Oak Ridge Campus #1 King ©

Chapitre 3 - Brooke ⛸️

— Je t'adore, je te l'ai déjà dit ? déclaré-je, aux anges.

— Depuis que nous sommes gamins, ricane Tray. Je dois t'avouer que l'idée de ne plus te voir débarquer ici deux fois par semaine est un peu démoralisante.

Je fronce les sourcils, puis enfonce un doigt dans son flanc. Automatiquement, il sursaute, puis s'éloigne. Il semble toujours aussi chatouilleux que dans mes souvenirs.

— Qui a dit que je ne viendrais plus ? Tu ne te débarrasseras pas aussi facilement de moi, Trayvon Anderson, lui promets-je.

Il s'agit du seul ami que j'ai dans le coin, il n'est pas au courant non plus de tous les soucis qui m'ont poussé à venir m'installer à Oak Ridge. Il croit que je voulais changer d'air, être plus près de ma grand-mère, ce qui en soit n'est pas faux. Disons simplement qu'il ignore ce qui m'a « motivé » à vouloir tous ces changements dans ma vie. Et c'est d'autant mieux comme ça.

— Je peux la voir ? demandé-je avec des yeux de merlan frit.

— Qu'est-ce qu'on a dit ?

— Que je ne le pourrais qu'une fois le boulot terminé, ronchonné-je. Tu es sadique, sache-le !

Il s'esclaffe, puis passe un bras autour de mes épaules avant de déposer un baiser sur mes épais cheveux bouclés.

— Alors, comment va Keysha ? Elle s'en sort ?

Sa petite-amie n'a pas arrêté de bosser pendant tout l'été, en Californie, dans un camp de vacances d'après ce qu'il m'a dit. Les cours à l'université ont débuté il y a deux semaines, alors qu'il m'avait confié qu'elle était dépassée et qu'elle lui manquait. Ils ont l'air de former un couple trop mignon, j'ai hâte de pouvoir la rencontrer.

Tray est un mec en or, doux, attentionné et bienveillant. Sans oublier qu'il est très beau garçon. Lorsque j'étais petite, je craquais pour lui en secret. Il a été ma première amourette. Je le voyais lorsque je venais visiter mon père pendant les vacances d'été, ainsi qu'à Noël. Nos paternels étaient amis depuis le lycée et ils ont toujours tout fait pour nous fourrer ensemble dès qu'ils en avaient l'occasion. Néanmoins, une fois ado, j'ai compris que je l'aimais comme un frère. Un grand frère même.

Je l'ai perdu de vue pendant très longtemps, mais il n'a pas hésité à m'accueillir les bras ouverts lors de mon arrivée. Après des mois très difficiles, je l'avoue, ça m'a énormément touché.

— Oui, mais comme tu le sais, la reprise des cours n'est jamais simple.

— C'est dommage que vous n'ayez pas pu vous voir cet été.

— Heureusement que l'appel vidéo existe, ironise-t-il pour essayer de cacher sa déception. Elle devrait venir pour Thanksgiving.

Encore trois longs mois à tenir. Le pauvre a l'air d'être sur le point de craquer. Les relations à distance ne sont jamais simples, mais s'ils s'aiment vraiment, je suis persuadée que leur relation perdurera.

— Il faudra que l'on se fasse un cinéma un de ces quatre, me propose-t-il. Il y a une rediffusion d'Avatar ce week-end en ville, ça te branche ?

Il connait ma passion pour le septième art, c'est dingue qu'il se souvienne de ce genre de détails. Puis, surtout, je n'ai jamais vu ce blockbuster, même si j'ai eu de très bons échos au cours de ces dernières années.

— Oui, ce serait chouette. Ça me plairait beaucoup.

— Je peux venir ? scande Jay, toujours sous la voiture.

— Mêle-toi de ton cul, mon pote, le rabroue Tray.

Ce dernier lâche un ricanement tonitruant qui s'avère contagieux. Je me retrouve à sourire bêtement.