Chapitre 7

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« Aujourd'hui, est un grand jour pour la nouvelle génération de notre nid ! » s'écria une immense Furie Blanche, qu'on appelait dans notre jargon de Dragon, une Furie Céleste.

Des centaines de Furies de toute sorte hurlèrent de bonheur. Cinq petits commencèrent à s'avancer ; mon frère, ma sœur et moi fîmes de même.

« Cette année, notre nid accueille huit dragonnets ! Huit nouveaux membre ! Ces petits êtres, sont l'avenir de notre nid ! »

Je tournai la tête vers la Furie Céleste qui était non loin de moi. Elle était toute blanche, ses yeux bleu ciel reflétaient les dieux Furies en elle-même. Qui sait, peut-être qu'elle était la fille du grand dieu Cupidon et de sa belle compagne Calypso ?

La légende racontait que le dieu de l'Amour, Cupidon, une Furie Céleste aux yeux entièrement roses, aussi bien sa pupille que la couleur de ses yeux, était descendu du monde des dieux pour aller sur Terre, afin d'arrêter les conflits entre les dragons et les Furies, et amener ainsi la paix sur notre monde de dragons, qu'on puisse s'entendre avec environ toutes les espèces. Mais sur son chemin, il tomba sur Calypso, une magnifique et grande Furie Céleste aux yeux couleur or, et cela avait été un coup de foudre. Quand la tâche du dieu Cupidon fut terminée, il ne souhaitait pas tout de suite remonter dans le monde des dieux. Il passa son temps avec Calypso, jusqu'à ce qu'elle meure, et qu'il puisse la remonter et vivre en paix pour l'éternité. Et apparemment, quand elle mourrait, elle se transformait en ange. Car la Furie Calypso était dans son vivant la Furie la plus belle, la plus gentille de toutes. La légende racontait aussi que quelquefois, dans les nuits noires, on entendrait leurs ronronnements, preuve de leur amour sans faille.

Chez les Furies, nous avions énormément d'histoires de ce genre. Notre monde était construit autour de ceci, comme toutes les espèces de dragons, qui foulaient la Terre actuellement. Je regardai mon frère se lancer dans les aires. Je souris bêtement. Moi aussi aurai-je une histoire ? Même si je n'étais pas une déesse, aurai-je une histoire de mes exploits ? Au plus profond de moi, j'avais envie d'impacter le monde, dans le bon sens du terme.

Je regardai Jaune. Il volait vite, et très bien. Mais moi ? Je pourrais voler de la sorte ? Jaune se posa sur le rebord. Angèle s'avança vers lui et mon père et ma mère.

« Après le rapport avec mon compagnon, nous décidons d'appeler votre fils Étincelle. Son vol était habile, et son plasma tiré et sa couleur jaune nous faisaient penser à une étincelle. »

Mon frère avait ce nom. Il ne s'appellerait désormais plus Jaune, mais Étincelle. Ça lui allait bien je trouve.

Je regardais d'autres Furies d'environ mon âge partir dans les airs. Oui, j'allais impacter le monde. Mon arrivée dans le monde n'était pas une simple coïncidence. Et j'allais tout faire pour que les prochaines générations de Furie connaissent mon histoire. Mais avant tout cela, il me fallait un nom digne. Je pris une soudaine confiance en moi-même. Oui, j'allais voler, mieux que mon frère aîné.

J'analysai la Furie Nocturne en face de moi. Ses écailles aussi sombres que la nuit et ses grands yeux verts, paraissaient à la fois terrifiants et sympathiques. La Furie nocturne s'élança, un, deux, trois coups d'ailes... Mais la petite dragonne tomba dans le vide, et hurla de terreur. Durant sa chute, aucune Furie ne sauta dans le vide pour aller sauver la petite Furie Nocturne en détresse. Même les parents, qui avaient le regard horrifié, n'allaient pas chercher leur fille qui tombait. Je ne réfléchis plus, je courus sur mes quatre petites patte et tombai dans le vide, récupérer le dragonnets en détresse.

« NON, ARC-EN-CIEL ! »

