–Toi, 마녀. (sorcière) Surenchérit ma meilleure amie.

Je ne peux cacher mon amusement devant la scène. Yoona n'arrive jamais à tourner sa langue sept fois dans sa bouche.

Depuis ma position je vois la jambe d'Owen tressauter rapidement et son regard concentré sur les dossiers caler dans ma main. J'hausse un sourcil lorsque sur mon visage se peint d'un sourire moqueur. Ses yeux sont gorgés de sang, les arcs de cercle violette qui creusent son regard me laissent apercevoir son manque de sommeil. Les deux femmes continuent de se renvoyer la pierre tandis que nos iris restent ancrés l'une dans l'autre, il me transmet tout sentiment confondu me perdant presque. Il est sur le point de craquer, sa respiration est saccadée et paraît douloureuse.

Peut-être que Naël à raison, je suis le diable en personne car voir Owen faible me procure un sentiment de satisfaction que je ne pensais jamais avoir la chance de ressentir.

–Moi au moins je ne suis pas amoureuse d'un homme avec un humour douteux !

–Eh j'te permet pas ! C'était Naël qui venait de s'indigner face au pic de Yoona

–Putain mais vous allez la fermer ! La grosse voix d'Owen venait de mettre fin à cette querelle enfantine plongeant la salle dans un silence lourd.

–Rosália tu vas nous dire oui ou non pourquoi nous sommes là, tu joues avec ma patience !

–Tu es stressé Owen, je demande calmement en jouant avec les dossiers dans mes mains.

Ce dernier concentre une énième fois son regard sur ces maudites feuilles. Et je ne peux cacher ma satisfaction dès lors que je comprends que le contrôle de ses émotions m'appartient. 

"les personnes comme nous cachons des choses bien plus sombres et déroutantes que ces conneries de faux documents. Regarde autour de toi, ils sont tellement cons qu'ils te tendent le bâton pour les battre."

Ce sont les paroles de Zacharia qui me reviennent en tête. À mesure que le temps passe, je réalise qu'il avait sûrement raison. Je devais être plus vicieuse, mature que ces gens-là. 

Cependant la haine que je ressentais au plus profond de moi me rongeait l'âme, au point où j'en étais devenue obsédée. Je pensais être capable de m'enfuir, partir sans leur dire au revoir. Mais ce sentiment égoïste qui disait que si je souffrais alors eux aussi devaient mourir, m'a fait commettre l'irréparable. Ils étaient dans mes cauchemars, mes jours heureux comme tristes, leur visage me hantait. Ils ne m'ont jamais réellement quitté. Il suffisait de regarder ces traits fins dessiné sur mes avants bras, miroir de ma détresse et mon mal-être pour comprendre que ce sont eux qui les ont créés. C'est peut-être ma main qui a pris le bout de verre pour les faire, mais ce sont leurs visages et leurs voix qui étaient maîtres de mon corps. Tout est de leur faute.

Je n'arrivais plus à me regarder dans le miroir, leur mots était écrit à l'encre indélébile dans mon cerveau. Je ne me voyais qu'aux travers de leurs yeux pervers, j'en avais même oublié le regard amoureux de Zacharia. Je crois que pour lui aussi ce n'est qu'un lointain souvenir.

Mais dieu merci j'ai  réussi à évoluer car aujourd'hui mon passé est devenu ma force. Ces cicatrices me rappellent mon combat, celui que j'ai réussi à gagner. Je n'ai plus honte de moi, fraternisant avec la femme que je deviens à chaque instant. Chaque passé est douloureux mais pour évoluer il faut tomber pour se relever, et surtout apprendre. Vivre chaque instant avec le cœur, et comprendre nos erreurs ainsi que nos souffrances grâce à notre tête. 

Je me racle la gorge en papillonnant des yeux avant que les larmes ne viennent prendre le dessus, puis me concentre sur les personnes en face de moi. Je rassemble les feuilles dans mes mains puis commence solennellement.

REVENGE MEWhere stories live. Discover now