Chapitre 1: Là où tout commence

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La rue de la Bainharia est l'une des rues les plus anciennes de Porto, située le long de la muraille romaine, elle doit son nom au fait qu'elle concentrait un grand nombre de bainheiros. Au XIIe siècle, les bainheiros étaient des artisans qui se consacraient à la fabrication de gaines pour les armes de mêlée. Cette rue est un véritable itinéraire de circonvallation. En fait, associée à la rue Mercadores qui se situe en aval et à la rue Escura qui elle est en amont, la rue Bainharia constitue un axe de circulation d'une importance vitale, distribuant le trafic qui, depuis la zone riveraine, pour ceux qui veule rejoindre la vieille ville par l'intermédiaire de la Porte de Sant'Ana ou pour qui veut rejoindre les différentes routes qui permet de rejoindre les centres urbains les plus importants entre le Douro-e-Minho et Trás-os-Montes. En effet, tout le trafic qui arrive à Porto par voie maritime ou fluviale, et qui ont l'intention de continuer par voie terrestre vers Viana, Barcelos, Ponte de Lima, Braga, Guimarães, Arrifana de Sousa ou Vila Real, doivent passer par la Rua da Bainharia jusqu'à atteindre le début des routes respectives. L'architecture y est également très atypique, la rue étant très étroite et sombre, elle ne laisse que peu de choix concernant l'implantation des habitations. La plupart datent du XVIIe siècle et au fil du temps elles ont été rehaussées, ce qui a pour conséquence que les étages rajoutés sont plus étroits que les rez-de-chaussée. La rue qui concentre un grand nombre de taverne et bordel, de par sa proximité avec les quais abrite également une certaine débauche et les marins ou bien encore, les hommes en manque de plaisir charnel le savent bien et il n'est pas rare de voir passer des bourgeois à la recherche d'un moment de plaisir, et ceux-ci quelque soit l'heure de la journée ou de la nuit. Ces actes de débauche sont tolérés par les habitants de la rue, du moins ça l'était. Depuis quelque temps, certains habitants n'en peuvent plus et des bagarres et disputes entre les habitants et certains hommes venus se détendre spirituellement et charnellement éclatent, poussant les forces de l'ordre à patrouiller de temps à autre dans la rue. Ce qui semble t'il permet à la rue de retrouver une certaine tranquillité jusqu'à ce fameux soir du 15 janvier 1926. 

Ce soir-là, il pleut, comme depuis quinze jours environ, Porto est sous de forte précipitation. Les rues commencent à être inondées et certains habitants sont victime d'inondation, ce qui force les propriétaires de tavernes et bordel à fermer leur établissement, il faut dire qu'avec les fortes précipitations, aucun habitant de Porto, ou même aucun marin, n'a envie de mettre le nez dehors. Cependant, une seule taverne est restée ouverte, c'est celle de Pedro, un natif de la rue de la Bainharia, comme il le dit si bien lui-même, « _Je suis née ici et je mourrais dans ma rue_ » . La taverne appartenait à son père, décédé il y a environ dix ans à la suite de la grippe espagnole, suite à la disparition de son père Pedro à décider de la reprendre et il a également décidé de la rebaptiser Don Miguel en l'honneur de son père. Il est environ vingt-deux heures, deux personnes sont encore dans la taverne, un vieux marin bedonnant et une jeune prostituée portant le doux nom d'Anita. Anita a 22 ans, elle est brune aux yeux marron, de petite taille, elle porte comme à son habitude une robe sexy sans être vulgaire en coton rose, sa couleur préférée. Elle est native de Porto, issue d'une famille de commerçants, elle est la cadette d'une famille de trois enfants. Anita a toujours eu des relations tendues avec ses parents, sûrement parce qu'elle a toujours rêvé d'avoir une vie de princesse. Malheureusement pour elle la vie en a voulu autrement, dès ses seize ans, elle décide de fuir, faute d'argent et de travail, elle n'a pas d'autre choix que de vendre son corps contre quelques escudos.

Le vieil homme qui est déjà fortement alcoolisé essaie tant bien que mal de s'attirer les faveurs de la jeune prostituée, celle-ci essaie tant bien que mal de le repoussé, mes malheureusement en vain, la pluie redouble d'intensité et Pedro décide de fermer sa taverne pour le reste de la nuit, la jeune femme qui est une amie et habitué des lieux s'apprête à partir quand Pedro propose à Anita de dormir dans la taverne jusqu'à demain matin. -Pedro, tu es un véritable gentleman, ta femme a vraiment de la chance de t'avoir, lui dit-elle avec un regard charmeur.

