✷ Smoke Signals.

Seize et demi. ✷ Interlude.

Septembre 2022, Italie. ✷ NARRATEUR.

La saison des Monstres est ouverte et s'il y a bien un démon qui hante le narrateur, c'est l'incompréhension de son récit alors, pour les spectateurs dissipés, ( ou égarés ? ) reprenons les choses depuis le début. ( Pas le début littéral, évidemment. L'été cruel est laissé derrière nous désormais, une ombre du passé, malgré le fait que certains monstres aient réussi à se faufiler dans la partie suivante, qui nous intéresse désormais. Papa s'est mit dans les valises. Faucheuse aussi. )

Après un calendrier chargé, le mois de septembre semble bien pâle ; comme le teint de Gabriele Zacchi quand elle s'est envolé pour l'Albanie en laissant derrière elle une Sveva pleureuse qui n'arrive pas à aligner ses mots. ⸺ Elle qui a tenté, par le biais de son Apollon, de dissimuler son secret au public qui l'observait. ( Et elle a réussi ! Mais les projecteurs vont se braquer sur elle. )

Sveva Cesare, c'est la Cassandra des temps modernes et son Apollon, c'est Federico. Nos deux protagonistes ont une relation amour-haine engendrée par Suzana, que l'on connaît sous le masque de Patrocle. Et alors, vous me demanderez, comment Cassandra peut-elle se muer en Achille ? Nos amantes maudites ont vécu plusieurs vies, cela, il faut le comprendre. Et ce qu'il faut surtout comprendre ici, c'est que nos Troyennes ne partagent plus les mêmes sentiments qu'avant. ( Certains diront qu'elles ne partagent plus grand-chose, mais je ne suis pas de cet avis. ) Les mensonges s'entassent désormais à la place des cadavres qu'elles avaient l'habitude de laisser sur leurs chemins. Une amitié bancale qui se voit assombrir pour l'Amour qu'elles portent chacune à un homme différent. ( Une honte ! )

Une amitié réduite en cendres par le Vésuve romain ( Sveva ) que son amie a poignardé pour rendre hommage à son nom de famille ( Suzana ) qui ne sera jamais le sien. Suzana Cesare, la maladresse imbibée dans ces syllabes n'aurait jamais pût survivre, soyons honnêtes. Sveva Di Blasio ? Ça roule sur la langue, ça fait rougir les joues. Mais ça détruit le cœur. Ça ruinerait les plus grands empires, tas de poussière sous leurs chaussures de créateurs. Avec un nom pareil, le temps n'aurait plus aucun pouvoir sur la vie : c'est Sveva qui en posséderait l'intégralité. ( Pouvoir à défaut de la fidélité, est-ce un bon échange ? On ne peut pas avoir les deux. On ne peut pas contrôler son empire sentimental et rester fidèle à nous même. L'un des deux doit mourir. L'une des deux doit mourir, et c'est toujours Patrocle qui quitte la scène en premier. )

Et si cette histoire prône la famille choisie avant la famille ensanglantée, parfois, c'est n'est pas toujours le cas. Parfois, même la famille choisie ne suffit pas. ⸺ ( Car qu'est-ce qui nous retient à eux ? Belina nous l'a dit, la famille, et plus particulièrement une fratrie, peut traverser des épreuves auxquelles n'importe qu'elle amitié ne pourrait pas survivre. Et peut-être que si leur sang n'était pas différent, Suzana et Sveva seraient restées des sœurs jusqu'à la tombe. Peut-être que Gabriele et Palmira connaîtront le même sort. Peut-être que toutes les amitiés sont vouées à se terminer. )

Sveva et Gabriele sont deux morceaux rafistolés de la famille Di Blasio. Elles ne sont pas, et ne seront jamais, les personnages principaux de la Maison Soleil, puisqu'elle appartient à Suzana et Palmira, depuis le premier jour et jusqu'au dernier. Elizaveta, que nos gamines nommaient toutes Nonna, se trouverait déçue, de voir ses petites filles chéries se déchirer comme cela. ( Puisqu'à Maison Soleil, la règle de la famille ensanglantée ne s'applique pas. Et peut-être que le message est mal passé pour Suzana. Mais Nonna pouvait-elle prévoir ce qui allait se dérouler ? Pouvait-elle savoir que Gabriele mettrait Palmira en danger et que Sveva abandonnera Suzana pour un homme qu'elle est sensée détester ? Que Suzana ferait la même chose sans s'en rendre compte ? Que les torts sont partagés et que ni l'une, ni l'autre ne veut les avouer ? Elle doit se retourner dans sa tombe, Giovanni tenant sa main, lui disant que tout ça va s'arranger. )