Change moi

Seulement lui et moi

Si je lui dis la vérité, il va partir, mais si je mens, il va partir aussi.

- Comment tu sais qu'il y avait une fille ici ?

- Je suis passé plusieurs fois, je l'ai vu presque tous les jours chez toi.

- On peut éviter de parler de ça et continuer ce qu'on fait ?

- Et on fait quoi d'après toi ?

- On fait ami-ami ?

- Tu appelles ça faire ami-ami toi ? Tu dois avoir des amis étranges si c'est comme ça que tu t'y prends.

Ha, ce n'est pas vraiment comme ça que je voulais le dire, juste qu'il change de sujet, mais je pense qu'on vient d'éclater la bulle, encore une fois.
Il s'assoit sur le canapé qui me fait me décaler, je me sens gêné, il ne m'a pas donné le baiser que je lui ai donné, il allait le faire, mais pourquoi cette question d'un coup ? A-t-il peur que je l'utilise ? Ou encore que je me moque de lui ? Et si je lui parle de ma relation étrange avec Callie, il va me prendre pour un fou. Du moins, ça ne changera pas réellement de comment il me voit, mais c'est gênant, je ne veux pas le voir partir encore, ce jeu du chat et la souris, je m'en lasse.

- Dis-moi ce que tu penses, au lieu de tourner dans ton cerveau, tu es compliqué à comprendre, mais si tu ne me dis pas ce qu'il se passe dedans, me posant son doigt sur mon front, parle-moi.

- Tu vas partir si je te le dis. Je ne veux pas que tu partes.

- Peter, que tu es borné quand tu t'y mets, c'est impressionnant, je ne vois pas pourquoi je partirai, à moins que tu ne sois en couple avec cette fille, que tu me prennes pour un imbécile, je ne comprends pas pourquoi je partirai.

- On couche ensemble, souvent, on fait des choses un peu... moins ordinaires que la normale ? Callie est importante, pas essentielle, mais importante dans le sens où j'ai de l'importance, et que...

Un gros blanc s'installe, ce vert que j'aime tant regarder se durcit, je vois bien qu'il n'aime pas ça, mais il m'a dit de lui dire ce qu'il se passait dans mon cerveau, alors comment je peux lui dire s'il me toise de cette façon.

- Continue, je veux comprendre pourquoi elle est si importante.

- Elle est comme un miroir ? Je peux me voir en elle, dans ses yeux, je suis attiré par le fait qu'elle me renvoie mon image...

- Je crois comprendre, tu ne l'aimes pas, et ce n'est pas à elle à qui tu fais ça, mais à toi.

Je rougis, comment je peux dire oui sans paraître déranger ?

- Tu aimes tant les miroirs ?

Il me prend par la main et m'oblige à quitter le canapé, je le suis dans la maison, on monte l'escalier, on se retrouve dans la salle de bain. Il me colle contre l'évier, il se tient derrière moi, sa carrure musclée enveloppe la mienne plus menue, le miroir envoie cette image, même si je suis devant lui, c'est lui qui prend toute la place, je ne vois que son t-shirt noir, son visage, ses bras fort, mais je parais plus frêle, fragile, mais je rentre dans ce cadre à la perfection.

- À quoi joues-tu au juste ?

- Te montrer qu'il n'y a pas qu'elle, ton monde peut tourner autour de toi, mais regarde, je suis tout autant visible, tu ne me feras pas disparaître, je serai toujours visible, peu importe où tu poses les yeux.

C'est vrai, que je regarde à droite ou à gauche, ou que je me tourne vers lui, je le verrai, il est imposant, sous cette carrure dominante.

- Tu veux savoir ce que je vois ? je lui fais un signe de tête pour qu'il continue, je te vois superficiel, tu te donnes de grands airs, tu veux être vu et entendu, tu es peut-être beau dans ce miroir, mais es-tu si beau à l'intérieur ? Tu ne les pas, tu es brisé, ça ne doit pas voir beaucoup le soleil là-dedans, mais tu es un bon menteur, ou un bon comédien. J'y ai presque cru à tes petites comédies.