Chapitre IV, ou Poussière/d'Astre et de Terre (Partie 1 : Poussière)

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En lequel les étoiles filent dans le ciel et les guerriers sur la terre, vers la finale rencontre des astres et du fer.

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Une eau reluisante par une poussière nitide, comme une poudre d'étoile ; elle aurait sans doute trouvé le spectacle d'une telle magnificence, si ladite eau ne se glissait point le long de ses côtes, forçant son chemin entre la commissure de ses lèvres, ascendant sans nulle intention de s'arrêter. L'air dans ses poumons se voyait expulsée par le liquide, la faisant tousser et vainement se débattre dans l'impalpable étau des flots. La panique devint une seconde peau, hérissant ses poils, éclipsant la lucidité de sa conscience. Des cheveux trempés s'accrochaient désespérément à son front, sa tenue sous les mailles à son être, l'alourdissant davantage. Le sang rubéfiait la matière aqueuse, et elle sut qu'à celui ennemi, se mêlait le sien. Sa respiration se fit alors aussi faible que le souffle glacial qui lui échappa, et ses dents émirent un grincement-

<< Ça par exemple, c'est bien pire comme façon de mourir... >>

Ce fut la seule idée claire qu'elle put encore formuler. Et elle rendit son dernier souffle.

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Yumeth regarda les cavaliers et leur chevalier en chef élancer leurs montures, fermant le demi-cercle formé par le milieu du front.

La jeune femme ne s'attarda cependant guère bien longuement sur ce double massacre, initié par la rencontre finale des deux armées : elle aurait espéré ne pas voire tant de sang courir avec les ruisseaux pluvieux...
La lancière s'humidifia anxieusement les lèvres, son regard analytique parcourant les masses d'armure d'émeraude et d'étoiles. Perché sur Pégase, imposant destrier même parmi ceux de la Cavalerie, Sowilo ne fut point bien ardu à repérer. Même depuis le haut de l'élévation, Yumeth pouvait deviner sa féroce expression, le voyant progresser et serrer l'étau mortel autour de l'ennemi à l'aide de ses alliés.

Une goutte de l'allevasse vint nouvellement rencontrer le bout de son nez, et Yumeth leva le visage vers la masse céleste, couleur aile de corbeau ;

La jeune stratège n'avait point prévu ce détail, mais la pluie avait aidé : l'avantage étant présentement leur, l'averse avait le mérite de freiner plus les lourdes créatures de l'armée adverse dans leur retraite, que les soldats de Nusakan dans leur assaut, ayant mené à une certaine facilité dans le coincement des forces de leur opposant.
Comme quoi ses livres de tactiques disaient vrai : le temps et l'espace d'une attaque étaient des facteurs clef dont le concours pouvait drastiquement changer le cours d'une bataille. Elle avait réussi à prendre l'un des deux en compte, menant les troupes de la première ligne à se positionner le long d'une légère dépression, fondrière lors de la saison hiémale, entre le fort et la butte ; un trou dans lequel les Fils de la Nuit avaient été jetés et cernés.

L'élément temporel avait alors joué en faveur puisqu-

- A-atchoum !

Ses pensées furent coupées court, et la jeune femme renifla, puis soupira, sentant le vent frigide renforcer la morsure du froid contre ses joues. Elle devinait aisément le pourpre maladif qui devait présentement les maculer, chauffant sous les mèches de cheveux trempés dont la pluie les avait vêtu. L'eau vint s'unir à la sueur dans de glacées coulées le long de son dos, et elle trembla fortement.

Cependant, ce ne fut point uniquement dû à sa si mauvaise résistance au froid ;

Elle ne connaissait ce spam le long de l'échine que trop bien : c'était celui d'un œil planté sur celle-ci, d'iris la fixant dans des regards auxquels jamais n'échappait le doute, lourd sur son cou... Yumeth inspira profondément, devinant les présences dans son dos, sentant la pointe de sa nuque brûler sous leurs yeux.

Deos Dormit (En Pause)Where stories live. Discover now