Dans tes yeux, Neteyam | Neteyam x OC | EN PAUSE

- Deux mois -

- Penses-tu ce que tu dis ?

- Je ne le pense pas, j'en suis sure, achève t-elle la tête haute.

***

PDV - Nawa.

Deux mois.

Deux moi que les Sully ont quitté notre île.

Deux mois que je me morfonds et me renferme sur moi-même sans vouloir voir personne.

Deux mois que le village est vide.

Deux mois que ma vie n'a plus aucun sens, ou en tout cas, qu'elle n'a pas le même goût.

Parfois, lorsque mes yeux sont clos, j'ai l'impression de sentir sa présence près de moi, son souffle sur ma peau, ou d'entendre sa voix au loin.

Puis j'ouvre les yeux.

Et plus rien. Ce calvaire, je l'endure tous les jours depuis leur départ.

Je ne suis pas sortie de mon marui, depuis le moment que j'ai passé avec ma petite sœur. J'ai développé comme une peur de l'extérieur, et je n'ai aussi envie de voir personne. Je me suis rapprochée d'Ao'nung, qui était très présent pour moi, comprenant que le départ m'a beaucoup touchée, beaucoup plus que n'importe qui ici, et qu'il devait rattraper le temps perdu, ou plutôt le temps où il a été un vrai connard.

Je suis actuellement dans ma cuisine, cuisinant sans aucune émotion sur mon visage, aucun entrain, alors que je suis de nature si joyeuse et bavarde.

- Essaye de sourire ?

- Je n'y arrive pas, répondais je sèchement a mon frère.

Il souffle tristement et continue de jouer avec ses mains, adossé à une paroi du marui, les genoux contre le thorax. Au bout de quelques minutes plongées dans le silence, il prend la parole :

- Tu veux de l'aide ?

- Ce ne serait pas de refus.

Se dirigeant vers moi, il saisit son poignard et commence à couper le fruit que je lui ai désigné.

- Tu prépares quoi ?

- Tu verras, dis-je.

- Toujours aussi sympa à ce que je vois. Bon faut vraiment qu'on parle.

Je me retourne vers lui d'un air blasé en lui soulignant qu'il est là tous les jours et que nous parlons tous les jours.

- Je veux dire qu'il faut que nous parlions des Sully.

- Oh, eux. Je ne m'en souviens presque plus, je m'en fous à présent, mentais-je.

- Tu me mens droit dans les yeux, t'es forte quand même. Plus sérieusement, t'as perdu toute ta joie de vivre, ça fait deux mois que tu n'as pas affiché ne serait-ce qu'un sourire !

- Et comment je pourrais sourire, hein ? Le petit de Ronal, ton petit frère, est décédé. Zia'ra est morte. Les Sully sont partis, et je suis censée sourire ? J'espère que c'est une blague mais en tous cas moi ça ne me fait pas rire, assenais-je violemment.

- Écoutes, c'est pas ce que je voulais dire je-

- Je fais de la merde depuis le début de ma vie, je suis mal chaque jour, à chaque minute, chaque seconde, mais je dois être heureuse ! Bah oui, quelle question, évidemment que je suis heureuse, regarde je souris ! j'imite un sourire forcé et il passe sa main sur son visage en signe de désespoir.

- Je disais juste que tu ne souriait plus ! Je me souviens a peine de ton rire putain !

- Parce que tu crois que moi ça me fait rire ?
Tu crois que je rie aux éclats devant tout ce qui m'arrive ?