Chapitre 2

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L'heure d'après, j'étais de nouveau en salle, le stylo à la main, à suivre un cours peu passionnant. La nausée était passée et j'espérais que ça durerait. Le reste de la matinée se déroula tranquillement. Notre petit groupe d'amis était un peu éparpillé dans toutes les classes mais on se retrouvait entre les cours et pour la pause déjeuné. Le réfectoire était bondé comme d'habitude et nous avions dû nous séparer en deux groupes car la table la plus grande avait été prise. A six sur une table ronde de quatre, on mangeait notre repas en riant. Mélina bécotait son petit copain du moment, qui changeait pratiquement toutes les deux semaines. Elle avait eu tellement de relations différentes que je me demande comment elle a fait pour ne jamais tomber enceinte ou attraper une maladie. Cette fille avait une bonne étoile. Camille me regardait sans vraiment me voir et je compris rapidement que le beau brun de tout à l'heure se trouvait derrière moi. Tom racontait des blagues si bêtes qu'on ne pouvait qu'en rire et Soraya jetait toutes les cinq minutes un regard à son téléphone. Et tout ce petit monde, avec les autres de la bande compris, était comme ma deuxième famille. Je jouais plus avec mon assiette que je ne mangeais son contenu puis j'ai jeté un regard à mon plat, des nouilles avec une sauce brunâtre. J'ai été prise d'un haut-le-cœur et j'ai couru jusqu'aux toilettes pour la deuxième fois de la journée. Je n'avais plus rien à vomir mais mon corps était encore pris de haut-le-cœur. Je régurgitais de la bile et j'avais l'impression qu'on m'arrachait la gorge et l'estomac.

Je ne suis pas retournée au réfectoire, j'avais besoin d'air frais. J'ai jeté mon sac près des casiers, contente qu'à cette heure-ci les couloirs et la cour soient déserts. Les fesses maladroitement assissent sur un banc explosé probablement par coup de pieds de petits branleurs, j'aspirais à grande bouffée l'air frais. C'est bizarre que je ne sois toujours pas guérie au bout d'une semaine.

Camille est arrivée vers moi avec Mélina et son copain. Elle m'a regardé d'un air sévère.

-Si tu ne vas pas de ton plein gré à l'infirmerie, je t'y traîne par la peau des fesses mademoiselle Eliez, m'a réprimandé Camille.

-Je vais bien, ne t'inquiète pas.

J'avais une sainte horreur des médecins et de toutes les personnes touchant au corps médical, et elle le savait mieux que personne. Déjà enfant, j'hurlais, pleurais et trépignais à l'annonce d'une simple visite de contrôle. Alors à moins que je ne sois à l'article de la mort ou un truc du genre, je n'irais ni à l'infirmerie, ni au médecin, ni à l'hôpital, ni où que ce soit où se trouverais des gens en blouse blanche muni d'un stéthoscope et d'aiguilles.

-Si je m'inquiète, tu es malade donc je m'inquiète.

-Je te promets que je prends rendez-vous chez le médecin ce soir. Promis, ok ?

Elle se calma et s'asseya à côté de moi. On a discuté jusqu'à ce que la cloche sonne la reprise des cours. Camille aussi passait de copain en copain, et certaines rumeurs tournaient sur elle comme quoi elle s'était faite avorter l'année précédente alors que je ne l'a connaissait pas encore. Sa réputation était pire que mauvaise mais je ne croyais en rien à tout cela. Tout ce que je voyais en elle, c'était la fille qui était toujours là pour moi depuis un an, une bonne oreille, une super styliste et une excellente amie. Je me fichais éperdument de ce que les gens pensaient d'elle-même du moment qu'elle pensait du bien de moi.

Je récupérai mon sac que j'avais laissé en vrac sur les casiers. La salle d'Anglais était au deuxième étage, je peinais à me frayer un chemin dans la foule d'adolescents qui se poussait les uns les autres pour avancer. Dans ce chahut incommensurable, je me sentais ballottée, prise de vertiges. Je me suis agrippée à la rambarde. Ma tête tournait et bourdonnait comme si un nid d'abeilles s'y était logé. Après quelques minutes, la foule s'est dissipée et mon vertige aussi. Camille m'a proposé son bras pour m'aider mais accepter son aide revenait à avouer que quelque chose n'allait pas. J'ai décliné l'offre et nous sommes montée jusqu'à la salle. La professeure n'était pas encore là. Elle est arrivée avec plus d'un quart d'heure de retard. Ce que je ne comprenais pas, avec ce fichu système scolaire, c'est que si un professeur arrive en retard, toutes les excuses étaient recevables, si un élève arrive en retard, c'est la porte. Non mais qui a inventé cette règle sérieusement. Fichu système éducatif. J'entrais dans la salle, soupirant fortement pour montrer que quitte à être en retard, elle aurait mieux fait de ne pas venir du tout. Je me suis assise à côté de Théo. C'était l'un des seuls cours que nous avions en commun.

-Ça va ? M'a-t-il demandé, j'ai appris que tu étais malade.

-Oui, ne t'inquiète pas je vais bien.

C'était un mensonge éhonté. La chaleur de la salle accentuait mes bouffées de chaleur et la nausée ne tarda pas à revenir. Ce n'était pas possible d'être malade à ce point ! Si je ne sortais pas dans la minute, je risquais de vomir sur Théo, mais je tiens bon. Je comptais les sueurs froides qui me parcourraient.

-Viens, on sort, me dit Théo.

-Non, je vais bien, je t'assure.

-C'est pas une proposition, on sort.

Il leva la main à ma place, tandis que je me cramponnais à la table. Il me prit par la taille après avoir reçu l'autorisation de la professeure et me leva de ma chaise. Je n'ai pu faire que quelques pas avant de m'écrouler dans l'allée.

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Anaïs semble être malade mais l'est-elle vraiment ?


Anaïs (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant