Chapitre 2: Le deuil

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Moi : Mon père est décédé ?

Maman : oui et viens tout de suite à la maison nous t'attendons avant de partir et sois forte ma fille

C'était comme si j'attendais la confirmation de ma mère avant de croire à cette nouvelle. Et tout à coup une vague d'émotions me submergea. Je venais de perdre mon père, mon pilier, mon idole, la seule personne dont je n'ai jamais douté de son amour pour moi, un homme bon et intègre. Mes larmes ont commencé à couler et mes souvenirs avec lui ont commencé à se bousculer dans ma tête. 

Je suis retournée dans la chambre et me suis écroulée au sol, j'ai perdu mon père dis-je à haute voix. Mes camarades de chambre ont accouru vers moi en me consolant.

J'ai toujours pensé qu'il vivra jusqu'à voir ce que j'aurais accompli et que ce genre de chose n'arrivait qu'aux autres. Au fond de moi j'espérer juste que l'on m'appelle en me disant que c'était une erreur, qu'il avait juste perdu conscience. 

J'ouvris mon armoire et sortis la robe que j'allais porter. Je prépare ensuite les bagages dont j'avais besoin pour rentrer chez moi. Je prends mon sac et suis descendu. Mes camarades de chambre me suivirent demandant à m'accompagner. Je leur ai dit que je pouvais y aller seule.

 Elles pensaient sans doute que j'allais faire une bêtise puisque j'étais dévastée, mais je savais au fond de moi que je n'allais rien faire d'idiote et que j'étais suffisamment mature pour y aller seule sans faire de bêtise. 

J'ai connu des personnes ayant perdu un proche et vu l'état dont elles se trouvaient. Et à l'époque, rien que de penser que je pouvais perdre un parent me rendait folle et me disais que je n'allais jamais le supporter. 

J'ai arrêté un taxi et y suis immédiatement entrée de dans sans même lui demander le prix. Le taximan me regardait étonné et me demanda où j'allais. J'ai murmuré que je me rendais dans la banlieue à KMF. Il a répondu que le prix du transport était de 10000 f, c'était une somme largement abusée pour aller à KMF, mais j'ai qu'à même acquiescé.  Je n'avais pas le mood pour discuter du prix, je voulais juste rentrer chez moi et enlacer ma mère. 

On était maintenant en route et mes larmes ne cessaient de couler. J'avais perdu mon père, qu'allais-je faire de ma vie ? Qui sera là pour me conseiller sans me juger ? Tout à coup mon téléphone sonna.

C'était ma mère. D'une voix lourde, je dis Allo et elle répondit oui allo.

-T'es en route j'espère ? 

-Oui je suis en route. 

-Fais attention à toi et soit forte. 

Elle raccrocha. Mon cœur se serra de plus en plus. Je ne pouvais le croire, c'est impossible je ne peux pas perdre mon père. De temps en temps je sentais que le taximan me regardait à travers le rétroviseur. 

J'active les données mobiles de mon téléphone et comme je m'y attendais, j'ai reçu beaucoup de messages WhatsApp, comme les nouvelles vont vite de nos jours. Je lisais mais ne pouvais pas répondre. Mes amis, ma famille, et même mes professeurs tous m'écrivait des messages de compassion. Je lisais et je passais, toujours avec les larmes aux yeux. J'avais aussi reçu beaucoup de messages d'Ousmane me disant que je lui manquais, qu'il voulait qu'on se voie le week-end et me demandant pourquoi je ne lui répondais pas. Il n'avait pas reçu la nouvelle.

Ma journée qui était sensée être normale et tranquille vient d'être chamboulée. 

Je regardais le paysage à travers le vitre de la voiture et je lisais tout ce qui était écrit sur les immeubles, ponts, panneaux publicitaires etc. et tout me rappelais mon père. Les routes qu'on avait empruntées ensemble lorsqu'il me déposait avec sa voiture. Nos chants sur la route quand il y'avait embouteillage. Mes larmes continuaient à couler. La voiture était plutôt rapide. C'était normal vu la somme que je lui ai payé : il prenait l'autoroute à péage dès qu'il en avait l'opportunité. 

Nous sommes vite arrivés dans notre quartier. Je l'ai guidé jusqu'à notre maison, il s'est arrêté et je lui ai tendu un billet de 10000 f et il est parti. 

Quand je suis entrée, la maison était bondée de personnes. Certains visages m'étaient familiers mais je ne recherchais que celui de ma mère. Je sentais leur regard braqué sur moi et certaines même me disaient qu'elles compatissaient. 

