03 | luciana

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Musique : Rihanna - Woo



Il pleut toujours autant, aujourd'hui.

Le tonnerre, qui gronde furieusement dehors, me laisse un amer souvenir de mon entrevue avec Adonis hier, et les gouttes de pluie continuent de s'abattre ardemment contre les vitres du café, ce dernier étonnamment bondé de monde pour un mardi.

L'agréable odeur du café moulu s'imprègne dans mes narines. J'expire lourdement en posant un pied dans la salle réservée au staff, prête à m'attaquer à l'une de mes corvées du jour.

— Ah, te voilà ! s'écrit Gianna Daugherty en enfilant ses gants en caoutchouc. Pendant une demi-seconde, j'ai pensé que j'allais m'occuper de cette montagne de vaisselle toute seule.

Sans un mot, je prends un torchon propre puis me poste à côté d'elle.

— T'as l'air au bout du rouleau, ma pauvre, remarque-t-elle en activant l'eau. Mais ne t'inquiète pas, je me charge de te vider la tête dans un club chic ce soir.

— J'aurais aimé, mais j'ai une affaire urgente à régler, je réponds malgré moi en prenant un verre qu'elle me tend pour le sécher.

Adonis a non seulement réussi à gâcher ma soirée, mais il a en plus gâcher mon sommeil.

J'ai cauchemardé toute la nuit. L'idée de recroiser la route d'un résident de l'Olympe m'a donné la boule au ventre. On dirait que même dans ce monde, le bonheur reste un fruit interdit auquel je ne peux goûter.

Tout ce dont j'ai besoin maintenant, c'est de noyer dans des litres d'alcool cette histoire m'ayant complètement retourné le cerveau.

Je jette un coup d'œil vers l'horloge, désemparée. Il est presque dix-sept heures. Plus que quatre heures avant que la présence de cette énergumène ne revienne polluer mon air.

Mais ce soir sera la dernière fois qu'Adonis et moi nous reverrons. Du moins je l'espère.

— Excuse-moi, je ne savais pas que tu étais devenue une femme aussi occupée, raille-t-elle avant de rouler ses yeux.

Je reporte mon attention sur ma collègue.

Gianna Daugherty et moi ne sommes pas amies.

En réalité, nous nous fréquentons principalement pour essayer d'oublier la souffrance de nos vies respectives, en sortant, en buvant nos larmes avec un brin d'alcool, ou bien en se laissant guider par la musique jusqu'à perdre le contrôle total de nos corps.

C'est ces sensations que j'aime, en tant qu'humaine. Je trouve cela fascinant, d'oublier avec tant de faciliter tous nos problèmes en relâchant complètement l'emprise que l'on possède sur nous-mêmes. Ces relâchements accordent à nos âmes chagrinées le privilège d'atteindre un bonheur, bien qu'illusoire et éphémère, qu'elles n'ont cessé de rechercher aveuglément dans la noirceur.

The Son of ZeusWhere stories live. Discover now