Chapitre 3

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Tout le monde dormait encore lorsque je me levai le lendemain matin. Nous étions samedi, ils en avaient bien le droit. Malheureusement je ne pouvais faire comme eux, même si la fraîcheur matinale de la maison essayait de me convaincre du contraire. J'avais rendez-vous à dix heures avec mon amie de la veille et ne pouvais me dérober.

Je paressai toutefois un peu sous les draps avant de me lever, l'énergie me manquait pour me lancer tout de suite dans cette journée touristique. J'avais plutôt envie d'apprécier la maison et de prendre tranquillement mes marques. Je regardai de nouveau autour de moi, auscultant ma chambre sous les quelques rayons du soleil qui pénétraient par la fenêtre.

Cette fois je vis bien les tâches sur les murs, le gros insecte inconnu écrasé juste au-dessus de mon sac et que je n'avais pas osé enlever, le fil dénudé de la lampe de chevet que je n'allumerais donc jamais. Les rideaux étaient bel et bien gris de poussière, ce n'était pas une illusion d'optique due à la lumière artificielle de la veille. Je passai un doigt mouillé sur une des tâches du meuble juste à côté de ma tête et, comme je le craignais, compris qu'elle était incrustée. Quant à la moquette, elle était plus grisâtre que blanche et les quelques tâches ça et là n'étaient pas une coquetterie artistique.

Mais ces constatations ne m'affligeaient pas, tout au plus tempéraient-elles mon enthousiasme de la veille en le faisant redevenir réaliste. La lumière du soleil maintenant plus franche dessinait des formes mouvantes sur le vert du mur d'en face, joli spectacle qui accentua ma bonne humeur. J'avais finalement envie de me lever pour apprécier cette belle journée.

Mais, mon Dieu, qu'il faisait froid. J'enfilai un pull et me dirigeai vers la salle de bain, attentive à ne pas faire grincer le parquet pour ne pas réveiller les autres. J'avais entendu ma voisine rentrer à six heures du matin, un réveil à peine deux heures plus tard ne lui ferait certainement pas plaisir. Je supposais que c'était Nadia car, si j'avais bien compris, nous n'étions que deux filles dans la maison.

Lorsque l'on sortait de ma petite chambre celle de Nadia se trouvait donc juste à droite, suivie immédiatement d'une autre porte dont j'ignorais le propriétaire. A gauche, quatre marches menaient à une troisième porte, pour une autre chambre située juste sous les toits. Celle de Jack. L'escalier se continuait de l'autre côté et je l'entendais dès qu'il montait ou descendait. Fichus grincements. Mais j'avais la chance de pouvoir me rendormir automatiquement, et ces réveils multiples n'avaient pas gâché ma nuit. J'aimais sentir la vie de cette maison, cela me rassurait de dormir en sachant qu'il y avait quelqu'un juste au-dessus de moi, dont j'entendais les moindres déplacements. Et cela se révélerait certainement utile. Le passé l'avait montré, une place stratégique dans le logement était toujours un plus.

Mais que cette moquette était donc sale. Ou alors c'était moi qui focalisais sur la propreté ce matin. Je m'accroupis même pour déterminer l'origine des tâches sombres que je voyais et découvris qu'il s'agissait simplement de bouloches dont une bonne partie aurait pu être enlevée d'un coup d'aspirateur. Cela signifiait en tout cas que ce coup d'aspirateur n'avait pas été passé depuis plusieurs semaines, on ne pouvait décemment pas salir une moquette ainsi en quelques jours.

Il fallait que j'arrête de me préoccuper de ces détails, j'allais être en retard à mon rendez-vous. Même si mon amie avait l'habitude de ce gros défaut chez moi, j'essayais de me convaincre que je faisais le maximum pour arriver à l'heure.

J'entrai donc finalement dans la salle de bain, serviette et trousse de toilette bourrée à craquer en main. Coup d'œil inquisiteur, je ne l'avais pas encore fait à la lumière du jour. Je fus agréablement surprise : la baignoire semblait propre et on ne voyait pas de traces noires d'humidité sur les murs, ce que je redoutais de trouver. Bien sûr les traces de calcaire étaient nombreuses sur les carreaux au-dessus de la baignoire, ainsi que sur la paroi pliable, mais cela ne me dérangeait pas. Les toilettes, le lavabo étaient plutôt propres, le ménage devait remonter simplement à quelques jours. Chose incroyable, il n'y avait pas de traces sur le miroir ! Tant de propreté m'étonnait, je me sentais même un peu coupable d'avoir focalisé sur la moquette du couloir. Visiblement quelqu'un ici se préoccupait de laisser la maison dans un état acceptable, du moins dans les pièces essentielles.

Une maison à LondresWhere stories live. Discover now