I hate you but I love you

Extra I

Confortablement affalée dans l'un des divans installés dans le fond de la guilde, je sirotai un jus de fruit à l'aide d'une paille, pour ne pas avoir à lever ne serait-ce que le petit doigt. Le livre que j'avais trainé jusqu'ici et que j'avais pourtant hâte de dévorer, trônait, intacte, sur la petite table devant moi, sa couverture me faisant de l'œil. Mais je n'avais pas la force de l'attraper.

- Tu parles d'une vision d'horreur, intervint une voix. Depuis quand tu t'es transformée en loque?

- Bonjour à toi aussi Luxus, répondis-je en soupirant.

Tout sourire, le colosse vint prendre place à mes côtés. Enfin, pas vraiment à mes côtés, en fait. Le canapé avait beau être prévu pour deux êtres humains normalement constitués, il se transformait en simple fauteuil monoplace quand Luxus s'y asseyait. Quant à moi, je n'eus même pas la force de me glisser loin de son bout de fesse qui était posé sur ma cuisse. C'était dire à quel point j'étais vraiment devenue une loque, comme il se plaisait à le dire.

- Ça fait une heure que tu es là, remarqua-t-il. Qu'est-ce qui t'arrive? 

- Il m'arrive que Natsu m'a encore emmenée en mission. Je suis sur les rotules.

- Il paraît que vous avez détruit la maison du commanditaire.

- Merci de ne pas m'associer à ça.

Toujours armé de son large sourire amusé, il se décala légèrement pour se mettre à l'aise, me lacérant la jambe au passage. Je ne bougeai pas pour autant.

- Lucy? Qu'est-ce que tu fais là? Demanda alors Grey qui passait par là.

Je soupirai, déjà lasse de devoir fournir de nouveau des explications sur la raison de ma fatigue évidente. Pourtant, le mage de glace ne me laissa pas le temps de répondre, il avait déjà jeté un coup d'œil à l'immense pendule qui surplombait le bar, et s'était de nouveau tourné vers moi, un sourcil largement arqué.

- Je croyais que les ex-Sabertooth arrivaient à midi à la gare? C'était pas aujourd'hui?

Oh.

Je levai à mon tour les yeux vers l'horloge.

Midi vingt.

Je me redressai comme un piquet, soudain revigorée, et j'attrapai la main de Luxus dans la foulée. Bien sûr, vu son poids, il ne bougea pas d'un iota quand je voulus entamer ma course vers la sortie de la guilde. Je failli d'ailleurs me déboîter l'épaule en tentant de le déloger de son siège. Bien sûr, cela sembla être le cadet de ses soucis.

- Et pourquoi est-ce que je dois venir? Demanda-t-il tout de même.

- Aller, tu m'aidera à trouver une excuse pour mon retard!

- Tu rêves, ma grande.

Il leva le menton, fronçant les sourcils, avant de sourire de plus belle.

- Et puis, c'est trop tard.

J'entendis alors les lourdes portes grincer dans mon dos. Je me retournai comme un lapereau apeuré, et ce pour voir toute la clique des anciens membres de Sabertooth entrer dans l'auberge. Rogue, Yukino, Orga, Rufus, Minerva et puis, bien sûr, Sting. Ils entrèrent comme s'ils étaient de retour d'une longue mission et qu'ils revenaient enfin à la maison. Pourtant, c'était bel et bien la première fois qu'ils mettaient les pieds ici.

- Mes enfants, vous voici enfin! S'exclama Makarof en sautant du bar.

Mon attention se détacha bien rapidement du maître tandis que je portai mon regard sur l'objet de toutes mes pensées : Sting. Nous ne nous étions pas vus depuis près de trois mois. Après la fin du tournoi, mon équipe et moi avions enchaîné les interviews et les requêtes de missions, tandis que l'équipe de Sabertooth avait dû s'occuper de la dissolution de la guilde et d'organiser leur déménagement. Ils avaient tous dû rendre leurs appartements, vendre leurs meubles et prévoir leur arrivée à Magnolia. Pendant tout ce temps, nous avions à peine eu le temps de nous envoyer quelques lettres, toutes plus succinctes les unes que les autres. Mais nous savions que nous allions nous retrouver, et c'était ce qui nous avait fait tenir. Enfin, pour ma part. Quand à Sting, il n'avait pas une seule fois écrit que je lui manquais. Ou qu'il m'aimait.