Chapitre 27

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NASTASYA

En sortant du cabinet, je remarque que le soleil présent à mon arrivée à Korolev a été remplacé par des nuages menaçants et un vent glacial. Je rabats aussitôt mon manteau autour de mon corps frigorifié et attends que mon collègue ferme le verrou derrière lui..

Tymon, lui, ne semble pas atteint par les bourrasques qui menacent de m'emporter et se dirige calmement vers sa voiture noire, élégante et sûrement hors de prix.

Assise sur le siège passager, j'examine l'intérieur de la voiture en silence, son tableau de bord moderne, ses fauteuils en cuir brun et l'odeur du neuf. Je ne suis pas habituée à ce luxe chez moi à l'exception des trajets nocturnes dans la Mercedes Benz 560 d'Adrik. Mon père se rend à pieds au travail et ma mère est femme au foyer. Pour nous sept nous ne possédons qu'une minuscule voiture cabossée. De mon coté, j'utilisais le bus lorsque je travaillais à la maison close et je sais que je devrais me résoudre à l'utiliser de nouveau pour me rendre à mon poste de secrétaire malgré l'incident de ce matin. Je ne vois pas de solution pour y échapper car je ne me sens pas de parler de cette agression à quiconque, ni à mes parents, ni à Tymon et encore moins à Adrik. Donc je ferais avec, comme je l'ai toujours fait.

Le trajet fût silencieux mais j'ai pu entrevoir quelques regards portés par Tymon qui se voulaient rassurants. Il a dû remarquer mon pied droit tapant frénétiquement sur les tapis de la voiture, signe de mon anxiété grandissante à force que nous approchions de notre destination. Une dizaine de minutes passa avant que nous arrivâmes sur le parking de l'hôpital.

En passant les portes vitrées, l'odeur de propre et d'aseptisant envahit mes narines. La salle d'attente était bien remplie mais silencieuse. Certaines personnes s'étaient assoupies, sûrement dans l'attente de nouvelles d'un proche qui commençaient à s'éterniser..

Dès la porte d'entrée passée et les environs repérés, j'eus envie de me ruer au comptoir pour demander au plus vite le numéro de la chambre d'Adrik mais ma conscience m'ordonna de me contenir.

-  « Bonjour, comment puis-je vous être utile ? Avez-vous pris rendez-vous ? » demanda la secrétaire d'une voix mielleuse.

- « Bonjour, est-il possible de rendre visite à Monsieur Guseva ? Il a été prit en urgence hier soir par vos services. » affirmai-je timidement.

- « Êtes vous de sa famille ou parmi son cercle proche ? »

Je ne su quoi répondre. Je ne pouvais pas affirmer être de sa famille puisque ce n'est pas le cas et me considérait-il comme faisant partie de son cercle proche ? Je ne savais plus.

- « Hum... nous- » m'apprêtais-je à répondre.

- « Oui, je suis son plus proche ami, Monsieur Tskowsva. Madame Guseva pourra vous le confirmer et voici Mademoiselle Zaysteva, sa compagne. » Affirma Tymon sans la moindre once d'hésitation.

Sa compagne? Je sentis mes joues chauffer. Le terme compagne est, pour moi, beaucoup plus signifiant qu'une simple petite amie.

Est-ce que Tymon a utilisé ce terme car il le pensait vraiment ou était-ce dans l'unique but de nous laisser passer ?

- « Parfait, allons voir. Monsieur Guseva c'est bien ça ? demanda la jeune femme. Ce nom me dit quelque chose... marmonna-t-elle tout bas. Alors... Galimov... Gouriev... énuméra la secrétaire son index suivant sur sa feuille. Guseva ! Le voilà, la chambre de Monsieur est la 17B à l'étage. Je préviens un médecin de votre venue afin qu'il vous encadre et vous explique la situation de votre proche. »

Arrivés à l'étage, le silence qui plongeait le rez de chaussée fut remplacé par un brouhaha de médecins en blouses blanches, d'infirmières passant d'une chambre à l'autre et de bips à répétition. En avançant d'un pas effréné dans le couloir, nous passâmes devant une porte ouverte de laquelle je perçus les pleurs déchirant d'une femme. Je n'eus pas le temps de ralentir le pas mais mon cœur se comprima. Plus nous avançâmes dans ce couloir agité, plus ma respiration le devenait aussi. Chaque pas effectué me rapprochait un peu plus d'Adrik, de sa mère, de la vérité sur cet accident soudain. Vérité obscure et effrayante.

La secrétaire de Monsieur AdrikWhere stories live. Discover now