Chapitre 5

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J'ai cherché sur Internet un site pour les jeunes filles qui sont dans la même situation que moi. J'ai trouvé un numéro et une adresse d'un centre spécialisé pour les cas comme moi et autres. J'ai noté le numéro et l'adresse. J'ai effacé l'historique. Je n'étais pas sereine quand je me suis endormie. Mon sommeil fut agité.


Nous étions allongés sur mon lit, Théo et moi, enlacés, nous discutions. Une question me brûlait les lèvres et je me risquai à lui poser.

-Théo, si un jour je tombe enceinte, que ferais-tu ?

Il s'est retiré de notre étreinte.

-Écoute, tu sais que je ne veux pas d'enfant et je ne serais pas prêt à assumer. Je n'étais pas sûre de comprendre. Me laisserait-il tomber si cela arrivait ?

-Que veux-tu dire ?

-Je veux dire que si un jour tu es enceinte, je te quitterais, je n'assumerais pas la paternité.


Je me suis réveillée en sueur, le cœur au bord des lèvres. Nous avions eu cette conversation il y a cinq mois environ après ce bref débat je m'étais renfrognée, il m'aimait mais il n'hésiterait pas à me quitter. Et nous en avions plus jamais reparlé. Il était six heures et quelques. Le centre ouvrait à huit heures. Je me suis levée, me dirigeant vers le miroir. Je me suis mise de profil, j'avais un ventre creusé à cause de l'anorexie dont je ne m'étais pas tout à fait remise mais pas une rondeur pouvant laisser croire à une éventuelle grossesse. Je ne savais pas si je devais voir ses quatre mois de grossesse comme étant un stade avancé ou juste le commencement. Je me suis habillée rapidement et je suis sortie en laissant un mot sans prendre la peine de déjeuner. J'ai attendu à l'arrêt de bus. Le bus était en retard ce qui n'arrangeait rien à mon stress. Il est enfin arrivé et je suis montée à bord le ventre noué. Le bus s'est arrêté à une centaine de mètres du centre. J'ai mis une dizaine de minutes à l'atteindre et une autre dizaine à attendre l'ouverture. Dès que les portes furent ouvertes, je me suis faufilée dans le bâtiment en quête d'aide. Je me suis dirigée vers l'accueil, une jeune femme brune à lunette s'y tenait.

-Bonjour, j'aurais besoin de renseignement sur l'avortement.

-Bien sûr, je vais appeler une conseillère spécialisée pour les jeunes filles enceintes, elle va vous recevoir d'ici peu je vous prie de bien vouloir attendre en salle d'attente. Elle me montra une petite salle adjacente. Plusieurs jeunes filles de mon âge s'y trouvaient, certaines accompagnées de leur copain, d'autres de leur enfant, d'autres de l'un de leurs parents. Et deux autres toutes seules; la plus jeune des deux devait avoir 17 ans et son bébé devait avoir probablement deux ans, l'autre jeune fille arriverait bientôt à terme de sa grossesse et semblait majeur. Je me suis assise et quoique ces jeunes filles soient dans le même cas que moi, je me sentais gênée d'être là comme si ma place n'était pas ici. Ce qui est vrai le cas pour une adolescente "normale". Une femme d'une trentaine d'années m'appela. Je l'ai suivi jusqu'à un bureau après avoir échangé une poignée de main.

-J'ai besoin de renseignement sur l'avortement.

-A combien de mois de grossesse êtes-vous ?

-Quatre mois.

-Je suis désolée mais l'avortement n'est légal en France que dix-sept semaines après la date des dernières règles soit trois mois de grossesse.

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Dans ce chapitre, Anaïs apprend qu'elle ne peut plus avorter.

Comment auriez-vous réagi à sa place ?

Auriez-vous cherché d'autres solutions ? Si oui, lesquelles ?


Anaïs (en réécriture)Where stories live. Discover now