Une simple question de curiosité...

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- Grand-mère.

Nous l'avions complètement oublié et je pense que notre petite pause sur le sol ne doit pas paraître ce qu'il semble.

- Vous vous êtes fait mal ? Levez-vous doucement, j'ai entendu du bruit, je pensais que vous étiez en train de vous battre. 

- J'ai marché sur la couverture et j'ai emporté ce nigaud avec moi, dis-je en me relevant tant bien que mal.

- Tu n'as pas été blessé mon trésor ?

Ma grand-mère se jette presque sur moi, inspectant mes bras et mon visage, et fait de même avec Kyllian qui la rassure que c'est juste de la peur que du mal. 

Je savais que Kyllian était dangereux, c'est un monstre de muscles impatient et explosif, je me rends compte petit à petit et ce en deux rencontres qu'il ne faut pas jouer avec lui. 

Je passe dans la salle de bain, j'espère de tout mon cœur qu'il n'a pas marqué mon cou, je ne supporterai pas une trace sur mon corps. 
Mais c'est un visage très rouge que je vois dans le miroir et des yeux légèrement humides, je me passe un coup d'eau froide, pour circuler le sang. 
Kyllian entre dans la salle de bain de ma chambre et je me colle contre le mur.

- Pas le visage ! 

Je réagis vite quand il ferme la porte à clé derrière lui. Je me mets dans une position de défense en me jetant sur le sol, replié sur moi-même. 
Les bruits de ses vêtements indiquent qu'il avance, je sens sa main sur mon bras et ce geste est tout sauf une agression. 
Je relève la tête vers lui doucement, je ne comprends pas ce qui se passe dans son cerveau, il pose sa tête sur mes bras et souffle fortement.

- Je n'aurai pas dû être agressif, mais si tu recommences, tu auras de sérieux problèmes. Ne me pousse pas à te faire du mal pour comprendre que ce que tu as fait n'est pas bien, Peter.

- Hum...

C'est beaucoup trop tentant. 
Excitant.
Curieux.

Je glisse presque sur lui et finit par coller mes lèvres aux siennes dans un mouvement brutales et doux à la fois, il tente de me repousser une première fois, mais j'insiste et m'effondre sur son corps à continuer mes mouvements de lèvres en califourchon sur son corps, il finit par perdre patience et me redonner mon baiser, c'est chaud et humide, un goût de menthe et de café, il prend le dessus, ce qui ne me plaît pas forcément, et comme une lutte, c'est à celui qui sera le dominant de ce baiser. 

- Les garçons, vous avez fini de vous laver les mains ?

- Mamie ! 

On se détache à la vitesse de la lumière, je dois être rouge pivoine, pourtant, c'était ma décision d'engager ce baiser. De la curiosité, ce n'est que de la curiosité. 

Il me regarde étrangement et finit par me lever du sol. On se lave véritablement les mains et me redonne un coup de frais sur le visage. 

- Je n'avais pas prévu un invité du coup, ce sera un repas très simple, tu m'excuseras Kyllian. 

- Ne vous inquiétez pas, des simples pâtes font largement l'affaire, et je ne suis absolument pas difficile. 

- Alors ce sera parfait, car j'ai prévu des lasagnes. 

On s'installe sur nos chaises devant les informations, je ne regarde plus dans la direction de géant vert, mais je suis content qu'on ait enfin quelqu'un qui mange avec nous, ça fait longtemps qu'on n'a pas reçu de mondes à la maison, et les repas ne sont pas très bavards en général, alors entendre les rires de mamie et la main baladeuse de Kyllian sur ma cuisse, c'est une fin de journée qui me fait sourire, malgré son commencement. 

- On se voit à l'hôpital, je suppose ? Merci de ne pas m'avoir tué et de m'avoir sauvé, et pour la salle de bain, si tu veux oublier, il n'y a aucun souci. 

- À ce week-end. 

Je me suis attendu à ce qu'il m'embrasse, mais rien, même pas une main sur mon corps ni un sourire. 
C'était très froid comme séparation. 

Dans le lit, je tourne et me retourne, pensant à cette journée complètement folle. 
J'ai embrassé un garçon, pourquoi j'ai encore fait un truc sur le coup de la curiosité ? 

Hétérosexualité, homosexualité, bisexualité, pansexualiter, asexualité, transidentité, non-binaire, bispiritualité, intersexe…

Mon téléphone sous les yeux et je clique sur tout ce que je trouve, tous ses mots longs qui m'ont l'air plus compliqué à lire qu'à comprendre.

Je lis des tonnes de commentaires, de personnes parlant de leurs vies, de qui ils sont et toutes les définitions de chaque mot que je vois. 
Mais ça ne m'aide absolument pas à savoir pourquoi j'ai fait ça. 

Je suis peut-être... argh, je laisse tomber mon téléphone sur mon torse, il fait presque jour et j'ai un tas de questions sans réponse ni découvert quoi que ce soit. 

Je tortille mes doux cheveux entre mes doigts et regrette de ne pas avoir touché ceux de Kyllian, ils avaient l'air doux, propre, cette couleur brune est forcément naturelle. 
Mes doigts descendent sur mes lèvres, fermant les yeux, cette sensation de douceur lorsqu'il m'a touché, sa chaleur, cette force brute.

J'ouvre les yeux d'un coup, c'est moi qu'est fait ce bruit de pucelle ? 
J'ai un sérieux problème d'ordre psychologique, de presque me faire du bien juste avec mon imagination, et surtout, lui...

Je n'ai pas dormi, je n'ai pas non plus fait de folie de mon corps, mais j'ai un mal de tête ignoble à avoir traîné sur mon téléphone si longtemps. 

Je vous fais courtement ce que j'ai trouvé. 

'' J'ai cru être tombé amoureux de mon ami qui est un homme, mais j'ai remédié au problème en ayant couché avec une fille, depuis je sais que ce n'était que de la frustration sexuelle, car je ne l'avais pas fait depuis longtemps ''

'' Mon amie pensait m'aimer, mais finalement, elle était juste sexuellement inactive. » 

J'en conviens, que j'ai moi aussi une belle frustration sexuelle qui joue sur mon corps. 
Il n'y a pas plus logique que ça, j'ai plus fait de corps à corps avec une fille depuis un moment. Aujourd'hui, je remédie à ce fléau qui m'a hanté toute la nuit. 

- Tu as bien dormi ? ma grand-mère me regarde bizarrement, comme inquiète, avant de hausser les épaules et de retourner à sa tasse. 

- Je n'ai pas dormi. J'ai mal à la tête, je suis de mauvaise humeur, je ne veux pas bouger de la maison.

- Hé bien, hé bien, pourquoi donc ? 

- Mamie, ne pose pas de questions ! Tu ne pourrais pas comprendre !

- C'est ton ami ? 

- Ce n'est pas mon ami ! C'est... le frère de Léa, c'est tout.

- Bien sûr Peter, bien évidemment. 

Son petit gloussement habituel me fait grogner, mais j'ai trop mal à la tête pour continuer ce petit jeu. 
Je prends un médicament et retourne dans ma chambre dans le noir et une bouteille d'eau, en espérant que ça me passe vite.

Change moiWhere stories live. Discover now