La rançon de la gloire

CHAPITRE 11

Je joue distraitement avec mon stylo, ce qui représente l'un des seuls sons dans la pièce depuis plusieurs minutes. À côté de moi, Sasha pianote frénétiquement sur son clavier d'ordinateur. Elle m'a dit qu'elle continuait de travailler sur ses autres dossiers en attendant que Carlos arrive et cela dure depuis une bonne trentaine de minutes. Nous sommes arrivées avec un peu d'avance au cabinet de Sasha, mais là, celui qui est censé être mon futur agent est clairement en retard. Sasha m'a parlé du quart d'heure syndical durant lequel le retard reste acceptable, sauf qu'il arrive bientôt à son terme. Ne devrais-je pas m'inquiéter, sachant qu'être à l'heure à un rendez-vous, notamment avec sa potentielle future cliente, relève de la norme en termes de professionnalisme ?

Le concerné finit par arriver quelques minutes plus tard, en sueur, essoufflé, et les cheveux légèrement en bataille. La première pensée qui me vient à l'esprit est qu'il a loupé son réveil, ne me rappelant que trop tous ces moments de panique que j'ai moi-même vécu. Mais lorsqu'il explique qu'une de ses clientes a eu un gros problème personnel de dernière minute lui causant un contretemps, je m'en veux tout de suite d'avoir pensé ça.

« Avant que nous ne commencions, j'aurais une question pour vous, lâché-je soudainement, à la surprise de tout le monde.

— Je vous écoute, répond immédiatement Carlos en s'asseyant.

— Pourquoi est-ce que je devrais travailler avec vous et pas avec quelqu'un d'autre ?

Ma question semble l'amuser vu son petit sourire en coin. Il prend une petite inspiration et se lance :

— Si vous voulez devenir la prochaine étoile montante d'Hollywood, je suis l'homme qu'il vous faut ! déclare-t-il simplement.

— Vous semblez bien sûr de vous...

— C'est parce que j'ai confiance dans la qualité de mon boulot et dans ce que je vous dis. Faites-moi confiance et je réaliserai tous vos rêves !

— Bon, de toute façon, je vous l'ai dit, je compte vous faire fais passer une période d'essai. Je dois avoir quelqu'un capable de garantir mes droits et faire ma publicité auprès des agences.

— C'est mon quotidien chérie, je m'occupe de tout, ne vous en faites pas. Merci de me faire confiance. »

Nous entamons ensuite la lecture du contrat de travail avec Sasha que Carlos accepte en tous ses termes. Une fois les signatures faites, Carlos discute avec moi de ses premières idées pour développer ma carrière pendant l'heure qui suit, jusqu'à ce que Sasha nous annonce qu'elle a un autre rendez-vous de prévu. Carlos et moi échangeons nos numéros en bas de l'immense building. Sur le chemin du retour, alors que je l'ajoute parmi mes contacts sous l'appellation « Agent » sur mon téléphone, ce-dernier se met à vibrer.

Je me stoppe net en plein milieu de la rue en voyant le message qui vient de m'être envoyé. Quelques passants manquent de me rentrer dedans. Je m'excuse maladroitement et reporte immédiatement mon attention sur mon écran de téléphone dont la notification vient de disparaître. Deux. Deux simples petits mots qui me déstabilisent plus que je ne le devrais. Ça pour une surprise...

« Salut newbie. »

****

La tête vissée en face de mon écran d'ordinateur et un air sérieux scotché sur le visage, on pourrait croire, de l'extérieur, que je suis calmement en train de travailler. Pourtant, ma jambe qui tressaute trahit l'état mental réel dans lequel je me trouve. J'effectue actuellement des recherches pour aider Adam à avancer dans son travail. Mon esprit dérive lentement, se remémorant la conversation par messages de la veille avec Adam. Il m'a fallu quelques minutes pour que la surprise passe.