Chapitre 1

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Nauséeuse. Voilà le mot qui me décrivait parfaitement ce matin-là. J'avais été malade tout le week-end et cette grippe semblait être tenace. Un bruit assourdissant résonna dans la chambre et je mis un moment à comprendre, dans un demi-sommeil, que c'était mon réveil qui tentait de m'arracher au bras de Morphée pour que j'aille blinder mon cerveau de choses qui ne me serviront probablement jamais. La chaleur de mes draps et le confort que m'apportait mon oreiller m'incitaient à sombrer une nouvelle fois. Une vibration me réveilla quelques secondes plus tard, j'avais reçu une notification. Un message de mon opérateur, génial ! Puisque j'étais réveillée pour de bon autant se lever. J'ai attrapé les premiers vêtements qui me venaient dans la penderie. Un coup de brosse dans les cheveux et je descendis déjeuner. J'avais toujours été petite pour mon âge et je n'avais jamais fait de pousser de croissance mais j'étais devenue très douée dans l'exercice qui consistait à être, les trois quarts du temps, sur la pointe des pieds pour attraper des objets en hauteur ou pour mieux voir. Et ce matin encore je pratiquai une jolie acrobatie pour attraper un bol dans l'un des placards de la cuisine. Je posais le récipient sur l'îlot et ouvris une nouvelle bouteille de lait. A peine avais-je servi le lait dans mon bol qu'un haut-le-cœur est venue me retourner l'estomac. De toute évidence, je n'étais pas totalement rétablie de la maladie qui m'avait clouée au lit le week-end entier. J'ai abandonné l'idée de manger même si mon ventre protestait. Mieux vaut s'abstenir que de devoir nettoyer du vomie à 7h30 du matin. J'ai mis le bol dans le frigo en retenant ma respiration et j'ai attendu d'être dans le hall d'entrée pour la reprendre de façon à être sûr de ne plus être sujet aux haut-le-cœur que me provoquait la nourriture. Le sac sur l'épaule, j'ai entamé le trajet pour aller au lycée. Il y avait une vingtaine de minutes de marche entre chez moi et mon établissement scolaire, je coupais généralement par le parc où Théo me rejoignait. Ça faisait un peu plus de deux ans que nous étions ensemble et, même si c'est hyper cliché, je l'aimais comme au premier jour. Notre couple était solide, ou du moins je l'espérais. La plupart des adolescents de notre âge ne cherchent pas de relations sérieuses ou leur couple ne dure pas longtemps puisque le mot « engagement » et «fidélité » leur font peur. Notre relation est ce que j'avais de plus cher et j'espérais de tout mon cœur qu'il le pensait aussi.

Je pénétrais dans le parc, les grilles venaient d'ouvrir et le garde me salua. Je lui rendis son sourire et parvins à un banc à l'ombre où j'attendais Théo. Les feuilles des arbres se balançaient au vent et l'ombre qu'elles projetaient sur le sentier de terre donnait l'impression de vagues qui glisseraient jusqu'à moi. C'était apaisant de sentir les rayons de soleil qui n'étaient pas filtrés par les arbres embrasser ma peau. Que pouvais-je espérer de plus de la vie, moi qui avais déjà tout ?

Théo m'a rejoint quelques minutes plus tard, le sourire aux lèvres. Il m'étreint, et j'inspirais son parfum, de sorte à l'encrer dans ma mémoire. Une douce odeur marine, de vanille et d'été. Main dans la main, on remontait les rues jusqu'à atteindre le portal du lycée. Nous étions arrivés pile poil au moment où la cloche retentis. Il m'embrassa le front avant de filer vers son cours. Moi, je ne prenais qu'une heure plus tard alors j'arpentais les couloirs en cherchant ma meilleure amie, Camille. Elle était assise sur un banc avec un garçon plutôt pas mal, il fallait l'avouer. Je préférais la laisser à sa discussion avec le beau brun et me dirigeais vers les casiers. Il me restait plus d'une demi-heure avant d'aller en cours. J'ouvris mon casier et la moitié de mes affaires tomba. Si j'avais une demi-heure à tuer autant mi mettre maintenant. Je réorganisai mon casier et le temps de tout remettre en ordre il était temps d'y aller.

Le cours de français était autant mon préféré qu'il était ennuyeux et la professeure était toujours en retard d'une bonne dizaine de minutes. Je m'accotai au mur et une sentions de fraîcheur m'envahit. Un frisson courut le long de mon échine. Mes jambes étaient flasques et je ne me donnais pas longtemps avant de m'écrouler. La nausée que j'avais ressentie tout le weekend s'intensifiât et je sentais mon sang quitter mon visage par bouffée de chaleur.

-Ça va ? S'inquiéta Kévin.

J'ai hoché la tête. La professeure est arrivée quelques minutes plus tard et le cours de français a débuté. La nausée me torturait, je n'arrivais plus à me concentrer sur autre chose. Je tentais de tenir mon stylo s'en trembler et j'encrais si fort mes pieds dans le sol pour ne pas basculer que j'en avais mal. Camille, qui était assise à ma droite, afficha une mine inquiète en me regardant.

-Tu es blanche comme un linge. Tu es sûre que ça va ?

J'ai hoché la tête derechef. En réalité ça devenait de pire en pire. Mais il était hors de question que je m'affiche en public en me levant pour aller vomir, les autres m'auraient regardé comme si j'avais eu la pire maladie du monde et que tous aller mourir par ma faute. Non, je n'avais pas besoin de ça à cet instant. Alors à défaut de ne pouvoir me concentrer sur le mollasson cours que la professeure nous dictait je jetai mes dernières forces sur la pendule. Mais les aiguilles qui faisaient le chemin dans un cercle parfait me donnèrent vite le tournis et rendirent la nausée plus qu'insupportable. J'ai levé la main, mon estomac au bord des lèvres.

-Oui ? A demandé la professeure.

-Puis-je quitter la salle ? Je ne me sens pas bien.

Les rires et les chuchotements ont commencé à fuser, ils se sont tus quand je leur ai lancé un regard noir, ce n'était pas le moment de m'ennuyer. La professeure s'est raclée la gorge comme pour rappeler qu'elle existait

-Non, mademoiselle, vous ne quitterez ce cours que quand il sera terminé.

Je lui ai lancé un regard mauvais mais n'aie pas protesté. J'essayais de me concentrer sur quelque chose, tentant tant bien que mal de refouler mon envie de vomir mais rien n'y faisait et la nausée s'intensifiait de minutes en minutes. D'une seconde à l'autre j'allais rendre mon dernier raps devant toute une classe. Tant pis pour les regards de travers, les rires moqueurs et les pensées mal placées des autres élèves, les protestations et les cris de la professeure me passaient bien au-dessus de la tête. J'ai couru hors de la salle sous la colère de la vieille femme, atteignant juste à temps les toilettes pour évacuer mon dernier repas. Le visage sous le robinet, impossible d'enlever le gout et l'odeur pestilentielle qui émanait de ma bouche. Je tentais de dilapider la flaque dans les tuyaux mais j'étais prise de convulsion bien que mon estomac n'ait plus rien à régurgiter. Quelques minutes plus tard Camille m'a rejoint.

-Tu veux que je t'emmène à l'infirmerie ? Me demande-t-elle gentiment

-Non merci, ça va aller.

Je tremblais de tout mon corps. J'étais vraiment mal mais pas assez mal pour aller à l'infirmerie. Je ne voulais pas paraître assez mal pour aller à l'infirmerie.

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Anaïs, une adolescente banale ? A vous de le découvrir.



Anaïs (en réécriture)Where stories live. Discover now