Deos Dormit (En Pause)

Chapitre III, ou Bataille sous le Sang Sélénite (Partie 1 : Par le Sang)

En lequel au combat se mêle tragédie ; mais les cœurs battent à l'unisson, et Yumeth démontre de ruine d'arme et stratégie, son talent.

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- Nous devons rejoindre le commandant !

Sa poitrine était en feu.

Le sang coursant dans ses veines paraissait se muer en des coulées magmatiques, lesquelles firent monter une douloureuse bouffée de chaleur en elle. Elle pressa fermement ses yeux, les réouvrant hâtivement afin de couvrir Sowilo de ses pouvoirs, assurer les arrières du jeune homme d'un balancement puissant de sa lance fraîchement acquise.

Leur course vers la salle d'armement s'était faite d'une certaine aisance, les jeunes gens n'ayant rencontré ni alliés, ni ennemis : ces derniers ne semblaient toujours pas avoir pénétré bien profondément dans le fort, le combat s'en tenant toujours, pour la majeure partie, à l'extérieur de la fondation.
Sous le toit de pierre et dans la lumière des chandeliers, tremblante de mauvaise augure comme pour leur signifier le temps duquel ils manquaient, Yumeth avait glissé une poignée de couteaux de lancer dans sa ceinture, et Sowilo en avait fait de même avec une épée courte.

- Yumeth !

La jeune femme s'était retournée à temps afin de saisir entre ses mains, le manche d'une lance de bronze que le jeune homme lui avait passé. Un solide épieu, autour duquel s'était enroulée en toute aisance sa paume, laquelle fit accomplir quelques agiles tours à l'arme. Yumeth s'était même permis d'en donner quelques coups expérimentaux à un intangible ennemi, l'arme traçant un sillage ambré à chaque mouvement qu'elle exécutait dans l'air.
Ses doigts la maniaient diligemment, rééquilibrant la lame et la manœuvrant avec précision ; Sowilo avait émis un sifflement, s'infatuant de sa technique.

- Pas mal pour la fille qui trébuche sur rie- A-Ah ! HUM !

Le jeune homme s'était raclé la gorge et subitement arrêté, détournant le regard. Il s'était massé la nuque dans un rire jaune, ayant saisi le sens de ses propos, très certainement, fort maigrement réfléchis. Yumeth avait roulé des yeux, sur ses lèvres un demi sourire moqueur.

Si ça continue, ma mémoire me coûtera la peau - et pour lui, ça sera sa langue.

Jamais il n'appartenait de ses erreurs ; onques il ne tournait une fois sa langue dans sa bouche avant de simplement incarner ses pensées brutes en mots : et, en retour, une bonne myriade des gentes demoiselles de la cour, n'avaient de cesse d'envoyer valser contre sa personne une caste très diversifiée - et parfois pointue - d'objets afin de témoigner de leur offense ;

Or, heureusement pour lui et contrairement à celles-ci, Yumeth était suffisamment familière à sa maladresse orale pour éviter de faire du chevalier une cible d'entraînement.

Elle avait souri.

- Disons... que ça me vient naturellement.

Haussement d'épaule, éphémère air d'égarement dans les yeux.

- J'aime bien les lances.

À sa sortie de l'arsenal, une croûte de maille légère s'était ajoutée aux fines plaques de son armure, un assemblage se voulant peu contraignant pour ses mouvements ; notamment celui duquel, une des bêtes reçut la pointe de sa lance dans le cœur, offrant à Yumeth assez de temps afin de concentrer les vibrations de son énergie sur ce point précis du tissu réel, le déchirant sans merci.

L'être résista momentanément, mais fut rapidement enveloppé d'une opaline luminescence. Il s'en retrouva sitôt réduit au niveau particulaire, les étoiles ayant paru danser sur son corps brillant faiblement avant de suivre la chose dans sa dissolution. Yumeth souffla, des sueurs froides en descendance le long de son dos.
Si elle continuait à ainsi faire usage de son pouvoir... elle n'allait point tenir bien longtemps, sentant déjà le puisement qu'elle opérait dans ses limites.