Les hurlements paniqués de mon père me parvinrent à peine dans mes oreilles. Mon choix était fait. J'allais aider ma congénère. Je volai toujours en piqué et j'accélérai le plus vite possible pour rattraper la Furie Nocturne. J'arrivai presque à son niveau, il ne restait que quelques mètres avant le vaste océan... Si je ne la rattrapais pas, elle mourrait, et si je la rattrapais mal, on mourrait toutes les deux. Je continuai donc ma descente en piqué, jusqu'à la dépasser. Ensuite, j'essayai de m'arrêter pour faire un vol stationnaire, j'ouvris mes ailes fantomatiques et trouvai le moyen de m'arrêter de la descente. Pour un premier vol, s'arrêter n'était pas très facile, mais j'y arrivai et j'attendis que la Furie Nocturne tombe sur moi. Le choc était violent, et je l'accompagnai dans sa chute. J'étais sonnée par la violence de l'impact. J'ignorai la douleur, j'ouvris à nouveau mes ailes, et j'essayai de m'envoler, avec elle sur mon dos. Je sentis le sens du vent s'inverser et soudain, je pris de l'altitude. Je rouvris mes yeux, qui étaient jusque-là fermés depuis la chute, le dragonnet au-dessus de moi. Je remontai en piqué en accélérant la vitesse. Je longeai toute la falaise jusqu'à atteindre le sommet. Mais je sentis quelque chose de différent. Je regardai mes pattes et mes ailes, et je fus stupéfaite par ce qu'il se passait... Je brillais, comment était-ce possible ? Mon illumination était forte, je ne savais pas comment faire pour diminuer ça ! Je décidai donc de descendre près de la falaise où se tenait la cérémonie, et je me posai juste devant Angèle. La Furie Nocturne, toujours sur mon dos, tomba à la renverse, sonnée de ce qui venait de se passer. Je regardai tout autour de moi. Toutes les Furies me regardaient, les yeux ronds. Angèle s'avança vers moi et la Furie Nocturne, qui venait tout juste de se lever. La Furie Céleste me dévisagea.

« La Furie Nocturne portera le nom de Disgrâce ! »

Beaucoup de Furies éclatèrent de rire face au nom donné pour la petite Furie Nocturne, qui baissa ses oreilles et ses yeux, honteuse de la situation. Ça arrive d'échouer, donner le nom de Disgrâce allait rappeler son échec toute sa vie. Avec ce nom, la Furie Nocturne ne pourrait donc jamais être une protectrice du nid. Son nom la condamnait pour tout.

« Ne fais pas cette tête, Disgrâce. Tu aurais pu avoir un nom bien pire que ça. Comme Rien, par exemple. » dit-elle en regardant au loin une Furie Florale, qui baissa la tête à l'entente de son prénom.

Je regardai Disgrâce. La pauvre petite, c'est cruel de lui faire ça... Si elle avait droit à un deuxième essai...

« Et toi... »

Je regardai de nouveau la Furie Céleste. Je levai fièrement ma tête, attendant la suite.

« Tu as désobéi à une règle. Ne pas accourir pour sauver son congénère. »

Je baissai les oreilles. Je n'étais pas au courant que la règles consistait à tuer les Furies les plus faibles...

« Mais ta performance en vol est juste spectaculaire. Tu nous as juste bluffés, mon compagnon et moi. Nous ne prenons pas en compte de cette désobéissance, mais tu n'as pas intérêt à reproduire ceci. Est-ce que c'est clair ?

Je hochai ma tête, en signe de compréhension de ma faute.

« Bienvenue dans notre nid, Astriia. Tu seras une très bonne gardienne. »

Les Furies Gardiens rugirent de bonheur, heureux d'accueillir enfin une nouvelle Furie parmi eux. Les Furies Gardiens étaient des Furies de guerre, protégeant donc le nid face aux menaces de l'extérieur. Ils étaient donc les premiers à partir au combat, bien avant les protecteurs. J'étais donc en première ligne. Mon frère était un Protecteur, et moi une Gardienne. Je souris de victoire. Fière de ma place et fière de mon nouveau nom. Je ne m'appelais plus Arc-En-Ciel. Maintenant, c'était Astriia.

« J'ai choisi ce nom, continua la Furie Céleste en s'adressant à mes parents, qui s'étaient rapprochés entre-temps, car votre fille, avec son vol gracieux, et ses couleurs, nous fait penser aux astres du Soleil et de la Lune. Aussi vive et lumineuse que le Soleil, et aussi calme et douce que la Lune. Ce nom est parfait pour elle.

-Merci beaucoup, Angèle. » rappliqua mon père, tandis que ma mère me prit par la nuque avec sa mâchoire, puis on s'éloigna de la reine du nid.

La cérémonie des noms s'était achevée quelques temps après, ma sœur Bleue était la dernière. C'était donc elle qui avait clôturé la cérémonie des noms de l'année. Elle avait un peu plus de mal à volé. Le vent s'étant levé, ma petite sœur avait utilisé toute sa force pour voler contre le vent. Même si c'étaient de belle performances, la Furie Céleste ne donna pas de titre particulier. Elle vivrait juste dans le nid. Et son nom était Sméraldo, ce qui signifiait, dans la langue ancienne des Furies, Émeraude.

Nous avions donc nos noms. Étincelle mon frère, Sméraldo ma sœur, et moi Astriia. Et c'était donc à partir de là, que mon histoire allait être écrite.

Dragon, La légende des Furies tome 1 la découverte du mondeWhere stories live. Discover now