Je suis entrée dans le salon qui était pleine de personnes aussi à la recherche de ma mère. Soudain j'entendis une voix très familière qui m'appelait. C'était ma grand-mère. J'ai vite accouru vers elle et me suis assise sur ses jambes. Elle m'a enlacé et nous pleurions. 

-Mame (grand-mère) dit moi que ce n'était pas vrai, que je n'avais pas perdu mon père, dis-je en sanglotant. 

-Sois forte ma petite fille, soit forte, dit-elle en s'essuyant le visage avec son boubou. Ton papa était quelqu'un de bien, d''exceptionnel et nous n'avons pas d'inquiétudes à se faire pour lui, il sera au paradis In Sha Allah parce qu'il était une bonne personne. 

-Mame, où est ma mère ? Pourquoi je ne la vois pas ? 

-Elle vient de partir dans la région voisine, c'est là-bas qu'aura lieu l'enterrement, dit-elle. Et prépares toi tu dois t'y rendre toi aussi tout de suite, le chauffeur est déjà là et vous attend. Tu partiras avec Mère Thiawa. 

Mère Thiawa était une de nos voisines qui aimait tellement ma mère et la considérait comme sa propre fille. 

-Où sont les enfants, mes petits frères et sœurs, demandais-je ? Ils sont tous là et vont bien. 

Je suis sortie du salon pour les voir et je les ai tous vu. Ils étaient assis, tranquilles. Je leur ai demandé s'ils comprenaient ce qui se passait et ils m'ont répondu qu'ils comprenaient. Je les ai enlacés et je suis partie.

Cette journée était littéralement la plus longue que j'eus vécu. En moins de 24h je me suis retrouvée dans 3 villes différentes. La route vers la région voisine a été plus calme parce qu'il faisait presque nuit. Je pleurais et mère Thiawa me consolait. J'ai vu mon reflet sur le rétroviseur et j'ai remarqué que mes yeux étaient gonflés et ils me faisaient mal. Mais je m'en foutée. 

Mon téléphone continuait de sonner mais je ne pouvait pas répondre, Ousmane m'avait appelé quatre fois de suite et m'avait laissé beaucoup de messages me demandant ce qui n'allait pas. J'ai décidé de lui répondre par texto pour lui annoncer la nouvelle et il était choqué et avait mal pour moi. Il a essayé de me consoler mais ça ne marchait pas pour moi. Au fait personne ne pouvait me consoler et je voulais juste que l'on me laisse faire mon deuil en paix. 

De temps en temps je scrollais dans la partie statu de WhatsApp et je voyais que les gens étaient en train de vivre normalement leur vie, certains continuaient de partager des blagues, d'autres mettaient leurs photos ou vidéos. Ainsi va la vie et ça toujours était comme ça. La mort d'une personne n'empêche en rien à la continuité de la vie.

Nous sommes enfin arrivés à la maison familiale. Elle était bondée. J'ai vu mes tantes crier et s'enrouler par terre. 

-Assalamou aley koum dit Mère Thiawa. 

-Où est ma mère dis-je ? 

-Elle est dans le grand salon me répondit une dame. 

Je me précipite dans le salon et j'aperçois ma mère enfin. J'accourus vers elle et l'enlaça. Nous avons pleuré en sanglots. Les personnes qui étaient dans le salon nous consolaient. 

-Karou soit forte et prions pour lui c'est la seule chose que nous puissions faire en ce moment, dis ma mère. 

Je ne répondis pas et ne pus m'arrêter de sangloter dans ses bras. Une de mes badiènes (tantes) vint et voulut me consoler. Je n'avais rien entendu de ce qu'elle disait parce que les souvenirs avec mon papa m'occupaient l'esprit. A cet instant je me rappelais de nos discussions par téléphone lorsque j'étais à l'université. On pouvait rester des heures à parler au téléphone.

Une dame entra dans la pièce et demanda à ce que l'on se prépare car ils vont bientôt servir le dîner. Quelques minutes après 5 femmes entrèrent dans le salon tenant chacune un bol de couscous et sauce de viande. Les personnes se mettaient en groupe et mangeaient. Je ne pouvais rien avaler et je pleurais. Ma badiène a essayé de me persuader de manger mais en vain. Ma mère aussi a beaucoup insisté. Mais je ne voulais rien manger. Je me suis levais et suis allé prier.......

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