Sentinelles -Tome 1- : Une disparue, une licorne et un monde mystique

Chapitre 11

C'était une silhouette. La silhouette d'un homme avec des ailes. Des ailes d'un blanc éclatant. Je ne voyais cependant pas son visage. Puis la silhouette disparue, laissant à la place une magnifique licorne, aux yeux noir onyx et au pelage blanc. Elle me fixait intensément. Elle semblait vouloir me transmettre quelque chose, sans y parvenir.

***

Quand j'ouvris les yeux, je me trouvais sur la banquette arrière d'une voiture. Et pas n'importe laquelle. Un zombie en était le conducteur.

-Tu es enfin réveillée ! grommela Yüna, assise à côté de moi.

Léa était confortablement installée sur le siège passager avant, et suivait la route des yeux.

-Que s'est-il passé ? demandai-je.

-Tu as perdu connaissance dans la forêt. Je ne sais pas comment, commença ma tante. Mais c'est incroyable : tu as réussi à te retransformer, et habillée ! Personne n'y arrive avant plusieurs pleines lunes.

Je m'étais rendu compte que c'était étrange. Puis je me rappelai la créature.

-C'est une licorne qui m'a envoyé valser contre un arbre, expliquai-je.

Léa et le zombie éclatèrent de rire, et même Yüna eut un petit rire moqueur.

-Qu'y a-t-il de drôle ? me vexai-je.

-Les licornes n'existent pas, me dit gentiment ma tante.

-J'en ai pourtant vu une.

-Ce devait être un cheval.

-Avec une corne ? J'en doute fort.

Léa semblait perplexe.

-Tu en es sûre ?

-Absolument. Elle brillait même.

-Tu es sûre que le zombie ne t'a pas mordue ? ricana Yüna.

-Je n'ai rien fait ! s'indigna le principal concerné.

-Oui, c'est juste Ophélie qui perd la boule, ironisa la femme aux mèches rousses.

-Je ne perds rien ! m'indignai-je. J'ai vraiment vu une licorne.

-On en reparlera à la maison, déclara Léa. Le moment n'est pas approprié.

-A la maison ?

-Oui, que tu te sois retransformée en pleine lune, et qui plus est, totalement vêtue, est inhabituel pour une première transformation. D'autant plus que je t'ai retrouvée inconsciente par terre. Mon mari est médecin. Il pourra vérifier que tu ailles bien.

Savoir que j'allais rencontrer ma cousine et mon oncle par alliance me réchauffa le cœur, et je me sentis immédiatement mieux. Malheureusement, Yüna ne put s'empêcher de gâcher mon bonheur.

-Il en est hors de question !

-Pourquoi ? m'écrai-je.

-Christelle m'a chargée de te surveiller et de te ramener à la fin de la nuit.

Les ordres de Christelle commençaient sérieusement à m'énerver.

-J'ai envie d'aller chez Léa.

-Je ne te demande pas ton avis. Il faut que je te ramène, grogna la jeune femme.

-Si je peux m'imposer, dit soudain ma tante, la nuit est loin d'être finie. On a encore le temps. Je suis sûre que tu meurs de faim, Ophélie.

Comme pour lui répondre, mon ventre gargouilla. Je rougis et elle sourit.