Dans tes yeux, Neteyam | Neteyam x OC | EN PAUSE

49 - La vérité dévoilée au grand jour -

-Je pense que je me suis tellement faite à l'idée que je ne les re-verrais jamais que je refuseras d'y croire, et que je serais incapable de les réintégrer vraiment dans ma vie. Ce serait trop douloureux, je les pense tous morts. Peut être même que je serais en colère, en colère qu'ils n'aient pas cherché à me revoir. Après je dis ça mais je n'en sais rien en soi.

-Mais pourquoi ce serait trop douloureux ? demande à son tour notre hôte.

-J'aurais construit ma vie et ma personnalité sans eux, je sais pas, c'est comme si je devrais leur faire une place, mais ce serait compliqué. Tu ne peux pas débarquer dans la vie de quelqu'un alors que tu en as disparu quinze ans auparavant et faire comme si tu avais toujours été là durant les plus grands moments, dis-je en secouant la tête.

-Je comprend, honnêtement, je pense même que je réagirais comme toi.

Nous débattons encore une fois sur nos ressentis.

-Et puis, Pandora est vaste. Il y a quand même très peu de chance que je les retrouve s'ils ne sont pas tous morts. Je ne sais même pas si j'avais des frères ou des sœurs, je sais juste que mon père est peut être mort sous mes yeux, je l'ai vu dans l'une de mes visions.

Elles acquiescent et nous changeons de sujet. Mais malgré tout, j'ai la tête ailleurs. Et si l'un d'entre eux était encore vivant ? Et si je les retrouvais ? Et s'ils me détestaient ? Et si j'étais tellement faible que je les rejetais, ne sachant encore une fois pas comment réagir correctement ?

Ça y est, je suis repartie dans ces vagues de questions, sans jamais en voir le fond. J'essaie tant bien que mal de me concentrer sur la discussion des filles.

-J'ai déjà trempé les affaires préférées de mon frère dans des algues vertes. Je te laisse imaginer sa tête quand il a vu ça ! rit Ayrì.

Kiri explose de rire et elles se racontent encore des anecdotes sur leurs frères et sœurs. Pourquoi je suis tant éloignée de cette discussion ? Pourquoi ça me regarde si peu ? Pourquoi je n'ai pas, moi aussi, des choses à raconter à ce sujet ?

Parce que tu as perdu la mémoire, tout est de ta faute. Tu n'as pas su être assez forte pour garder ces traumatismes en toi. Et que les seuls souvenirs que tu as sont violents et ne font ressortir que la guerre et le massacre.

-J'ai mal à la tête, sortais-je au filles à cause de cette petite voix. Je pense que je vais aller me reposer.

-Tout va bien ? s'enquiert mon amie.

-Oui, oui t'en fais pas, répondais-je en souriant.

Je pars doucement de la chambre et vais rejoindre celle de Neteyam. Lorsque j'arrive, il est en train d'écrire dans son petit carnet, que j'avais trouvé un jour. Je m'en souviens. Il se tourne vers moi et me souris.

-Viens, m'invite t-il en ouvrant ses bras.

Je vais m'y réfugier rapidement et me colle à lui. Je le sens froncer les sourcils.

-Qu'est ce qu'il se passe ?

Je lève la tête vers lui et me redresse, m'adossant à la paroi, laissant tomber ma tête en arrière en regardant droit devant moi.

-Et si j'avais des frères et sœurs qui me cherchaient tandis que je ne suis même pas au courant de leur existence ? lâchais-je. Tu penses que s'ils sont encore vivants et que je les trouvais je les reconnaîtrais ?

Il me regarde et incline la tête.

Pourquoi est ce que tu te plains tout le temps ? Ah oui, tu es faible.

-Tu n'y es pour rien.

-Mais si, bien sûr que si. Il aurait suffit que je sois assez forte pour retenir tout ça et vivre avec ces traumas, au moins je n'en serais pas-