Elle tourna le dos à la forêt buissonneuse, et sortit de la chambre.

Arrivée dans la cuisine, elle attrapa une pomme sous le regard déçu d'Inès. Cette dernière baissa les yeux, retenant ses larmes, et sortit.

-Non ! Attends, Inès !

Elle devança Damien, et rattrapa son amie, en larmes dans sa chambre.

-Eh... Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je trouve ça tellement dommage de gâcher une telle journée en la passant... comme ça, quoi !

-Inès...

-Je peux pas savoir que c'est ton anniversaire et ne rien faire ! Émilie... On est majeure qu'une seule fois ! Tu le regretteras tellement...

-La seule chose que je peux regretter, c'est d'être ici...

-Mais pas moi ! J'étais tellement seule avant de te connaître... Tu n'imagine même pas ! Depuis que tu es là, j'ai l'impression d'avoir quelqu'un sur qui compter !

-Et c'est le cas ! Tu le sais ! Tu peux compter sur moi !

-Mais toi aussi ! Toi aussi, tu devrais pouvoir compter sur moi !

-Mais c'est le cas ! Tu es la seule qui est au courant pour aujourd'hui !

Inès se laissa tomber sur le lit et ramena ses genoux contre sa poitrine.

-J'ai l'impression d'être tellement inutile...

-Arrête Inès, fit Damien en entrant, c'est faux.

Les deux amies se tournèrent vers le Bêta, qui avait l'air en colère.

-Damien, depuis quand est-ce que tu écoutes ? l'interrogea Émilie, effrayée.

Avait-il entendu que c'était son anniversaire aujourd'hui ?

-Depuis, que tu as dit qu'Inès pouvait compter sur toi. Pourquoi ? J'ai raté quelque chose ?

Émilie et Inès se regardèrent avec de gros yeux. Elles avaient échappé au pire. Elles éclatèrent de rire ensemble, sous le regard conterné de Damien.

Une fois le fou rire passé, la jeune femme soupira en souriant et lança en reprenant sa pomme qu'elle avait posée sur la commode :

-Bon, je vous laisse entre amoureux !

Et elle sortit sous la gêne d'Inès et le rire de Damien.

La Princesse redescendit au rez-de-chaussée et rejoignit les deux frères Bêtas devant une série à la télévision, en se demandant où pouvait se trouver Aaron. Sûrement dans son bureau en train de travailler...

***

Émilie avait à moitié raison : Aaron était bien dans son bureau, mais pas en train de travailler. En effet, il regardait son fond d'écran, qui n'était autre qu'une photo d'elle.

Après qu'elle se soit rendormie, il était sorti de leur chambre et, furieux qu'elle l'ait ignorée délibérément, il s'était rendu dans son bureau.

Aaron se resservit un verre d'alcool. Cette fille allait finir par le tuer !

Il grogna et but le continu du verre d'un trait, puis le reposa sur son bureau.

Enfin, il jeta un coup d'œil sur la pile de feuilles et son ordinateur plein à craquer de mails qui l'attendaient patiemment. Il se mit alors au travail.

Avec la guerre, la venue et la résistance d'Émilie, il avait perdu du temps niveau travail, et il devait le rattraper, au prix de quelques nuits blanches...

Être Roi des loup-garous et des espèces n'étaient pas si simple que ça.

Il soupira, et écarta son siège de son bureau.

Il n'avait pas fait cette guerre contre les anges pour sa propre envie, comme il l'avait prétendu. Non, il ne l'avait pas fait. Certes, il l'avait fait pour des raisons personnelles, mais certainement pas parce qu'il était avide de pouvoir ; être le Roi des loup-garous lui suffisait amplement.

Il soupira à nouveau et son regard se porta sur une photo encadrée d'or, accrochée au mur.

Il observa les deux personnes qui y figuraient. Les deux personnes qu'il avait perdues à l'âge de douze ans. Ses parents, le Roi et la Reine des loup-garous.

Il serra les poings.

Ni ses Bêtas, ni les autres Rois ne savaient pourquoi il avait voulu devenir le Roi des espèces. Personne ne le savait. Et personne ne le saurait, jusqu'à ce qu'il l'ait décidé.

Il frappa son bureau.

Il ne savait pas pourquoi. Il ne savait pas comment. Mais Émilie avait fait naître des sentiments en lui. Lui qui croyait qu'il ne les ressentirait jamais.

Aaron était tombé amoureux d'Émilie. Et ce, depuis le début. Il avait tout d'abord ignoré ses sentiments, mais ceux-ci s'étaient montrés plus rusés.

Il ferma les yeux, toujours debout au-dessus de son bureau, et repensa à leur premier baiser. Dès qu'il l'avait vue aussi proche de lui, il avait... perdu le contrôle. Il l'avait embrassée comme si sa vie en dépendait, comme s'il était affamé de ses lèvres. Et il l'était.

Aaron se redressa violemment et donna un nouveau coup sur son bureau.

Il n'aurait jamais dû l'embrasser, et il le savait. Il n'aurait pas dû, parce qu'il savait que désormais, il ne pourrait plus se retenir. Maintenant qu'il avait goûté la saveur de ses lèvres, il ne pourrait plus ne plus la regoûter encore et encore, jusqu'à ce qu'il en meurt.

Émilie était devenue une drogue. Elle était devenue sa drogue.

Le jeune homme souffla doucement en calmant ses pulsions.

Elle l'avait ensuite renvoyé, mais Aaron, même sans lire dans ses pensées, en avait suivi le cheminement. Il savait qu'il ne la laissait pas indifférente, et qu'elle s'en était rendue compte.

Il souffla à nouveau, mais cette fois-ci pour contrôler sa frustration.

Il repensa à ses parents. À sa vengeance. Il savait que le meurtrier de ses parents s'en prendrait à Émilie, s'il ne l'arrêtait pas à temps.

"Je tuerai quiconque est cher à ton cœur, Aaron. Retiens-le durant toute ta misérable vie de loup-garou."

Aaron frissonna en rentendant ces paroles, provenant du seul homme qu'il craignait.

Alors, il murmura, une lueur noire dans le regard :

-Je te tuerai, Amadeus, je te tuerai. Pour ma mère, pour mon père, et pour Émilie.

Voilà pour ce chapitre ! Alors ? Il vous a plu ? Place au prochain !

Le Chantage du Roi AlphaWhere stories live. Discover now