Chapitre 9

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Voila un peu moins d'un mois que la jeune italienne travaillait d'arrache-pied. Elle était dans sa bulle et ne parlait qu'à très peu de monde. Elle enchainait les voyages, les shootings et les campagnes promotionnelles. Elle avait accepté de nouveaux contrats suite à ses derniers succès et ce n'était pas pour lui déplaire.

Elle avait fini par mettre Sofia dans la confidence pour pouvoir emmener Arthur avec elle lors de certains voyages quand lui aussi était plus disponible. Ils se sentaient plus libres dans leurs agissements et Esmée n'avait plus besoin de mentir sur certains de ses déplacements, ceux qu'elle faisait pour aller le rejoindre.

Le pilote Ferrari donnait peu de nouvelles lui aussi. Encore énervé de ces deux derniers grand prix. Miami avait été meilleur qu'Imola mais la victoire n'était toujours pas là. Il comptait bien sur ce week-end en Espagne pour retrouver le chemin de la victoire. Il était déterminé.

La brune aurait pu venir à ce grand prix, mais c'était bien son seul week-end de repos avant longtemps et elle voulait en profiter. Elle regardera le grand prix depuis son canapé. Même si Arthur courrait aussi ce week-end là, rien ne pouvait la sortir de son appartement.

Elle avait réussi à voir Pierre aussi pendant ce mois là. Il lui avait envoyé un message pour prendre des nouvelles de le brune quand il avait vu qu'elle était rentrée de ses deux semaines de voyages. Ce dernier était toujours loyal au secret qu'il gardait mais son comportement était étrange. Il avait fait des sous-entendus sur les sentiments de la jeune femme et elle avait été blessée que celui qu'elle considère comme un ami désormais doute de sa sincérité envers le jeune monégasque.

Elle avait fini par hausser le ton avant de se murer dans le silence. L'ambiance était devenue toute autre. Le français avait fini par quitté la table en marmonnant dans sa barbe après avoir rapidement réglé l'addition. Elle était restée quelques minutes seule à table, sous le choc de ce qui venait de se passer. Elle avait repris ce reflex de ne pas répondre quand elle ne voyait pas l'intérêt de le faire. Le français s'énervait tout seul, c'était inutile d'en rajouter. Elle n'avait pas cherché à reprendre contact avec lui. Il était fâché, qu'il boude dans son coin.

Installée dans son canapé avec un café, elle lança le grand prix. Les courses d'Arthur ne s'étaient pas si mal passées que ça. Il en était content même s'il n'y avait pas eu de podium à la clé. Elle avait réussi à l'avoir au téléphone après sa course et ils avaient passé une bonne heure à discuter avant qu'elle ne doive raccrocher.

Elle coupa les notifications de son téléphone et se concentra sur les deux monoplaces rouges. Charles partait en tête et menait largement en tête pour l'instant. Sauf erreur de sa part, il n'y avait aucune raison qu'il ne gagne pas cette course.

La brune se leva pour aller chercher quelque chose à grignoter et sursauta lorsqu'elle entendit les commentateurs annoncer une radio du monégasque. Esmée se précipita sur son canapé et découvrit avec horreur la Ferrari numéro 16 arrêtée.

Problème de moteur. Il était forcé à abandonné.

Rien qu'a sa démarche on voyait qu'il était déçu et qu'il n'allait pas bien. Elle tenta de se concentrer sur le reste de la course même si elle attendait surtout d'avoir des nouvelles de Charles via son petit frère ou quelqu'un d'autre. Même le voir au micro à la télévision lui ferait du bien. Il marchait, il n'était pas blessé, mais elle n'osait pas imaginé l'état mental dans lequel il était.

Une dizaine de minutes plus tard, alors que la course battait encore son plein, son téléphone vira plusieurs fois à côté d'elle. Elle s'attendait à voir le nom de son copain s'afficher mais c'était celui de Charles qui l'était.

- Charles ?

- Merci de répondre, souffla-t-il.

Sa voix déraillait, comme s'il avait pleurer.

- Même si je me doute de ta réponse, ça va ?

- Ça pourrait aller mieux. Je comprends pas comment on peut être aussi malchanceux.

- C'est dommage mais regarde, il veut mieux que ça arrive maintenant, en début de saison. Et c'est bénin. Ta monoplace aurait pu prendre feu ou pire.

- T'était pas là non plus, avoua-t-il en étouffant un sanglot.

Elle sentit son coeur s'accélérer. Que voulait-il dire par là ?

- Ça n'aurait rien changer à la course.

- Si, quand tu es là je suis au moins sur le podium ou je gagne.

Elle avait l'impression que son coeur allait se briser. Il ressemblait à un petit garçon fragile au bout du fil. En proie à ses doutes.

- Merci d'avoir répondu. Je, il hésita, j'avais besoin de toi, d'entendre ta voix.

Son coeur loupa définitivement un battement. Charles n'avait pas forcement conscience qu'il parlait plus avec son coeur qu'avec son cerveau et Esmée semblait totalement oublié son petit-ami, laissant ce qu'elle roulait prendre le contrôle de son coeur.

- Ça va aller ?

- Je n'ai pas le choix. J'espère que la suite sera mieux.

- Il n'y a pas de raison que ça n'aille pas mieux. Je te l'ai dit, ça arrive maintenant et comme ça tu es tranquille pour le reste de la saison.

- Merci Esmée.

- C'est normal Charles.

Les deux avaient le sourire à l'autre bout du téléphone. Aucun des deux ne voulaient raccrochés. Ils essayaient chacun de leur cote de faire durer ce moment. Ils étaient comme dans une bulle. Ne se rendant pas compte de ce qui planait au dessus de leurs tête.

- Charles ?

Le monégasque sursauta, brisant sa bulle de sérénité et raccrochant précipitamment au nez de l'italienne. Charlotte venait de le trouver et il avait vite caché ce qu'il faisait : comme une enfant pris en flagrant délit.

En soit, il ne faisait rien de mal, mais quelque chose au fond de lui le poussait à mentir à sa compagne. Il n'arrivait pas à être honnête avec elle lorsque le sujet d'Esmée apparaissait sur la table.

De son côté, la brune avait bien entendu la voix de la monégasque avant que le pilote ne raccroche. Elle était déçue de cette fin de conversation mais ce n'était rien face à la culpabilité qui grandissait en elle. Charles ne s'en rendait pas compte, mais elle prenait petit à petit conscience de la tournure des évènements.

- Merde, souffla-t-elle pour elle même.

Le nom d'Arthur s'afficha sur son téléphone : il l'appelait en FaceTime et c'était surement parce qu'il était avec son frère. Cela ne manqua pas. On pouvait apercevoir en arrière plan Charles, le bras autour de la taille de sa copine discutant avec un ingénieur.

Le châtain lui donnait des nouvelles du pilote et se rapprocha ensuite du couple pour montrer que le pilote Ferrari allait bien. Ce dernier fuyait le regard de la brune. Est-ce que lui aussi avait pris conscience que la tournure de leur discussion n'était pas normale ?

A contre sensWhere stories live. Discover now