le temps de réfléchir. Depuis que j'avais rencontré Khosi, j'avais réalisé que mes émotions étaient plus difficiles à exprimer qu'il n'y parait. La tristesse n'était plus seulement se sentir vide ou malheureux, mais elle pouvait être de la désespération, du découragement ou de la dépitation. La colère n'était pas que rage, c'était aussi l'irritation, la déception et la peur. Et l'amour n'était pas seulement de l'affection, mais il se poursuivait. C'était être à la recherche du moindre contact avec l'être aimé, c'était trouver une pièce manquante en nous et nous apprendre tant de choses. 

- J'ai l'impression de me redécouvrir moi-même. C'est pas une mauvaise chose, ce ne sont que des bonnes surprises. Répondis-je. Ça m'impressionne un peu. 

- Et qu'est-ce que t'as remarqué ? 

- Je pense que j'ai moins peur d'être honnête avec mes émotions. Elle fait ressortir mon coté fleur-bleu, je vois le positif partout. C'est comme si j'étais constamment sous anesthésie, pas le genre qui m'envoie sur une autre dimension, mais le genre qui m'adoucit. Tentai-je d'expliquer. Est-ce qu'aimer fait ça aux autres ou c'est juste parce que je suis bipolaire que c'est comme ça ?

Elle m'offrit un sourire rassurant. 

- C'est comme ça pour tout le monde. Au début de la relation, tout est beau, nos émotions sont très fortes et le monde semble parfait. On pense que l'amour nous aidera à affronter toutes les difficultés, c'est la phase de fusion, ou lune de miel comme certains aiment l'appeler. Énonça-t-elle. Dans ton cas, peut-être que tu as l'impression que s'est décuplé parce que tu as aussi différentes phases à gérer. Ca peut être plus intense mais tes sentiments sont tout à fait normaux. 

- J'ai l'impression que vous êtes en train de dire que la phase de fusion ne va pas durer. Relevai-je. 

J'avais dénoté une certaine intonation dans sa voix lorsqu'elle m'expliquait tout ce manège émotionnel, comme si elle disait que les choses après seraient différentes. Je ne voulais pas que ça change, je voulais rester comme ca pour toujours. 
Peut-être qu'elle avait raison, je ne voyais que par l'amour mais je ne voulais pas me voir autrement avec Khosi. 

- Pour certains couples, cette phase dure plus longtemps que pour d'autre mais en général, ça dure trois mois. Avoua-t-elle.

- Pas pour moi. Ripostai-je. 

Trois mois correspondaient à la durée de notre pari, non pas à la durée de cette phase. 
Si je devais en saigner pour ne jamais quitter cette phase, je le ferais. 

Elle ne dit rien et se contenta de prendre des notes. 

- C'est intéressant. Déclara-t-elle. Il y a peu, tu disais ne pas te sentir en raccord avec tes émotions mais à l'instant, tu viens de me prouver que tu les ressens bel et bien. 

- J'ai aussi remarque ça. Dis-je. Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire. C'est bizarre de soudainement tout ressentir. 

- Ça te rend plus humain. Dit-elle. C'est une bonne chose. 

- Je ne l'étais pas avant ? Fis-je surpris.

- C'est pas ce que je dirais. Décréta-t-elle. C'était plus de l'indifférence. Tu n'avais pas grand chose à perdre, alors le monde pouvait bien te tomber dessus, que tu aurais à peine réagi. Maintenant, c'est différent. Khosi est là.

"Khosi est là."
C'était la plus belle phrase que mon cœur n'avait jamais entendu.
Si léger, si calme, si vivant et agité parce que Joy était désormais à mes côtés.












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vu qu'on nage dans l'amour, quel est le truc le plus romantique qu'on a fait pour vous ?

FRÔLE-MOI LE CŒUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant