Chapitre 28

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- Non Sofia, commence l'italienne, annule ce rendez-vous.

- Esmée, tu sais très bien que je ne peux pas. Pourquoi tu es encore à Monaco ? Je te jure que si c'est pour les beaux yeux d'Arthur, je-

- Ce n'est pas pour lui, réplique-t-elle sèchement.

          La manageuse se tendit. Une certaine angoisse prenait place dans ses entrailles. Qu'arrivait-il à sa protégée ? Elle avait peur que cela refasse comme au moment de sa séparation avec Arthur il y a quelques années. Elle avait fait pareil à ce moment là avant ensuite de s'enfermer dans le travail et le sport puis de mettre fin à la plupart de ses contrats.

- Que ce passe-t-il ?

          Sa voix était calme et posée. Elle sentait la détresse et la pression dans la voix de la mannequin. Elle la connaissait par coeur après tout. La jeune femme mit du temps à répondre. Esmée ne voulait pas parler de ses soucis : comme s'ils allaient s'en aller si elle les enfermait au fond d'elle même. Un peu comme quand elle se mettait à ne plus parler.

- Ce sont mes parents.

          Et la manageuse comprit. Elle ne parlait jamais de ses parents pour une raison qui lui échappait, mais une chose est sûre : si elle leur rendait visite souvent ces derniers temps ce n'est pas anodin. Elle pourrait en profiter pour voir son petit-ami, mais même si la manageuse n'avait pas de confirmation ; elle se doutait que la jeune femme ne le faisait pas.

- Tu veux en parler ?

- Non c'est inutile de s'apitoyer sur mon sort. Décale le rendez-vous sur quand je suis libre tant pis si c'est un jour de repos. Je prends le premier avion pour Milan dès que j'ai terminé.

- Soit au moins présente demain pour le rendez-vous avec Ferrari. Il faut que tu essais les tenus pour la Fashion Week et que tu shoot les tenues spéciales pour le Grand Prix de Monza.

- Je serai là, je n'en ai pas pour longtemps de toutes façon, réplique-t-elle avant de raccrocher.

          Sofia était perturbée. L'italienne ne présentait pas autant d'animosité qu'habituellement lorsqu'elle évoquait le sujet de ses parents. Elle était presque peinée. Cela ne lui ressemblait pas et confortait sa manageuse sur le fait que quelque chose n'allait pas et que c'était potentiellement grave.

          De son côté, l'italienne souffla un grand coup avant d'entrée dans la chambre aménager de la maison familiale. Elle y avait passer une grande partie de sa vie. Cette maison l'avait vue grandir et murir au fil des années. Parce que oui, elle n'avait pas eu le temps de pleurer et s'apitoyer sur son sort. Poussée dans le monde de la mode dès l'âge de quatorze ans, open peut pas dire qu'elle ait eu le temps d'avoir une jeunesse stable et normale.

          Ses parents avaient l'argent et l'influence pour qu'elle réussisse et c'est le cas aujourd'hui : elle a sa place.Seulement, cela laisse des cicatrices plus ou moins visible. Son mutisme en fait parti et la relation avec ses parents n'a jamais cessée de se détériorer.

          Alors, quand son père l'avait appelée, alors qu'elle dormait dans les bras du pilote Ferrari en Hongrie, pour qu'elle revienne en urgence : elle avait vu rouge. Elle les avait esquiver pendant presque trois ans et elle refusait de revenir les voir de si tôt. Cependant, un détail était à prendre en compte et il s'agissait aussi de la raison pour laquelle elle était encore là aujourd'hui : sa mère était malade.

           Un cancer qui n'était pas si grave à la base, elle était sûre d'être en rémission rapidement et que cela dure encore quelques années. Et jusque là, la jeune femme s'en fichait un peu. Or, la dégradation de la santé de sa mère était trop rapide et la voilà condamnée. Les médecins étaient peu optimistes quant au temps qu'il lui restaient.

- Papa, salue-t-elle en entrant.

- Esmée.

          Cette armoire à glace aussi aimable qu'une porte de prison n'était que son géniteur : Leonardo Corsello. Il avait investie dans plusieurs entreprise italienne très jeune et avait bâtie un empire et fait fortune. Leur relation n'a jamais été au beau fixe et elle peinait à se souvenir d'un moment chaleureux entre eux.

- Comment elle va ?

- C'est pas mieux. Tu restes longtemps ?

- Non, elle secoue la tête, je repars ce soir j'ai des rendez-vous demain.

- Qu'elle femme tu es devenue ma fille. Et pourtant tu n'as que 22 ans.

- Je n'ai pas eu le choix.

          Elle sentit son père se tendre dans son dos. Il détestait que sa fille réagisse comme cela en leur reprochant de l'avoir aidé à réussir. Il ne se rendait pas compte à quel point son métier était contraignant et toxique. Elle n'avait pas de problème alimentaire comme ça pouvait être répondu dans son milieu, mais il y avait trop d'à côté pour qu'elle les remercie avec un grand sourire.

- Esmée.

- Non ce n'est même pas la peine d'en parler. Maman dort tant pis tu lui diras que je suis passée.

- Bien sûr. Fais attention à toi.

- Ne t'en fait pas pour moi.

           Elle lui lança un dernier regard avant de sortir de la pièce où était sa mère puis le maison. Elle était contente de retrouver l'air frais. C'était comme si elle avait arrêter de respirer pendant le laps de temps qu'elle avait passer chez ses parents.

          Elle avait prévu large dans son planning. Il lui restait du temps avant de prendre son vole. sa première envie aurait été d'envoyer un message à Charles, mais c'était trop risqué. Puis à Arthur, mais au fond d'elle elle n'en avait pas envie. Alors elle déambula dans Monaco, passant dans les boutiques avant de se poser dans un petit café.

           Elle prit le temps de prévenir Sofia qu'elle rentrerait ce soir plutôt que demain midi. Elle lui répondit dans la minute qu'elle devait prévenir Charles puisque qu'elle devait prendre un vol privé avec lui demain. La jeune femme souffla, elle qui voulait n'avoir aucun contact avec lui, c'était foutu.

Esmée
Je ne prends pas le vol avec toi demain

Charles
Tu me fuis maintenant ?

J'aimerais bien
Mais tu es légèrement trop collant

Hmm bien sûr
Sinon qu'est-ce que tu fais sur Monaco dans prévenir personne ?

J'avais des trucs à gérer rapidement

Hmm, t'es encore là ?

Je pars pour l'aéroport dans quinze minutes
Je suis au café où on s'est rencontré avec Arthur

Je te dépose à l'aéroport ?

Uniquement si tu prends une voiture moins visible que ta Ferrari Pista

Vas y on fait ça

A contre sensWhere stories live. Discover now