Chapitre 12

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NASTASYA

Une fois de plus, je me retrouvais seule, assise sur ce lit en sous-vêtements. La séance était finie et je devais affronter la réalité, passer au client suivant.

J'avais encore une vingtaines de minutes devant moi avant l'arrivée du client de vingt et une heure.

J'aérais donc la pièce laissant entrer le froid glacial de Moscou, je changeais les draps et refis le lit.

Je remis ma robe et essaya de penser à autre chose que monsieur Adrik. Je pris donc de profondes respirations puis sortis dans le hall.

Ce fut épuisée que je rentrais chez moi. La même routine que les jours précédents, le même pain, la même soupe, la même douleur .

Je m'écroulais sur mon matelas et tomba sans effort dans les bras de Morphée.

À huit heure, ma maman ouvrit mes volets et je me réveilla en sursaut. Je resta un instant à fixer le plafond, repensant à mon dernier client qui s'est avéré être de fort mauvaise humeur hier soir. Il me reprochait de ne pas être assez souriante et dans mon rôle. Mais je pensais intérieurement, comment sourire et paraître heureuse de faire quelque chose quand on est forcée de le faire ? De plus comment rester neutre quand ce client en question empeste le cigare et vous répugne ?

Puis j'ai repensé à la proposition de Monsieur Adrik et j'ai trouvé un peu d'espoir, je pourrais quitter ce travail insoutenable, en trouver un nouveau. Mais quelle entreprise voudra de moi ? Je n'ai aucune compétence professionnelle si ce n'est d'exciter les riches vieillards !

Et puis non me dis-je, qui sait si ce jeune homme, certes très élégant et charmant, n'est pas comme tous les autres et souhaite juste m'avoir comme prostituée mais chez lui ?

J'en eu des frissons rien qu'au fait d'y penser et au même moment j'entendis ma mère m'appeler dans la cuisine :

- « Nastasya ! Dépêche toi de te préparer on va commencer les plats !

- Oui maman j'arrive ! » je répondis .

J'enfilai une tenue simple et sorti de ma chambre.

Chez nous, le mardi matin est dédié à la préparation des plats de la semaine. Mes frères et sœur sont partis à l'école et moi je reste à la maison pour aider ma mère à cuisiner.

Du pain, une pomme et je commence la journée.

- « Tiens Nastasya, occupe toi de remuer le lait s'il te plaît et surtout ne t'arrête pas sinon le lait va monter et déborder ! » Me demanda ma mère en me tenant une cuillère en bois.

Je m'exécutais et remuais sans vraiment faire attention à mes mouvements. La cuisine devint silencieuse et on entendit plus que le bruit des cocottes et du couteau que ma mère utilisait pour couper les légumes.

Par ce silence, je retournai dans mes souvenirs. Les murmures de Monsieur Adrik dans mon oreille, ses paumes chaudes contre ma peau et son toucher magique qui me firent découvrir des sensations nouvelles.

Le rythme de la cuillère ralenti dans la casserole.

Des fourmillements dans mon ventre se propagèrent et me procurèrent la même sensation que lorsque nos regards se sont croisés pour la première fois et qu'ensuite, il m'a embrassée.

Hier j'ai beau eu lui dire qu'il était mon client, que je devais rester professionnelle, mais j'ai bien remarqué que quelque chose était différent. Jamais aucun de mes clients ne m'a fait ressentir ce que lui ma fait découvrir les deux fois où il est venu.

Ce sentiment qu'il m'a fait découvrir serait-ce donc de l'amo- ?

- « Nastasya ! Fais-tu attention ne serait-ce qu'une seule seconde ? Tu as vu tout le lait que tu as perdu maintenant ? »

En effet, pendant mon moment d'absence, j'ai arrêté de remuer le lait sur le feu et plus de la moitié du contenu à débordé de la casserole et des gouttes brûlantes ont coulé le long des meubles de la gazinière.

- « Qu'attends-tu pour nettoyer ? » Me demanda t-elle furieuse de mon inattention.

La matinée se termina rapidement après que je fus sortie acheter une nouvelle bouteille de lait avec mon argent pour m'excuser auprès de ma mère.

A deux heures de l'après midi, je sors de chez moi et marche, marche encore et encore pour arriver trente minutes plus tard, à la porte que je connais le mieux, celle de la maison du plaisir où je travaille.

Je passe le hall, et le gérant de la maison monsieur Rovitsky, celui qui m'a embauchée il y a deux ans, m'accueille et me tends la robe rouge que je dois porter aujourd'hui. C'est lui qui nous fournit les tenues pour nos clients et nous donne notre salaire chaque jour avant de finir nos services. Ici, nous avons accès à des douches et une pièce aménagée par employée alors j'en profite un peu, pour éviter de dépenser trop d'eau à la maison, je prends la plupart de mes douches à mon travail.

Avant que je passe la porte de ma chambre, Rovistky m'arrête et s'exclame :

- « Olala ! Nastasya chérie ! J'allais presque oublier de te passer ceci ! Hier, ton client de dix neuf heure trente ma demandé de te donner ça mais j'ai totalement oublié de te le montrer avant que tu partes ! »

Il me tendis un petit papier qui semblait être une carte de visite en vue de ce qui était écrit dessus :

« Cabinet de comptables,

Guseva & Associés

Monsieur Guseva Adrik, 812 rue de ****** KOROLEV

Ligne n°744083 opérateur 47 »

Monsieur Adrik a donc son propre cabinet de comptables en plein quartier d'affaires de Korolev? Une information supplémentaire. Et son nom de famille, Guseva. Adrik Guseva... Pensais-je en regardant le bout de papier.

- « Dis moi, tu le connais personnellement ce client ? Me demandait Rovitsky intrigué.

- Non non, pas du tout je ne sais même pas pourquoi il m'a laissé sa carte ? ai-je répondu en mentant sur le dernier point.

-Hmm hmm... Bon, va vite te préparer ton premier client arrive bientôt ! Hop hop ! » s'exclama-t'il.


La secrétaire de Monsieur AdrikWhere stories live. Discover now