 -Si tu veux Pedro, intervint le vieux marin, qui avait entendu la conversation. Je vais rester avec la belle, je vais lui tenir chaud, enfin tu vois ce que je veux dire, conclut-il avec un regard de vieux pervers. Pedro, qui n'est pas d'humour blagueur ce soir, prend très mal cette blague de mauvais goût et sans attendre lui demande de finir son verre et de partir. 

-Finis ton verre et casse-toi cuver ton trop-plein d'alcool dans ton lit. Étrangement, le vieil homme ne l'entend pas de cette manière, et souhaite assouvir ses pensées perverses avec la jeune Anita, il finit son verre de Porto d'un cul sec, repose violemment son verre sur le comptoir, attrape Anita par le bras et dit à Pedro. 

-Cette pute, elle rentre avec moi ! 

Anita est terrorisée, son teint de peau passe du rose clair à un blanc cadavérique, ses jambes commencent à trembler et elles sont sur le point de l'abandonner. Sans réfléchir un instant, Pedro sort de dessous son comptoir le pistolet à percussion de son père et sans dire un seul mot tire sur le vieil homme, fort heureusement pour celui-ci, Pedro est très mauvais tireur et en plus de cela, il a bu une grande partie de la journée, ce qui n'arrange pas ses qualités de tireur. Le vieux marin est touché au bras, à première vue, la blessure est superficielle, mais suffisant pour le refroidir et relâcher la jeune Anita. 

 -J'ai compris, garde la ta pute, mais entre toi et moi ce n'est pas fini Pedro, je te le jure, dit-il d'une voix tremblante et prenant la direction de la sortie. 

Anita est en pleure, terrorisé par ce qu'il vient de ce passer, sans dire un mot, elle prend la direction de la sortie.

 -Anita, ou va-tu ? 

-Je, je pars, dit-elle d'une voix tremblante. 

-Tu vas dormir ou cette nuit, il pleut, il fait froid et humide et ta famille ne veut plus de toi. 

-Ne t'inquiète pas, je vais bien trouver un endroit où dormir, rentre retrouver ta femme Pedro.

Sans dire un mot de plus, Anita sort de la taverne et prend la direction des quais de la ville, il est vingt-trois heures environ, la rue de la Bainharia est déserte, la pluie s'abat sur la ville avec une violence incroyable, de plus, le brouillard, c'est levé rendant la rue encore plus sombre que d'habitude. Anita descend dans la rue avec fébrilité, elle a comme la sensation d'être suivie, observé, au point même de se demander si le vieil homme ne la suit pas. Elle a fait environ une dizaine de mètres quand elle marque un temps d'arrêt et se retourne, elle est seule dans la rue, il n'y a personne, elle se retourne et reprend la direction des quais quand d'un coup elle sursaute en voyant passer un chat, elle pose sa main sur son cœur comme si elle avait peur qu'il tombe puis reprends sa route. Elle éprouve toujours la sensation d'être suivi et épié, elle marque un nouveau temps d'arrêt, se retourne, il n'y a personne, elle est seule. En se retournant pour repartir, elle aperçoit un peu plus loin devant elle une masse noire, elle a l'impression qu'il y a quelqu'un, tout en avançant, elle crie.

-Il y a quelqu'un ? 

Personne ne répond, la masse noire s'approche à vive allure d'Anita, elle semble comme paralysé, son corps est comme figé dans le sol, sa bouche s'ouvre, mais impossible pour elle de crier, ou de dire un mot. D'un coup face à elle se tient une personne vêtue d'un caban à capuche noir, elle ne voie pas son visage, d'un coup elle ressent une forte douleur à l'estomac, elle vient de recevoir un coup de point qui lui coupe immédiatement la respiration. Son agresseur la traîne quelques mètres plus bas, sous le balcon d'un appartement, comme s'y il ou elle cherchait à se protéger de la pluie. Son assaillant l'allonge sur les paver froid et mouillé de la rue, puis lui assène trois coups de couteau violant au niveau des ovaires, puis trois au niveau du cœur, elle sent petit à petit son âme l'abandonner et dans un dernier soupir elle s'éteint. Le sang de la jeune Anita se répand sur le sol froid et se mélange à l'eau de pluie, pour ensuite descendre à vive allure dans la rue. Son agresseur, est toujours la, il place le corps d'Anita en position assise les genoux remontés sur sont torse, de manière à laisser pensez qu'elle s'est endormie à l'abri de la pluie. Puis il ou elle, lui met une bague en or jaune à son annulaire gauche. Sans faire aucun bruit, il disparaît dans le brouillard, de la même manière qu'il est apparu.

L'assassin de la BainhariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant