Chapitre 9: Les secrets de la Rua da Bainharia

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Il est 17h, le soleil couchant baignait les ruelles pavées de Porto d'une lumière dorée, tandis que l'air chaud était empli de l'odeur enivrante du tabac et du parfum âcre du Porto. La taverne Dom Miguel se tenait là, dans la Rua da Bainharia, c'était un bâtiment modeste aux murs patinés par le temps, cachant bien des secrets derrière sa façade décrépie. Lorsque Lambert poussa la porte en bois usé, il fut accueilli par l'ambiance animée et chaleureuse du bar. Une lumière tamisée éclairait l'intérieur, révélant des tables en bois sombre, des chaises dépareillées et des clients bruyants s'échangeant des histoires et des rires. Lambert se glissa à une table, sortit délicatement une cigarette de son étui en cuir, et l'alluma avec soin, observant la fumée s'élever dans l'air enfumé. Au fond du bar, il aperçut Pedro, occupé à essuyer des verres à la main rugueuse. Ce tenancier à la carrure imposante était un homme de l'ancienne école, un visage buriné par les années passées à travailler dur dans ce lieu empli de vices et de plaisirs coupables. Lambert se leva, laissant échapper une légère volute de fumée de ses lèvres, et s'approcha du comptoir. Le tavernier scruta Lambert avec suspicion et curiosité. Lambert lui adressa un sourire et fit un signe de tête cordial. Pedro répondit en retour avec un grognement amical, signalant à Lambert qu'il pouvait s'asseoir en face de lui. D'un ton calme mais déterminé, Lambert posa des questions ciblées sur les victimes, sur leurs habitudes dans la taverne et sur les relations qu'elles entretenaient avec Pedro. Le tavernier répondait de manière franche, usant de quelques jurons et mots vulgaires typiques de sa personnalité brute et sans éducation. Lambert ne bronchait pas, il était habitué à ce genre de langage dans les milieux populaires qu'il fréquentait parfois pour ses enquêtes.

Il décrivait ces femmes, ses clientes, qu'il avait connues bien avant qu'elles ne tombent dans la misère des trottoirs. Il leur donnait à manger, les écoutait parler de leurs rêves brisés et de leurs peines. Il se considérait comme un gardien bienveillant, mais aussi impuissant face à leur destin tragique. Pedro crachait des mots amers, racontant comment certaines de ces femmes avaient été séduites par des marins de passage, comment elles avaient été entraînées dans un tourbillon sombre dont elles ne pouvaient plus s'échapper. Lambert acquiesçait de temps en temps, faisant tournoyer sa cigarette entre ses doigts.

Lambert écoutait attentivement, percevant dans les récits du tavernier des indices qui le guideraient vers la vérité cachée derrière ces meurtres. Il cherchait des liens, des connexions qui pourraient l'aider à comprendre ce qui se cachait dans l'ombre de cette rue de la Bainharia. Pedro, après avoir évoqué la soirée privée à laquelle Anita avait été invitée, laissa échapper un soupir. "Elle était si heureuse, vous savez," dit-il en secouant la tête, "elle avait l'air de vivre un rêve. Je me souviens qu'elle me parlait de l'homme qui l'avait invitée, un riche notable de la ville. Elle disait qu'il était charmant, qu'il lui avait promis une soirée inoubliable."

Lambert saisit l'occasion et demanda, d'un ton aussi détaché que possible :

-Et vous souvenez-vous du nom de cet homme ? Où avait lieu la soirée ?"

Pedro réfléchit un instant, plissant les yeux comme pour chasser la brume des souvenirs.

-Son nom... non malheureusement elle ne me la pas donnée, la seul qu'elle met dit c'est qu'il était un homme puissant et important. Quant à l'endroit, elle ne me l'a pas dit précisément, mais elle m'a dit que c'était dans une grande demeure du quartier chic de la Boavista. Elle semblait tellement excitée, elle disait que c'était une opportunité en or de rencontrer des gens influents et qui sait de changer de vie.

Lambert nota soigneusement ces informations dans son carnet, son esprit en ébullition.

-Et vous savez si elle y est allée ? continua Lambert, tentant de recueillir le maximum de détails.

Pedro baissa les yeux, perdant un instant son air jovial. Je ne sais pas. Elle était partie ce soir-là sans donner de nouvelles. Le lendemain matin, elle n'était pas là pour prendre son repas comme d'habitude. J'ai attendu toute la journée. L'émotion dans la voix du tavernier était palpable, et Lambert pouvait sentir sa peine sincère. Il posa une main compatissante sur l'épaule de Pedro.

-Je comprends que cela a dû être difficile pour vous, dit-il d'une voix douce.

Pedro hocha la tête, puis se reprit rapidement, retrouvant son attitude plus résolue.

-Mais je peux vous dire une chose, monsieur l'inspecteur, déclara-t-il avec fermeté, si cet homme, est lié à tout ça, il devra payer pour ce qu'il a fait à Anita et aux autres prostitué de la rue.

Lambert appréciait la détermination du tavernier. Je ferai tout mon possible pour que justice soit rendue, répondit-il, et si vous vous souvenez d'autre chose, n'hésitez pas à me le faire savoir."

Pedro acquiesça et remercia Lambert pour son intérêt sincère dans cette affaire qui touchait tant de vies brisées. Alors qu'ils se séparaient, Lambert savait qu'il avait enfin une piste solide pour avancer dans l'enquête, mais il était également conscient que les ramifications de cette affaire pouvaient être plus complexes qu'il ne l'imaginait. Il se préparait à plonger dans les mystères sombres de la haute société de Porto, où les apparences pouvaient être trompeuses et les secrets bien gardés.

L'assassin de la BainhariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant