Elle était mal.

Maman... Maman, viens ! Viens me chercher ! Je t'en supplie...

Émilie repensa à ses cheveux blonds... à ses yeux bleus... à l'amour qu'elle lui portait...

... même si c'est le pire cadeau d'anniversaire que tu aurais pu avoir...

Le jeune femme souffla.

... ou alors, laisse-moi sombrer. Laisse-moi sombrer au fin fond de l'océan... Laisse-moi sombrer au fin fond des Enfers... Laisse-moi sombrer au fin fond de la mort !

Elle tressaillit.

... Ou pars. Pars plus loin que là où tu es ! Par si loin que tu ne me verras plus, que tu ne penseras plus à moi... Que tu m'oublieras.

Elle ferma les yeux, s'attendant à devoir retenir des larmes... Mais rien... Rien ne lui picota le nez, rien ne lui donna les larmes aux yeux, rien ne se fit ressentir en elle.

Rien...

... à part un vide.

Un immense vide, qui la faisait se désintégrer en elle-même.

Elle entrouvit les paupières, étrangement exténuée.

Oui, c'était ça.

Elle n'était rien... et n'avait jamais rien été...

Elle n'était rien... à part un grand vide. Un gouffre mortel. Un gouffre mortel controversé. Les personnes qui y tombaient ne mouraient pas ; c'était elle qui en mourait.

Et elle était prête. Elle était prête à mourir autant de fois qu'il le fallait pour ne plus jamais ressentir d'émotions. Pour ne plus jamais se sentir vivante.

Elle se mit à sourire, mais d'un sourire impassible.

Elle était une mort-vivante... Une personne vivante sans once de vie... C'était ce qu'elle était. Et ce qu'elle resterait. Jusqu'à ce que tous l'oublient.

Après tout...

Elle n'était rien.

***

"Émilie !"

Dixième fois qu'Aaron l'appelait par le lien dans sa tête.

Mais première fois qu'il ne sentait plus rien au fond de lui...

Comme si... elle n'existait pas.

-ÉMILIE !

Il détala de son bureau, l'inquiétude le rongeant de toute part.

Damien et Tristan avaient quitté son bureau quand il avait ressenti la rage de son âme-sœur et que par l'odeur, il avait su qu'elle les avait écoutés.

Il débarqua précipitamment dans la chambre et jeta un regard dans l'ensemble de la chambre, et s'approcha du lit. Elle était là, endormie.

Il avait ressenti un immense vide... parce qu'elle dormait...

Il fronça les sourcils. Son pouls était certes lent, il pouvait l'entendre avec ses facultés de loup-garous, mais ce n'était pas inquiétant.

Sa peur ne s'estompant pas, il se décida à la réveiller.

Leurs regards se croisèrent, mais Émilie resta impassible et ne dit rien. Elle lui tourna juste le dos, allongée sur un côté.

-Émilie, est-ce que tout va bien ? ne put s'empêcher Aaron de demander devant cette froideur.

Elle ne remua pas, mais sourit, sauf qu'Aaron ne le vit pas.

Il était sérieux ?! Est-ce qu'elle avait l'air d'aller bien ?!

Elle ferma les yeux, et laissa de nouveau le sommeil la cueillir comme une fleur.

~Début du flashback~

Elle était là... Devant elle...

Le jeune fille tourna les talons au quart de tour et s'enfuit.

La silhouette ricana :

-Tu pourras courir autant que tu le souhaites, petite Émilie, mais tu ne m'échapperas jamais...

Le jeune fille hurla en se prenant la tête entre ses mains.

-Laisse-moi ! Lâche-moi !

Elle continua son périple au milieu de la forêt, jusqu'à trébucher contre une racine. La jeune princesse roula sur le sol, les épines lui arrachant la peau, le sang coulant à flot.

Sur le dos, elle observa le ciel sans nuage et sans étoile.

-Maman...

Elle voyait la silhouette d'une femme aux longs cheveux, à la taille fine.

-Maman ! Viens m'aider !

Mais la jeune femme dans le ciel ne semblait pas la voir, ni l'entendre. Comme si... elle n'existait pas.

-Maman... J'ai peur...

La silhouette continua de traverser le ciel obscur, impassible.

-Tu vois, petite Émilie... Elle ne te connaît pas.

La voix froide secouait les feuilles des arbres.

-Arrête ! Laisse-moi !

Un rire sans joie résonna dans la forêt.

-Elle ne te voit pas, elle ne t'entend pas... Elle ne te connaît pas !

-ARRÊTE ! hurla l'enfant.

Une ombre passa devant la petite Émilie, dont les larmes ravageaient le visage d'ange.

-Viens. Viens à moi... Elle ne te connaît pas... Elle t'a oubliée... Et on oublie les personnes qui ne sont rien, Émilie.

-Arrête ! C'est ma Maman ! Elle m'aime ! Elle me chérit !

-Ah oui ? Et qu'est-ce qu'elle fait, là ?

-Elle... Elle m'ignore...

L'ombre s'agita, entre les arbres.

-Alors ? Est-ce qu'elle a l'air de t'aimer ? De te chérir ?

-ARRÊTE ! Ce n'est pas ma Maman...

Le démon figea la vie nocturne de la forêt par son rire atroce.

-Quelle jeune ange innocente... Tu es presque à croquer... Princesse.

La jeune fille hurla de terreur et de douleur en sentant sa jambe tirée vers un coin obscur de la forêt.

-MAMAN ! Je t'en supplie... MAMAN !

Le vent continua sa torture en murmurant en boucle :

-Tu n'es rien, et ta mère ne s'intéresse pas à ce qui n'est rien. Tu n'es rien...

-C'est pas vrai, murmura la jeune ange en pleurant de plus belle, ...

-Regarde-la... Regarde-la t'ignorer, regarde-la ne pas t'entendre, ni te voir...

Émilie n'arrivait plus à parler, ni à détacher de la silhouette de sa mère arpenter le ciel.

Elle se laissa traînée sous les arbres, n'ayant plus la force de se débattre.

Et la dernière chose qu'elle vit fut l'ombre esquisser un sourire orné de dents pointues, à quelques centimètres de son visage.

-Au revoir, Princesse Émilie.

Et l'ombre se précipita sur elle en riant aux éclats, ouvrant sa gueule où une série de dents semblables à des dagues brillaient au clair de Lune.

Voilà pour ce chapitre ! Qu'en avez-vous penser ? A la semaine prochaine !

Le Chantage du Roi AlphaWhere stories live. Discover now