Chapitre 8

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NASTASYA

Aujourd'hui et demain sont mes seuls jours de congé de la semaine et malgré cela, la journée ne va pas être des plus reposante.

 Chez nous le week-end est réservé aux corvées, aux courses et au rangement de la maison. Étant l'aînée, j'ai l'obligation de participer à toutes les taches et d'aider ma mère avec mes petits frères et sœurs. Je descendis donc dans le salon puis déposa sur la table à manger, comme d'habitude, l'argent liquide que j'avais récolté durant mes services de la veille. Celui ci s'élevait à cinq mille huit cent quatre-vingt-dix roubles (100 euros) pour deux services effectués. De cet argent, je fus autorisée à ne garder que trois cent roubles environ ( soit 5euros).

 Mes parents m'exploitent et chaque jour j'espère qu'on m'annonce qu'ils n'ont plus besoin de moi pour que je puisse enfin quitter la maison. À plusieurs reprises j'avais pensé à m'enfuir mais chaque fois, la culpabilité m'envahissait et je repensais à mes sœurs et frères. Cette culpabilité qu'apparemment pas une seconde mes parents ont pu ressentir pour moi...

Avec un quart de l'argent récolté, ma mère et moi partons au marché pour faire nos courses de la semaine. Tout est à un prix exorbitant et il est difficile pour nous de subvenir à tous nos besoins.

Étant une famille de cinq enfants avec ma mère ne travaillant pas et mon père qui ne touche que peu d'argent, finir le mois avec assez pour payer notre loyer devient impossible sans l'ajout de mon salaire qui tourne dans les environs quatre-vingt-cinq mille trois cent roubles (1500 euros), qui dépendent de la fréquence de la clientèle. Je suis donc prisonnière et ils sont dépendants de moi, de mon travail.

 Responsables de ma souffrance.

À l'époque où j'allais encore à l'école, toutes les filles portaient des robes magnifiques, sentaient la vanille et avaient les nouveaux jouets à la mode. Puis il y avait moi. Elles me riaient au nez car je portais souvent les mêmes vêtements, je ne pouvais pas avoir de nouveau jeux comme elles et mes chaussures étaient usées. Quand à treize ans j'ai enfin pu quitter l'école, je fus libérée en quelque sorte de ces critiques mais je ne m'attendais pas à devenir, trois ans plus tard, le jouet de dizaine de vieillards et de devoir vendre mon corps de jeune fille pour nourrir ma famille...

Aujourd'hui, à presque vingt ans, je suis devenue une adulte et je vois les autres filles de mon âge au marché, presque toutes au bras de leur fiancé ou ayant un ventre arrondi. Et moi, je n'ai rien de tout cela. Quand pourrais-je sortir de cette prison et vivre enfin une vie normale comme toutes les autres ?


La secrétaire de Monsieur AdrikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant